Il s’est révélé la saison dernière en participant à la Ligue Europa et poursuit logiquement sa progression en Ligue des champions et en Ligue 1 cette année. À 22 ans, Idrissa Gueye n’a pas fini de faire parler de lui. Incertain pour demain, le Sénégalais n’entend pas s’arrêter là.
GAËLLE LAURENT-DRIDI > [email protected]
Entre Idrissa Gueye et l’Europe, c’est une histoire d’amour qui dure. Une histoire qui a débuté en juillet 2008, lorsque « Gana » a débarqué en France, directement au Domaine de Luchin. À 19 ans, il venait de quitter le cocon de Saly, où Diambars, la fameuse académie de football, le berçait depuis six ans. « Mes parents ont fait beaucoup de sacrifices. Moi aussi, sourit-il. On ne vivait pas comme les autres garçons de notre âge. On ne sortait pas, on voyait rarement nos familles, peut-être deux fois par mois. Mais on faisait ce qu’on aimait. Et cela nous a permis de continuer notre scolarité ».
L’aventure, aussi idyllique soit-elle, aurait pu s’achever beaucoup plus rapidement que prévu. À la fin de la première année, lorsque les dirigeants hésitent à le faire signer pro, Idrissa Gueye n’en mène pas large. « J’avais été souvent blessé et je traversais une période difficile dans ma vie, explique-t-il. Quand je jouais, je me cachais. J’avais peur de mal faire. Et moins le coach avait confiance en moi, moins j’avais le niveau ».
Les JO et la CAN ?
Et puis, un « détail » a tout changé, ou presque. A en tout cas rétabli la trajectoire d’un espoir du football qui semblait perdu en chemin : « Rudi Garcia m’a dit qu’il comptait sur moi. Tout est parti de là. J’ai su que c’était ma chance. Je me nourris de l’expérience des autres joueurs, je les écoute. Et je donne tout, à l’entraînement et surtout sur le terrain ».
Et cela ne passe pas inaperçu. D’une campagne européenne réussie l’an dernier (6 matches, 1 but), Idrissa Gueye est passé au niveau supérieur cette saison avec la Ligue des champions. Et il s’y sent bien, comme si les pelouses d’Europe l’inspiraient. « C’est une autre dimension, il y a plus de rigueur, plus de pression. Ça m’a vraiment fait plaisir d’être titulaire à Moscou ».
Où qu’il soit, Gueye a toujours une pensée pour son pays natal, le Sénégal. « Les gens commencent à parler de moi, avec mon frère surtout, sourit Gana. La famille est contente. Et c’est un bon exemple pour les jeunes qui galèrent ». Arrivé à Lille avec Wade et Souaré, Gueye est donc le premier pensionnaire de Diambars à percer à ce niveau dans un club français. « Depuis qu’il joue avec Lille, il est connu au pays, sourit Moussa Sow. Il a tout pour devenir un grand. Je le vois bien disputer la CAN cette année ».
Un compliment de taille mais qui n’arrangerait pas les affaires du LOSC. « J’attends plutôt les JO, même si jouer la CAN me ferait plaisir, évidemment », sourit-il. En janvier, le LOSC aura cependant bien besoin de son milieu de terrain, dont Rudi Garcia a déjà du mal à se passer. « Avec Idrissa, on sait qu’on perd en technique et en jeu long mais on gagne en pressing et en intensité », souligne son entraîneur, qui semble avoir instauré une vraie concurrence avec Benoît Pedretti. Une théorie que le Sénégalais réfute poliment. « Je garde la tête sur les épaules et surtout, je reste à ma place », souligne-t-il prudemment. On lui fait remarquer que sa sérénité, sa régularité et son culot sur le terrain ne sont pas forcément les qualités premières des jeunes joueurs. « Mais je n’ai rien de plus que les autres, rigole-t-il. Je n’ai pas envie de gâcher tout le travail que j’ai effectué depuis des années. Mon temps de jeu est largement au dessus de mes attentes. J’ai la chance d’avoir la confiance de mon coach et je ferai tout pour lui prouver qu’il n’avait pas tort ». De ce côté-là, Rudi Garcia peut dormir sur ses deux oreilles.w
