Comme promis, les militaires s’apprêtent à rendre le pouvoir au Niger, à l’issue des élections générales organisées hier. Une junte d’officiers avait renversé le 18 février 2010 le président Mamadou Tandja, un ancien lieutenant-colonel prêt à modifier la Constitution pour faire plus de deux mandats consécutifs. Menée par le général Salou Djibo, la junte s’en est tenue au calendrier électoral annoncé. Pourtant, les récents événements auraient pu leur donner des arguments pour se maintenir plus longtemps aux commandes.
Sept expatriés, employés par Areva et Satom, ont en effet été enlevés le 16 septembre par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), à Arlit, une ville minière du nord du pays. Deux jeunes Français, enlevés le 7 janvier en plein centre-ville de Niamey, la capitale, ont péri dans la course-poursuite qui a suivi, engagée par les forces armées nigérienne et française. La menace exercée par Aqmi n’a pas joué dans le choix de l’armée.
Au contraire, ce sont les dix candidats en lice, tous civils, qui ont demandé des reports de l’élection, afin de mieux s’y préparer. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a envoyé des dizaines d’observateurs, de même que l’Union européenne (UE), dont les représentants ne se sont cependant pas risqués dans le nord du pays, de peur d’être la cible d’Aqmi.
Le taux de participation n’a pas dépassé 50 %, sur les 6,7 millions d’électeurs appelés à participer à ce que l’actuelle junte présente comme un «nouveau départ». Un rebondissement, plutôt, dans les soubresauts d’une démocratie naissante. En 1996, trois ans après ses toutes premières élections démocratiques, le pays était ébranlé par un coup d’Etat, perpétré par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara. Un chef d’état-major lui-même renversé et tué par sa garde en 1999.
Des élections avaient ensuite porté Mamadou Tandja, un ancien militaire, au pouvoir. Le Niger, pays sahélien frappé par la sécheresse et des crises alimentaires chroniques, reste l’un des plus pauvres d’Afrique. Sa principale richesse, l’uranium, exploitée par le groupe français Areva, suscite bien des convoitises au sein de sa classe politique, qui n’a jamais véritablement développé le pays. Mahamadou Issoufou, opposant historique, part favori, face à une alliance de trois anciens proches de Mamadou Tandja. Un second tour est prévu pour le 12 mars, pour une investiture le 6 avril.