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Ndella Khalass: le ‘‘Taasu’’ est un message

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Ndella Khalass : Au nom de Dieu et de ma sœur Ndèye Diarra Guèye !

Elle a une singulière façon de chanter et le reconnait. Mais Ndella Khalass n’est pas pour autant moins pieuse. Troisième épouse d’un ménage polygame, cette artiste engagée ambitionne de construire mosquées et cimetières. Native de Khombole, elle a passé son enfance à Mékhé où elle a appris à chanter. Sa carrière est, à bien des égards, influencée par sa sœur, artiste aussi.
C’est à l’âge de deux ans que Ndella Khalass a quitté son Khombole natal pour Ngaye Mékhé. Dans ce bourg du Cayor, la jeune native du Baol a été confiée à son homonyme qui est par ailleurs sa tante. Elle dit : « J’ai grandi là-bas et par la suite j’y ai trouvé un mari ». Mais à Ngaye, elle va aussi et surtout apprendre à chanter et à démystifier les scènes. Avec son homonyme, elle faisait le tour des mariages pour chanter à l’occasion des « laabaan » et des « xaxar ». Deux cérémoniales traditionnelles faites, notamment en milieu wolof, à l’occasion des mariages où la morale et l’honneur sont chantés. « C’est en 1989 que je suis venue habiter chez ma grande sœur Ndèye Diarra Gueye qui logeait, à l’époque, à Arafat », mentionne-t-elle. Dans cette proche banlieue de Dakar, tout comme dans la lointaine Keur Mbaye Fall où elles habitent « depuis 2000 », Ndella Khalass a poursuivi son initiation. Elle ajoutait d’autres cordes à son arc. « On avait mis sur pied une association et je me transformais en cuisinière à l’occasion des baptêmes. On avait plusieurs sections. Il y avait, entre autres, des sections chargées de faire du thé, des beignets, « fataya » (sorte de friandises) », rappelle l’artiste qui précise : « j’avais en charge la section beignet. J’en vendais à Ngaye ».
Dans cette cité située sur l’axe Dakar – Saint Louis, Ndella Khalass n’a pas tout simplement vendu des beignets ; elle a aussi et surtout vécu une histoire assez surprenante, du reste. Un jour, alors que la gamine proposait comme d’habitude ses friandises aux voyageurs, elle insista pour vendre son produit à un des passagers d’un car de transport en commun à l’encoche. Après avoir remarqué l’insistance de la jeune fille, le vieil homme fini par la questionner sur là où elle habite, ses parents, ses origines, etc. Surprise du chef : l’homme parlait à sa fille ! Sa propre fille. « Je suis ton père », a dit le banal passager d’un jour à Ndella Khalass. Elle, qui pendant plusieurs années a proposé ses beignets à mille et une personnes sur cet axe, n’en croyait pas une seule seconde. Elle a cru plutôt à une tentative d’enlèvement. L’assurance du vieux, la méfiance du petit et la surprise de l’annonce ont produit dans le car et en dehors une hilarité générale et des commentaires à tout va.

Le père méconnu rencontre la fille ébahie
« Transmets à ta tante mes salutations et dis-lui que je vais passer après demain chez elle », dit le père méconnu à la fille ébahie. Il lui donna aussi de l’argent. « C’était un billet. J’ai pris l’argent mais je n’ai pas cru un seul mot de ce qu’il a dit », soutient l’artiste qui n’a pas tardé de raconter l’histoire à sa tante. « Il se peut que ce soit ton père », conclut la tante, après l’avoir questionnée sur l’identité du monsieur. Au lendemain de cette histoire, comme prévu, le Monsieur se pointa devant chez sa sœur. Ndella qui l’a vu la première cria à l’enleveur. Encore hilarité générale. La fille accusait à nouveau son père ; cette fois-ci c’était devant sa tante. Ce qui a définitivement fixé la petite sur la véritable identité de Monsieur Niang. Son père. C’est donc Niang son nom de famille. Un nom qui est éclipsé par le sobriquet Khalass. Un nom d’emprunt. Elle se souvient : « c’est un mot que j’ai utilisé pour la première fois dans un morceau d’Ouza Diallo ». Elle éclate de rire et dit : « Lolo neex de ! » (qui signifie littéralement c’était bien). Oui, c’était bien au point que ce « Taasu » (une variété de chanson traditionnelle) est devenu son nom d’artiste qui lui colle pour toujours. Ce sera d’ailleurs le titre de son premier album. A Arafat et à Keur Mbaye Fall donc, Ndella Niang qui est couvée par sa grande sœur Ndèye Diarra Gueye, a eu le temps de parfaire son art. « Pour moi, elle est plus qu’une sœur. C’est une amie, un mentor. Je l’ai secondée dans cinq de ses cassettes », révèle-t-elle.

Dans son premier album, khalass, la troisième épouse chante son mari Massamba Faye dans le morceau « Yaw laay wotel » (Je vote pour toi). Dans ce premier album, il y a aussi « Jigeen gni » (Les femmes). Elle précise : « c’est une morceau de ma grande sœur. La femme joue un très important rôle dans la société. Elle est mère, elle est épouse, elle est sœur ». Un thème qui lui fait penser à la parité tant chère au chef de l’Etat, Maître Abdoulaye Wade. « C’est une très bonne initiative la loi sur la parité, mais les femmes doivent savoir que la parité c’est dans certains domaines et pas dans tous », recentre-t-elle.
Ndella Khalass est une chanteuse engagée. Dans « Boko mane », elle invite les autorités à rendre à un prix accessible aux populations les denrées de première nécessité. Elle y chante l’importance de la carte électorale. Elle réclame aussi ses amitiés avec les politiciens, notamment les libéraux. «

 

Une artiste engagée jusqu’aux lieux saints de l’Islam
C’est Awa Diop qui m’a amenée à la Mecque en 2007 » rappelle-t-elle. Et de souligner : « Certes, j’ai une façon assez singulière de chanter mais je suis Adja ». Un séjour en terre sainte qui lui a inspiré aussi une chanson, rappelle cette dame qui « aime l’art au point d’aimer tous les artistes ». Dans le milieu de la musique, elle fait aussi des choix et les assume. Elle y compte des amis comme Amy Mbengue, Viviane, Abou Thioubalo, etc. « Ce sont tous mes amis, notamment ceux qui font du « Taasu » (une variété de chanson traditionnelle), précise-t-elle. Elle clarifie : « le ‘‘Taasu’’ est un message connoté assez puissant. Une tradition qui repose sur un certain savoir. Ce qui le rend difficile ».
Pourtant, la maman de Ndiome alias Billy Boy (son garçon né à la sortie de ce téléfilm) est une croyante pieuse. Elle essaie tant que faire se peut de se conformer aux exigences de l’Islam. Une habitude acquise pendant son jeune enfance. Pour l’obliger à prier, son père adoptif a utilisé la politique de la carotte. Pas celle du bâton. Elle rappelle : « A l’époque, elle me payait après chacune des cinq prières quotidiennes, la somme de 150 Francs Cfa ». Un véritable coup de fouet à sa foi balbutiante !

Aly DIOUF

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