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Moussa NGOM (Journaliste), « La condamnation de René Bassène mérite un rééxamen »

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XALIMANEWS-Représentant pour l’Afrique francophone du Comité pour la Protection des Journalistes, le journaliste sénégalais Moussa Ngom revient avec Xalima sur le cas René Capain Basséne de l’affaire Bofa Bayotte. Le journaliste est convaincu que le cas mérite « un réexamen pour les nombreuses failles et incohérences » qui l’ont jalonné.

Pouvez-vous revenir sur le cas René Capain ?

Le cas René Capain Bassène c’est celui d’un journaliste, qui a dédié sa carrière à la couverture du conflit avec trois ouvrages publiés et s’apprêtait à finaliser le quatrième lorsqu’il a été arrêté en janvier 2018. Il est accusé d’avoir été le planificateur du massacre de 14 coupeurs de bois dans la forêt des Bayottes le 6 janvier 2018. Il est le seul en détention parmi 26 personnes initialement accusées d’être impliquées dans la tuerie comme ses complices et qui ont tous été libérés.

En quoi est-il une injustice?

La condamnation de René Bassène pour complicité de meurtre, tentative de meurtre et association de malfaiteurs mérite un rééxamen parce que l’ensemble de la procédure est jalonnée de failles et d’incohérences. De plus nous l’avons intégré dans notre rapport des journalistes en prison pour leur travail car de nombreux actes journalistiques tels que les appels passés après l’annonce de la tuerie pour obtenir des informations à ce sujet ont été utilisés à sa charge comme preuve de son implication.
Pour en revenir aux failles, en premier lieu, la géolocalisation de René dans la forêt le jour des crimes, tel qu’allégué par les enquêteurs est impossible car plusieurs personnes ont confirmé au CPJ l’avoir vu et lui avoir parlé au moment où ce drame se déroulait.
De plus, il s’est révélé que la quasi-totalité des personnes dont il avait été dit qu’ils ont participé sous sa houlette à la tuerie, planifiée lors de réunions préparatoires, ne le connaissaient.
Tous ceux cités comme ayant participé aux réunions ont démenti qu’une se soit tenue, encore moins que René y ait pris la parole pour annoncer ses intentions de représailles comme il est dit dans les documents judiciaires.
De plus, tous les accusés ont fait part aux juges lors du premier procès et au CPJ qu’ils avaient soit fait des aveux sous tortures notamment en ce qui concerne le rôle de René Bassène ou que leurs déclarations avaient été falsifiées par les enquêteurs.
Bassène lui-même a fait l’objet de graves sévices dont des documents médicaux confirment les séquelles graves allant de la perte de l’audition de l’oreille droite à la dégradation poussée de sa vision.
De plus, Bassène a été privé de moyens de se défendre car sa condamnation en appel se fonde plus particulièrement sur des emails qu’il aurait envoyés pour inciter à la tuerie.
En plus des incohérences relevées par le CPJ – par exemple, un mail capturé en janvier 2018 affichait la date de février 2018 – René Capain a été privé de moyens de se défendre. Pour preuve sa requête réitérée à toutes les étapes de la procédure pour que les emails dont il conteste l’authenticité fassent l’objet d’une expertise ou soient affichés directement à partir de la boite mail dont il avait donné les coordonnées aux gendarmes, ça ne sera jamais fait.

Comment comptez-vous plaider sa cause?

Nous souhaitons d’abord apporter toute la lumière sur ce cas avec ce rapport spécial.
Nous appelons l’Etat du Sénégal à mettre en oeuvre tous les moyens possible pour lui permettre de regagner la liberté d’autant plus qu’il présente des risques de santé graves liés à la perforation son tympan droit qui peut être source d’infection à tout moment.
Nous espérons qu’une date sera le plus vite possible fixée pour que son ultime recours à la Cour suprême soit examiné.

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