Ness s’est dit très déçu de renouer avec la défaite, face à Gouye Gui, après être resté trois ans sans perdre le moindre combat. Rencontré hier chez lui à Lansar, sur la route de Rufisque au milieu de ses amis, Ness réfute l’argument du surpoids qui, selon plusieurs observateurs, lui aurait été fatal dans sa chute face au poulain de Mor Fadam. Du coup, il promet de tirer les enseignements de ce revers pour repartir du bon pied.
Ness, dans quel état d’esprit êtes-vous après avoir concédé une défaite face à Gouye Gui ?
Ça m’a fait mal d’enregistrer ce revers face à Gouye Gui. Je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit. J’ai passé une nuit blanche. C’est un combat que je ne devais pas perdre. Je suis tellement déçu et surpris de connaître un sort autre que la victoire. Je vis amèrement ce raté face à Gouye Gui. Parce que je devais remporter cette explication pour espérer titiller les ténors et décrocher un combat contre éventuellement les Modou Lô, Eumeu Sène et autres. J’ai un palmarès riche avec des victimes comme Elton, Papa Sow… Je n’ai jamais perdu depuis 2009. Je n’ai jamais douté. Il y a longtemps que je n’ai pas versé de larmes. Mais hier (jeudi) j’ai craqué après avoir perdu ce combat. A l’écurie Lansar nous connaissons une passe très difficile avec une cascade de défaites : Tidiane Faye, Neko Rel et moi avons tous perdu. Mais je ne peux que rendre grâce à Dieu, parce que depuis trois ans, je règne en maître.
Où avez-vous concrètement failli ?
Je n’ai pas pu avoir la meilleure approche possible en me servant de mon pied pour utiliser la technique de la chaise afin de battre mon adversaire. C’est après cette tentative de prise que je me suis rendu compte que j’étais loin de Gouye Gui. Ce qui explique que ce dernier ait parvenu à flairer mon coup avant de me projeter à terre. C’est un lutteur défensif. Je vais tirer les enseignements de cette contreperformance avec mon encadrement pour revenir en force. Je vais apprendre de cette défaite. Je suis né en 1984. Je suis jeune. Il me reste quinze ans de carrière. Je vais me remettre au travail pour retrouver le meilleur de moi-même.
Est-ce qu’on ne peut pas parler d’excès de confiance ?
Ce n’est pas un excès de confiance qui m’a fait perdre ce combat. Mon attitude lors des face-à-face c’était tout simplement pour vendre le combat. Ça ne peut donc s’inscrire que dans le cadre de la promotion du combat.
Vous semblez traîner un surpoids qui vous a été fatal dans ce combat ?
Mon poids que j’ai renforcé ne m’a pas posé de problème. Je suis maître de mon corps. Je n’ai à aucun moment dans le combat senti une gêne par rapport à mon poids. J’étais à l’aise lors de cette confrontation. J’ai augmenté mon poids jusqu’à atteindre les 140 kilos, contrairement aux 130 kilos avec lesquels je luttais auparavant. Je pesais 115 kilos lorsque je débutais ma carrière en 2007. Je fais avec mon corps tous les mouvements que je veux. En fait, mon poids ne m’a jamais gêné dans ce combat. C’est ma force physique qui a pesé lourd dans la balance pour me tailler une carrière dans la lutte. Je ne me suis jamais senti essoufflé dans ce combat. Contrairement à mon adversaire qui était plus éprouvé que moi.
D’aucuns avancent que vous étiez Ko lorsque vous vous êtes retrouvé sur vos trois appuis ?
Non du tout ! Je me suis retrouvé sur mes trois appuis parce que j’ai été emporté par mon élan, ma fougue. Je n’ai pas été touché par Gouye Gui. Au contraire ce dernier fuyait la bagarre et cherchait toujours à privilégier le corps à corps. A un moment du combat, Gouye Gui avait ses deux mains dans mon guimb alors que je n’avais pas de saisie sur lui. Mais il n’est jamais parvenu à me soulever après l’avoir tenté à deux reprises. Il n’a pas plus de force que moi.
Que répondez-vous par rapport aux accusations de Gouye Gui selon lesquelles il a fait l’objet d’attaque de la part de votre entourage la veille du combat, avec des blessures et un Pajéro complètement endommagé ?
Gouye Gui raconte des balivernes. Il est venu à trois reprises devant la porte de ma maison. Et deux fois dans mon quartier. La vieille du combat où il a traîné sa silhouette dans mon quartier vers 17h, j’ai avisé mon manager et le Cng. Il a eu de la chance, les choses pouvaient être pires pour lui. Il doit s’en vouloir d’avoir traîné dans mon quartier à quelques heures du combat. S’il avait trouvé les membres de mon écurie, il ne disputerait certainement pas le combat. Il cherchait peut-être à y enfouir des trucs mystiques.
Qu’est-ce que Gouye Gui vous a dit en vous enlaçant après le combat ?
Il a présenté ses excuses pour les mots déplacés qu’il aurait tenus à mon endroit. Je dirais que Gouye Gui c’est mon ami. On entretient de très bonnes relations. J’avais été invité en compagnie de lui et Zoss à Podor. Ce n’est pas un ennemi mais un adversaire le temps d’un combat. C’est un bon lutteur. Un champion. Un athlète qui a une large panoplie de techniques. Il a démontré que sa seule prise ne se limite pas au «Simpi». Il est en train de faire son petit bonhomme de chemin.
Quel est le prochain lutteur qui est dans votre viseur ?
Je suis dans la lutte. Je ne vais défier personne. Je n’ai pas de cible principale. Tout ce que je souhaite c’est de livrer un autre combat avant la fin de la saison. Ce matin, un promoteur m’a appelé. Mais je ne vais pas décliner son identité encore moins l’adversaire qu’il m’a proposé. Je lui ai dit de me laisser le temps de digérer ma défaite.
Comment appréhendez-vous la question récurrente du dopage ?
Un lutteur qui se dope risque d’avoir des problèmes au niveau musculaire s’il devient vieux. A défaut il risque d’avoir une courte vie. On voit un lutteur de 110 kilos parvenir à hisser son poids jusqu’à 120 kilos en dix jours. Cela traduit une certaine anormalité. Tu risques d’avoir une carrière écourtée. En Italie pendant dix jours, j’ai obtenu ce poids (140 kg) sur la base d’un travail bien peaufiné. Je voudrais par ailleurs demander pardon à mes supporters et adresser mes remerciements à la presse sans laquelle les lutteurs ne sont rien. Et ce serait malhonnête de ma part de chercher à fuir la presse après avoir perdu un combat.