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Moustapha Niasse: « 2 millions de Sénégalais, avec une écrasante majorité de jeunes, butent sur l’obstacle de la délivrance des cartes d’identité »

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Moustapha Niasse a encore parlé. Dans cette première partie de l’entretien qu’il a accordé à La Gazette, le Secrétaire général de l’Alliance des Forces du Progrés (AFP) aborde sans ambages toutes les questions relatives à l’actualité. Les rapports du Sénégal avec la Gambie, la culture diplomatique pour éviter toutes relations avec un pays mis au ban par la communauté internationale, le vent de liberté qui souffle dans la plupart des pays arabes. Il s’est également prononcé sur la candidature de Benno Siggil Senegaal.
Bennoo Siggil Senegaal n’a pas encore démêlé l’affaire de la candidature au sein de l’opposition. Quelle est la position de l’Afp face à cette question ?

Bennoo Siggil Senegaal maîtrise parfaitement le dossier de la candidature de l’unité. Nous gérons ce dossier selon un agenda que nous avons nous-mêmes élaboré et qui ne peut, en aucun cas, dépendre de l’agenda de Maître Abdoulaye Wade.

Je peux vous donner l’assurance que, présentement, une grande majorité des partis membres de Bennoo Siggil Senegaal sont favorables à cette candidature de l’unité. Le moment venu, nous communiquerons avec les Sénégalais pour leur indiquer ce que nous aurons ensemble décidé. Cela n’empêche pas que des leaders puissent, sous leur responsabilité propre, indiquer leur préférence pour des candidatures plurielles. Nous leur reconnaissons cette liberté. En temps opportun, il est logique que ceux qui prônent la candidature de l’unité prennent les dispositions nécessaires, dans le même esprit de liberté pour s’organiser et gérer ce dossier, répondant à l’attente légitime de la majorité des Sénégalais. Nos compatriotes ont massivement adhéré au concept et au slogan du « Bennoo », comme ils le firent naguère, en 2000, vis-à-vis du sopi qui a été, malheureusement, à l’origine d’une trahison épique et désastreuse. L’AFP reste ancrée, solidement, aux Assises Nationales qui constituent une référence de première grandeur dans l’histoire du Sénégal et à Bennoo, partie prenante des Assises et module opérationnel de mise en œuvre politique et institutionnel de notre offre et de notre projet de société. Et rien ne sera négligé, dans le respect de la loi et du droit, pour que les changements attendus en 2012 se réalisent.

Trouver une carte d’identité est un casse-tête pour nombre de citoyens sénégalais. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?

Savez-vous que près de 2 millions de Sénégalais, avec une écrasante majorité de jeunes, butent sur l’obstacle de la délivrance des cartes d’identité ? Il s’agit, là, d’une décision préméditée et délibérée de Maître Abdoulaye Wade et de son régime, pour empêcher les jeunes qui ont atteint l’âge de la majorité pour voter, de remplir leur droit civique. Le vote des jeunes effraie le régime dit libéral, devant le bilan catastrophique du dirigeant de ce régime, dans tous les domaines et sur tous les plans. Bennoo se bat vaillamment pour qu’il soit mis fin à ce blocage et nous comptons réussir à lever tous les obstacles dressés devant les citoyens en matière d’établissement et de délivrance de cartes d’identité. Savez-vous, aussi, que près de 2 millions d’étrangers ont reçu, en 2006 et par la suite, tout à la fois, une carte d’identité nationale et une carte d’électeur, pour participer aux élections sénégalaises, faussant ainsi, par une combinaison illégale et totalement politicienne, le suffrage des Sénégalais ?

A quoi sert-il de verser des larmes de crocodile sur la misère des paysans, de la part de ceux qui devaient respecter et faire respecter leurs droits ?

Le Chef de l’Etat après le 1er Ministre a interpellé les huiliers pour qu’ils s’acquittent des arrières dus aux paysans au titre de la dernière campagne de commercialisation arachidière. Que pensez-vous de cette situation ?

C’est en 1991, alors qu’il venait d’entrer dans le gouvernement du Président Abdou Diouf, que l’actuel occupant du Palais de la République, avait annoncé la privatisation nécessaire, selon lui, de la Sonacos, en indiquant, visiblement, les bénéficiaires de cette privatisation le jour où il aurait le pouvoir d’en décider ainsi. M. Abdoulatif Coulibaly, à Fatick, le samedi 12 mars dernier, dans la Conférence qu’il a donnée, devant les Jeunes de l’AFP, a rappelé, avec précision, ce fait.

La suite des évènements n’a fait que confirmer ce choix. Accuser les huiliers et les menacer pour non paiement des graines d’arachide enlevées aux paysans, frise donc une certaine forme d’hypocrisie, dès lors qu’au surplus, le pouvoir en place n’a pu prendre aucune mesure pour l’achat, au comptant, des récoltes livrées. Les paysans n’ont reçu que des bons et cette situation perdure devant le silence assourdissant des décideurs politiques, au plus haut sommet. A quoi sert-il de verser des larmes de crocodile sur la misère des paysans, de la part de ceux qui devaient respecter et faire respecter leurs droits ?

Après 5 ans de privatisation, on a l’impression que le groupe Advens de Abbas Jaber tient difficilement ses engagements contractualisés avec l’Etat du Sénégal. Que faut-il faire ?

Je vous invite à relire le dossier que l’Hebdomadaire « La Gazette » a consacré, il y a quelques jours seulement, à la question de la privatisation de la Sonacos. Vous y trouverez des éléments pertinents de réponse à votre question concernant le non respect des engagements contractuels pris par le groupe qui a bénéficié de cette privatisation vis-à-vis de l’Etat. Il y a peu de chance que cette situation change et les décideurs au sommet de l’Etat le savent pertinemment même s’ils feignent cyniquement de vouloir le contraire.

Ce qu’il faut faire, c’est d’obliger ce groupe à respecter les engagements qu’il a pris et de lui appliquer les sanctions qui sont sans doute dans le texte de l’Accord de privatisation. Le pouvoir politique qui a cautionné et organisé le bradage de la Sonacos dans des conditions nébuleuses et léonines, aura-t-il le courage de redresser la situation ?

L’actualité est relative aux armes iraniennes qui ont fait suite à la rupture des relations diplomatiques entre le Sénégal et l’Iran. Auriez-vous agi de la sorte si vous étiez au pouvoir ?

Le dossier des armes iraniennes n’a pas encore livré tous ses secrets. Le traitement qui a été réservé à cette affaire mérite d’être revu.
Cela dit, lorsque les responsabilités seront situées, des actions précises et appropriées devront être posées, au-delà même de la rupture des relations diplomatiques entre le Sénégal et l’Iran.

Avec la Gambie, pays voisin, les bases d’une coopération loyale, fondée sur des principes intangibles en matière de relations internationales, doivent être établies dans le but de protéger la sécurité des deux pays, à l’interne comme à leurs frontières respectives.

Si je me trouvais à la place du Président Abdoulaye Wade, j’aurais commencé par éviter ce type d’ »amitié » trop spectaculaire et presque provocatrice avec l’Iran.

Les investissements attendus ou reçus d’un pays partenaire, ne sauraient justifier le risque de compromettre d’autres liens avec des Etats tiers

Au regard de la géopolitique actuelle en quoi est-il opportun d’avoir des relations de coopération assez poussées avec l’Iran ?

La coopération entre Etats se fonde sur les principes de respect mutuel de la souveraineté de chacun, sur une conscience pleine et constante des intérêts réciproques qui fondent la sécurité, la survie et le développement des Etats, c’est-à-dire leur stabilité et le respect de leur indépendance. En fonction des conjonctures qui prévalent dans le domaine des réalités et des urgences géopolitiques, un type de relation avec certains Etats pose problème. Dans le cas de l’Iran, la situation du dossier des équipements nucléaires de ce pays, dossier suivi de très près et surveillé comme du lait sur du feu par le Conseil de Sécurité et l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, depuis Vienne, un Etat comme le Sénégal doit faire très attention, pour ne pas entrer en contradiction avec la communauté internationale. C’est ce qu’il fallait faire et qui, sans doute, n’a pas été fait selon les règles habituelles de mesure, de vigilance et de suivi, lorsqu’un pays-partenaire se trouve en opposition avec une partie importante des Etats composant la communauté internationale, sur des questions sensibles comme l’armement nucléaire.

En aucun cas, les investissements attendus ou reçus d’un pays partenaire, ne sauraient justifier le risque de compromettre d’autres liens avec des Etats tiers, surtout lorsque les dangers à conjurer concernent tous les Etats qui ont pris conscience de leurs responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.

Y a-t-il une tradition diplomatique qui préfigure des amis du Sénégal ?

Depuis son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal a défini et mis en œuvre les principes fondamentaux de ses relations avec les autres Etats du monde. Pendant la Guerre froide, qui a pris fin en 1989, l’Etat du Sénégal était proche des choix politiques de l’Occident, dans le domaine des libertés individuelles et collectives, dans celui de la protection et du respect des droits de l’homme et, enfin, dans un développement concerté par l’effort interne et avec l’appui des pays industrialisés, dans le cadre des politiques définies par la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED).

Sur la base de ces orientations, la tradition diplomatique de notre pays est restée la même, même après 1989, avec une accentuation significative de la part de l’effort interne dans le domaine de la croissance, de l’emploi, de la gestion de la dette extérieure, de l’éducation et de la formation, de la santé, de l’environnement et de la demande sociale.

Tous les pays partenaires qui se sont engagés à respecter notre souveraineté et nos priorités économiques demeurent des amis privilégiés. Sont exclus de cette catégorie ceux qui encouragent les organisations terroristes, les pays – voyous selon la terminologie internationale et ceux qui se livrent au trafic de stupéfiants ou encouragent les cartels internationaux de la drogue, du blanchiment d’argent et d’autres crimes contre l’humanité.

Beaucoup ont épilogué sur l’attitude du Sénégal vis-à-vis de la Gambie suite aux armes iraniennes. Pensez-vous que l’attitude des pouvoirs publics est finalement la plus indiquée ?

Dans l’affaire des armes iraniennes ou, encore une fois, il reste beaucoup à trouver, un jour, des Sénégalais, de bonne foi, ont indiqué qu’il fallait rompre les relations diplomatiques avec la Gambie.

La rupture de relations diplomatiques est un acte grave, qui traduit la limite de l’exaspération ou de la détérioration du rapport d’un Etat à un autre. Lorsque deux pays sont voisins, comme la France et l’Allemagne, la France et l’Angleterre, le Sénégal et ses cinq voisins que sont la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée-Conakry, le Mali et la Mauritanie, rompre des relations diplomatiques ouvre la voie à des dangers partagés qui recommandent beaucoup de sagesse. Lorsque le rapport d’Etat à Etat est compromis dans des dimensions sécuritaires risquant de déstabiliser l’un des pays partenaires, le dialogue est choisi en priorité pour aplanir les divergences, réduire les incompréhensions, clarifier les causes du différend et, ensemble, aller de l’avant.

Si le Sénégal et la Gambie en arrivaient à rompre leurs relations diplomatiques, quelles qu’en puissent être les raisons ou les motivations, la situation qui en résulterait serait désastreuse autant pour l’un que pour l’autre. Une histoire commune, des cultures partagées, des intérêts géostratégiques étroitement liés, les priorités liées à leur stabilité intérieure, sont autant de facteurs qui feraient réfléchir les dirigeants des deux pays avant de s’engager dans une telle aventure.

Il m’est difficile d’émettre un jugement sur la manière dont la diplomatie sénégalaise est gérée. J’ai dirigé le ministère des Affaires Etrangères pendant onze années, en deux périodes de six et cinq années, sous le Président Léopold Sédar Senghor et sous le Président Abdou Diouf. Je sais combien la tâche est ardue, souvent difficile, parfois périlleuse, avec un personnel diplomatique de qualité dont la compétence est souvent inconnue des Sénégalais.

Je ne peux, pour ma part, qu’encourager, en toute liberté et sans arrière-pensée, l’équipe que dirige présentement Maître Madické Niang, sans oublier, cependant, que la diplomatie est définie par le Chef de l’Etat, Maître Abdoulaye Wade, dont les choix politiques, dans ce domaine, posent parfois des problèmes délicats à gérer.

Y a-t-il une sorte de « bon usage » du voisinage ?

En matière de « bon usage » du concept de voisinage, je dirai, tout simplement, que tout Etat doit avoir comme priorités de défendre et de promouvoir ses intérêts primordiaux, sans oublier ceux de ses voisins. Autrement dit, toute attitude de condescendance, de gentillesse sentimentale, de générosité excessive, doit être évitée. Les Etats sont des personnes morales qui intègrent la sécurité, la vie et le bonheur des peuples. Etre ouvert vis-à-vis des partenaires ne peut, sous ce regard, signifier brader les intérêts de son propre pays ou, sous le couvert de compromissions non avouables, saper les bases de la stabilité d’un pays et du respect qui lui est dû, à tout moment, par ses partenaires à qui il faut, en guise de réciprocité, dispenser le même respect.

En réalité, les Chefs d’Etat se vouent une considération réciproque à la hauteur du comportement que les uns et les autres adoptent, avec hauteur et avec dignité, chaque fois que les intérêts nationaux doivent être défendus comme un principe sacro-saint résultant du mandat que le peuple souverain leur a confié.

Le Président Wade agit souvent sous la poussée de la passion. Il consulte rarement, croit souvent avoir toujours raison

Etes-vous d’avis que les errements de notre diplomatie sont liés au fait que les hommes qu’il faut ne sont pas à la place qu’il faut ?

Comme je le soulignais tantôt, je ne veux pas exciper de ma situation de membre de l’opposition sénégalaise pour critiquer la diplomatie de mon pays.

Par contre, il arrive que le Chef de l’Etat commette des erreurs, soit du fait d’une appréciation incomplète des données objectives d’une situation à gérer, au plan international comme sur l’axe des relations bilatérales avec un autre pays. L’on sait que le Président Wade agit souvent sous la poussée de la passion. Il consulte rarement, croit souvent avoir toujours raison et comme le disait Adolphe Thiers, qui a été Président de la République Française et, après lui, Edgar Faure, ancien Président du Conseil français « avoir toujours raison est un grand tort ».
L’équipe qui dirige le ministère des Affaires Etrangères et le personnel de ce département méritent, à mon avis, considération et encouragements.

Pourquoi le Chef de l’Etat ne s’est-il pas adressé à la nation, par un message solennel, présentant ses condoléances aux familles éprouvées

Deux jeunes se sont immolés, sans doute, faute de lueur d’espoir. A quel niveau situez-vous les responsabilités ? La famille ? La société ? Le régime ?

Concernant ces auto-immolations par le feu, je suis souvent étonné quand je lis dans la presse des déclarations irresponsables de la part des défenseurs du régime de Maître Abdoulaye Wade, dégageant en touche et tentant de protéger celui-ci contre toute idée qui pourrait engager sa responsabilité dans ces suicides par le feu.

Quatre suicides par le feu, dont un s’est produit en Italie devant l’hôtel où résidait le Chef de l’Etat et trois, en l’espace de quelques mois, face aux grilles du Palais de la République, c’est là des évènements tragiques que l’on ne peut écarter d’un revers de la main, comme s’il s’agissait d’un épiphénomène. Ces suicides sont l’expression d’un désespoir de Sénégalaises et de Sénégalais qui se trouvent et se sentent devant l’abîme du désespoir. Les familles ne peuvent avoir aucune forme de responsabilité face au développement de ce phénomène social, surtout lorsque chacun sait que la religion musulmane et la religion chrétienne interdisent formellement le suicide.

Dès lors, la responsabilité des pouvoirs publics est patente, et à leur tête, le Chef de l’Etat et son gouvernement, qui sont aussi responsables, par une malgouvernance caractérisée et par le gaspillage ostensible des ressources publiques à travers le train de vie dispendieux et provoquant de l’Etat, alors que la jeunesse est réduite au chômage, la précarité sociale sévit dans les familles, l’énergie subit un déficit chronique au point d’être rationnée par des avis publiés dans la presse.

La solution réside, en conséquence, dans les changements espérés par les Sénégalais en 2012.
Pourquoi le Chef de l’Etat ne s’est-il pas adressé à la nation, par un message solennel, présentant ses condoléances aux familles éprouvées, rassurant la jeunesse sans quitter l’espace de la vérité sur les réalités économiques et la situation du pays et proposer à nos compatriotes des voies de sortie de la crise qui fonde, malheureusement, ce genre de gestes désespérés.

Vous avez donné une réponse aux délestages consistant à une sorte de réduction du train de vie de l’Etat. En quoi votre prescription est-elle efficace ?

J’ai proposé que le budget de la Présidence de la République, pour l’année fiscale 2011, soit réduit de moitié, ce qui permettrait de récupérer une cinquantaine de milliards de francs cfa. J’ai également proposé une réduction de 40 % des dépenses inscrites sur le chapitre des déplacements du Chef de l’Etat et une réduction de moitié des missions des ministres et des fonctionnaires sénégalais à l’étranger. J’ai proposé la même mesure, dans les mêmes proportions, sur leurs frais de mission. Ces mesures permettraient à l’Etat d’économiser encore une cinquantaine de milliards de francs cfa. Comme ces crédits figurent dans la loi de finances de l’année 2011, ils pourraient être mis à la disposition d’un plan cohérent de redressement de la situation d’endettement de la Senelec.

En réponse à ces propositions, le Chef de l’Etat a annoncé, en Conseil des Ministres, que des coupes budgétaires vont être opérées sur les montants alloués à des projets prioritaires, notamment dans le domaine social et dans celui de l’éducation et de la formation. Sans dire un mot sur le budget de la Présidence de la République, qui avoisine les 100 milliards de francs cfa, sur ses déplacements fréquents et longs, avec des avions loués au prix fort, ni sur les missions des Ministres, même s’il a, semble-t-il et récemment, pris la décision d’autoriser, lui-même, désormais, les déplacements des membres du gouvernement à l’étranger.

Les Sénégalais ont lu, avec satisfaction et soulagement, il y a quelques jours, dans le Quotidien « Le Soleil », que l’Union Européenne, à Bruxelles, a vivement recommandé au gouvernement sénégalais de procéder à des aménagements budgétaires pour réduire, progressivement, les effets de la crise de l’énergie et résoudre, ainsi, ce mal sénégalais de notre temps.

Le véritable mal de Senelec, c’est quoi ?

La Senelec souffre, en réalité, non pas d’un mal mais de plusieurs maux. Le premier de ces maux, c’est que la Senelec, pour des raisons évidentes mais injustifiées, est l’une des rares sociétés du Sénégal qui est dirigée par le ministre qui ne devrait exercer qu’une tutelle sur cette société. Ainsi, les plans de redressement de la Senelec, les crédits qu’elle reçoit ou dont elle négocie le montant avec les bailleurs de fonds, les plans de rééquilibrage de ses charges d’exploitation et autres dossiers importants portant sur la production, le transport et la fourniture de l’électricité au consommateur, toutes ces questions là sont exposées aux Sénégalais soit par le ministre de l’Energie lui-même soit, parfois, par le Chef de l’Etat en personne.

Pourquoi cette pratique pernicieuse, aux relents douteux, qui cache de manière évidente des tendances inavouables, n’est-elle pas en vigueur dans l’exercice de la tutelle sur une société comme la Sonatel ?

Le second mal dont souffre la Senelec, c’est, conséquence du premier, la non accessibilité des instances qui dirigent cette société, aux mécanismes qui permettent l’approvisionnement de la société en combustibles et en gaz, sans compter les équipements de grande capacité et de coûts élevés, tous ces dossiers étant directement gérés par le ministère de tutelle, hier comme aujourd’hui.

Le troisième mal réside dans le déficit financier chronique qui sévit dans la gestion de la Senelec, comme il apparaît souvent, depuis quelque temps, dans les médias nationaux et internationaux, selon les déclarations du Chef de l’Etat, du premier Ministre ou du Ministre de tutelle, qui parlent de « faillite », de « banqueroute », d’ « incapacité de contracter des dettes nouvelles auprès des banques et des établissements financiers » pour renflouer les caisses de la société et, aussi, d’ « obsolescence » des centrales de production de l’énergie, en raison de leur grande vétusté.

A suivre

Pape Amadou FALL et Hamidou SAGNA
lagazette.sn

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