Absent de la liste depuis le match contre le Cameroun à Yaoundé, Guirane Ndaw a effectué un retour gagnant en sélection le 11 novembre dernier, en amical contre la Guinée (4-1). Auteur du premier but sénégalais, le milieu récupérateur a eu le privilège de porter le brassard de capitaine des lions pour la première fais de sa carrière . Il apprécie le geste d’Amara à sa juste valeur.
Guirane, avec le recul, comment avez-vous apprécié votre retour en sélection ?
La sélection nationale m’avait manqué. Je suis resté trois matches (contre la Rdc à Dakar, l’Ile Maurice à l’extérieur lors de la dernière journée des éliminatoires et le Maroc en amical) sans jouer avec l’Equipe nationale, mais je ne me prenais pas la tête, je faisais mon bonhomme de chemin en club (Birmingham, D2 anglaise). Quand j’ai été rappelé, par la grâce de Dieu, j’ai su répandre aux attentes du coach. Ce n’était pas évident, mais cela n’a pas été difficile, dans la mesure où j’ai eu le soutien de mes coéquipiers. Aujourd’hui c’est le collectif qu’il faut magnifier. La star, c’est l’équipe. Sans elle; on ne peut rien faire.
Le discours du coach a-t-il changé, ou est-ce le contexte de prè-Can qui vous a motivé davantage ?
Le discours de coach n’a pas changé. Il est resté constant C’est un gagneur ! Peut-être, la défaite contre le Maroc a suscité, inconsciemment, le remise en question du groupe. Depuis, l’équipe est montée en puissance. Ce n’était pas évident de battre Guinée sur le score de quatre buts à un. L’équipe était au complet et décidée à gagner. Il n’y a plus de match amical. Les équipes jouent pour gagner. C’est avec cet état d’esprit que nous avons abordé ce match. Cerise sur le gâteau, l’équipe a produit du beau jeu.
Pour votre cas personnel, on pensait que vous alliez manquer de rythme…
J’étais dans mon coin. Je travaillais sans faire de bruit. C’est peut-être aussi le fait que j’aie été utilisé plus en coupe qu’en championnat par mon club que les gens n’avaient pas beaucoup d’informations sur moi.
Vous avez joué à côté de Tavares, y’a-t-il une complicité entre vous?
J’ai joué plusieurs matches avec Michaël Tavares, j’en ai disputé aussi avec Rémi Gomis. Entre les deux, je n’ai pas de préférence. Peu importe celui qui est à mes côtés, le plus important c’est de répondre aux attentes du sélectionneur, d’être solidaire entre nous pour le bien de l’équipe nationale. On a un groupe de qualité, qui peut nous permettre de faire de bonnes choses.
Après celui marqué contre la Tanzanie à Dakar en 2007, vous avez inscrit, sur balle arrêtée, un but contre la Grèce en amical, puis contre la Guinée, le 11 novembre dernier. A Sochaux, i1 vous arrivait aussi de réussir ce coup. Guirane est-il un spécialiste des balles arrêtées ?
Il faut interroger mon passé pour s’en rendre compte. A l’Uso, en tant que junior, ma spécialité était les balles arrêtées. C’était un de mes points forts. Mon entraîneur de l’époque. Seydou Touré, peut en témoigner. En junior, j’avais marqué 11 buts, la majorité sur balle arrêtée. A Sochaux aussi, j’étais le tireur désigné des balles arrêtées.
Vous arrive-t-il de travailler cet exercice à l’entrainement ?
Jamais ! Je n’ai jamais travaillé les balles arrêtées à l’entraînement. C’est une qualité innée en moi. A l’Uso, on était deux, Tapha Sène et moi-même, à tirer les coups-francs. Tapha avait plus de qualité que moi, mais on me laissait le soin de frapper les coups-francs.
Contre la Guinée, vous avez porté, en seconde période, le brassard pour la première fois. Qu’est-ce que cela vous a fait?
Je ne m’y attendais pas… (il cherche ses mots) Vous ne pouvez pas imaginer la joie d’un footballeur de porter le brassard de l’Equipe nationale. Ça m’a fait énormément plaisir. Tout jeune, je rêvais de porter, ne serait-ce qu’une minute, le brassard de l’Equipe nationale. Ce rêve est devenu réalité, par la grâce de Dieu. Je remercie le coach de cette marque de confiance. Il pouvait porter son choix sur un autre.
Quel effet cela vous a-t-il fait ?
Je ne peux pas raconter avec exactitude ce que j’ai ressenti au moment de mettre le brassard. On représente tout un peuple. Ce n’est pas une mince affaire d’avoir une aussi lourde responsabilité. L e rêve de tout football est de défendre les couleurs de son pays, alors si l’on y ajoute le brassard …(il ne termine pas sa phrase). On ne peut que rendre grâce au bon Dieu.
Le brassard vous a-t il donné plus de responsabilités sur le terrain ?
Sur le terrain, on n’a pas besoin du brassard pour se sentir responsable. Porter le maillot national est une grande responsabilité. Il n’y a pas d’âge au de circonstance pour être responsable, mais le brassard a été un plus pour moi. C’est une fierté énorme. Je ne m’en cache pas.
Qu’est-ce qu’Amara vous a dit de particulier avant de vous remettre le brassard ?
C’était à la mi-temps. Après la causerie, quand il a dit qu’il allait me donner le brassard, j’ai eu peur. Je n’en revenais pas. La preuve, quand on me 1’a donné, je ne savais pas quoi en faire. Je l’ai posé avant de le remettre à Ferdinand Coly. Je suis resté assis pendant un bon bout de temps, avant de le reprendre. J’étais surpris. Je ne m’attendais pas à porter le brassard.
Quand vous étiez en difficulté à Saint -Etienne, Amara Traoré a toujours eu confiance en vous, alors que vous n’aviez pas de temps de jeu conséquent. Aujourd’hui, il fait de vous le capitaine de l’Equipe nationale…
(Il coupe) J’ai une dette envers l’entraineur. Tout ce que je peux faire pour lui, c’est d’être performant, de donner le meilleur de moi-même, ne pas le décevoir, faire en sorte qu’il ne regrette pas de m’avoir fait confiance. Comme le disent les Français «Quand on te donne, il faut rendre.» il (Amara) a pris des risques énormes. Quand j’étais en difficulté à Saint Etienne, dans la galère même, il continuait à me sélectionner, malgré les critiques. Dieu merci, je fais de mon mieux pour mériter cette confiance en étant bon sur le terrain.
Comment avez-vous accueilli l’annulation du match amical contre la Côte d’Ivoire ? Ça devait être un bon test pour vous avant la Can ?
On aurait aimé jouer ce match, mais ce qui s’est passé est un cas de force majeure- On n’y peut rien. En plus, ce n’est pas à nous les joueurs de prendre les décisions à la place des dirigeants. Cependant, c’est décevant de ne pas jouer ce match, parce qu’on avait prévu d’en disputer deux.
Récemment, Dominique Rocheteau, vice-président du conseil de surveillance de l’As Saint-Etienne, a évoqué votre retour dès le prochain mercato hivernal. Qu’en pensez-vous ?
Pour l’instant, je me concentre sur mon club (Il est prêté par Saint-Etienne à Birmingham, Ndlr). Le reste, on verra après.
avec wiwsport