XALIMANEWS- Les nominations récentes d’Amadou Chérif Diouf et de Moussa Balla Fofana, dans le premier gouvernement sous le régime de Bassirou Diomaye Faye, est sans doute la consécration d’un dévouement d’une grande partie des sénégalais de la diaspora, plus particulièrement des militants de Pastef Canada dont ils sortent des rangs.
« C’est une diaspora dévouée que j’ai vue à l’œuvre depuis le début du combat citoyen contre l’injustice et pour la sauvegarde de la démocratie », témoigne un observateur de la scène politique sénégalaise. Pour Saer Diaw, les Sénégalais, vivant à l’extérieur, ont joué un grand rôle lors des dernières échéances électorales.
Non sans craindre de verser dans le populisme, il estime que l’élection présidentielle de 2024 a été celle des sénégalais, vivant à l’extérieur. « On a vu ceux de Pastef déployer des moyens colossaux pour contribuer à une machine de campagne énorme. Aujourd’hui, leurs efforts ont payé et ils méritent certainement tous les honneurs », détaille-t-il.
Mais pour la plupart, ils ne sont pas connus ou pour certains, que de nom. « Ils ont beaucoup travaillé dans l’ombre… », rapporte t-on des coulisses de la diaspora sénégalaise de Montréal qui a souvent organisé des rencontres, le plus souvent des initiatives privées qui ont amené à identifier des figures de proue. Celles là qui ont, particulièrement, servi de repères à la légende vivante d’une diaspora dynamique et porteuse des grands projets du pays, qui s’est, notamment, illustrée dans la politique ces dernières années.
Toujours est-il que, quelques jours après l’investiture de Bassirou Diomaye Faye, la formation du gouvernement n’a pas tardé autour du Premier ministre, Ousmane Sonko. L’ombre de la diaspora plane. Rien de surprenant ! Selon certaines analyses. Quelques têtes bien identifiées figurent sur la liste de départ. Dans les rangs de Pastef au Canada, c’est le grand remous. Deux nominations de taille viennent récompenser la vague dynamique qui s’est soulevée depuis plusieurs années, notamment à Montréal. Elles concernent Moussa Balla Fofana, un politique accompli et Amadou Chérif Diouf, un militant aguerri à la tâche, respectivement ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire et Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur.
Au lendemain de leurs nominations, la communauté sénégalaise de Montréal se réveille dans la grande effervescence. L’heure de l’envol a sonné. La diaspora joue ses premiers rôles dans la gouvernance du Sénégal. Jusque-là, les différents régimes faisaient appel aux expatriés, fonctionnaires internationaux qui ont déjà fait leurs preuves dans de grandes instances hors frontières. Cette fois, ce sont des émigrés, des militants de la cause, qui sont portés au pinacle.
Parce qu’ils ont aussi porté « le projet », il n’y a pas mieux placés pour comprendre les enjeux et conduire la politique autour d’un vœu de gouvernance. C’est du moins la position de la communauté sénégalaise, établie au Canada.
« Chérif et Balla sont deux hommes engagés pour la communauté », renseigne Jean Ousmane, membre de AARLIÑUBOKKCANADA et du bureau de FRAPP DIASPORA.
Ainsi, à travers sa reconnaissance et ses témoignages, cette communauté sénégalaise apporte une légitimité aux postes, désormais, occupés par les collaborateurs de Diomaye Faye et Ousmane Sonko au plus haut sommet de l’Etat.
Amadou Chérif Diouf, un militant de la première heure
Il fait, sans nul doute, l’unanimité au sein de la communauté sénégalaise à Montréal. Amadou Chérif Diouf est d’abord Coordonnateur de PASTEF Canada et Secrétaire nationale aux finances de PASTEF. De lui, l’on dit qu’il est l’exemple parfait du don de soi.
Dans le cercle frileux de l’élite de Montréal, Chérif comme on l’appelle affectueusement, est une bête de travail, qui a cru très tôt au «projet ».
« Depuis 2015, il a été presque partout pour vendre le Projet (Canada, USA, Europe sans oublier divers endroits au Sénégal). Il a l’avantage d’avoir vécu dans plusieurs endroits (Mbéllacadiao, Tivaouane, Ziguinchor, Kaolack, Angleterre, Canada). », raconte Amidou Diao qui se targue d’être un témoin oculaire des faits et dont le témoignage rapporte encore un homme pétri de qualités, une machine à projets dont le pragmatisme est à louer. D’ailleurs, il développe toujours des initiatives à succès.
« En décembre 2016, il revient de vacances du Sénégal et me dit « j’ai rencontré le COPIL mais on ne peut même pas payer le loyer, il va falloir faire quelque chose étant donné qu’on ne veut pas prendre l’argent d’un lobby ». Il initie le projet BOKKNA via un projet pilote » qui a connu un franc succès avant un déploiement dans toute la diaspora », explique son ami.
Adama Diouf, un autre compatriote du regroupement des sénégalais de la diaspora à Montréal, se dit séduit par le profil de l’homme, devenu une icône dans leur cercle.
« Il est sérieux et honnête. Et très attaché à son terroir Mbéllacadiao, dans le Fatick », dira t-il sur Amadaou Chérif Diouf qu’il présente encore comme le meilleur allié de ses « frères » immigrés dans l’hexagone et aussi en Amérique. « Il connait la diaspora et connaît leurs problèmes et objectifs ».
Diouf, la machine à « projet de Pastef »
Juste après les présidentielles de 2019, Amadou Chérif Diouf revient avec l’idée de remercier les sénégalais suite aux bons résultats. Le Nemmeeku Tour est né.
L’innovation dans le financement de PASTEF est l’œuvre de Chérif par sa rigueur dans la gestion des deniers. En bon économiste et planificateur financier, il a pensé et organisé l’orientation du parti pour de saines méthodes de financement afin de ne pas avoir de compte à rendre à personne d’autres qu’aux citoyens. Cet élan a suscité en lui un engagement dans la mise en place de stratégies de financement participatif (crowdfunding): BOKKNA, Nemeku Tour, Gala de financement etc.
On se questionnait sur l’inscription des primo-votants notamment les jeunes, il lance le Wer Nombo après un projet pilote au Canada qui est devenu un projet national.
Son leadership a permis à PASTEF dans son ensemble de gagner pour la première fois une élection en 2017 au Canada et les larges victoires ont continué en 2019, 2022 et 2024 avec 86,17%.
Chérif, le bien aimé à la bonne place
En 2024, qui aurait cru que Chérif, comme on l’appelle affectueusement dans son cercle de Montréal, va atterrir dans l’attelage gouvernemental ? Pour d’aucuns, ce n’est point une surprise du moment que Pastef, la machine de guerre a enfin touché l’objectif final. Pour Chérif, c’est alors une suite logique d’une ascension qu’il « subissait » dans l’organisation au sein de Pastef.
Quelques mois plus tôt, suite à la restructuration du bureau politique, il fut promu Secrétaire national aux finances et grâce à sa capacité d’innovation, il lance les bracelets de la liberté qui ont connu un énorme succès avant de poursuivre avec ceux 2.0.
Pour les uns, Chérif est le très discret allié sur qui on peut compter. Ses habiletés techniques et comportementales lui permettent, apparemment, d’être à l’écoute et de collaborer avec tout le monde.
« Il est d’une humilité extraordinaire car jamais il ne cherche à se vanter d’une quelconque réalisation bien qu’il joue un rôle central dans les activités du parti », témoigne encore Diao.
Pour les autres, sa détermination l’a amené à sacrifier des années de carrière professionnelle pour faire aboutir le Projet, un autre exemple de don de soi.
« Pour vous dire aujourd’hui que Chérif mérite bien d’être aux premiers rangs. Il a tout donné et surtout, il a toujours été là pour les autres, pour la communauté », apprécie Adama Diouf qui le décrit comme un humain accompli.
D’ailleurs, c’est sans nul doute son implication dans la Commission sociale avec un suivi des blessés qui démontre davantage son humanisme car il a tenu à ce que, chaque malade ou détenu puisse avoir l’assistance nécessaire. « Il me disait, pour les malades et les prisonniers qu’il n’attend l’autorisation de personne pour effectuer les dépenses, il les assiste et rend compte », raconte Amidou Diao qui se souvient des moments difficiles où Amadou Chérif Diouf ne cessait de travailler.
« C’est un homme courtois et très engagé pour la cause de son parti politique. Certains militants de Pastef Canada avec qui je discute souvent lui vouent un grand respect. Il venait représenter son parti dans les activités organisées par la communauté sénégalaise du Canada (Rgsc, Dahiras, etc.) », témoigne Ibrahima Sakho, ancien Président du Regroupement général des Sénégalais au Canada.
En tant Coordinateur de PASTEF Canada, il a également appuyé diverses autres initiatives comme la rédaction du Programme Jotna qui a mobilisé principalement l’expertise des cadres du Canada qui ont assuré la coordination avec ceux des USA et de France en collaboration avec l’actuel Président Diomaye Faye en tant Président du mouvement des cadres.
Amadou Chérif Diouf est aussi celui qui a appuyé la création du groupe Jotna Média qui est devenu un puissant outil de communication.
« La liste de ses actions est longue d’où son énorme crédibilité aussi bien au niveau de la diaspora qu’au du Sénégal », renseigne encore son ami qui ne tarit pas d’éloges.
Et selon lui, ce n’est point pour lui jeter des fleurs. Mais il est certain que Chérif, que l’on pourrait certainement, décrire comme le véritable ange gardien, est aujourd’hui à la bonne place, notamment au secrétariat général d’État aux Sénégalais de l’extérieur.
« Je demeure convaincu qu’il se donnera à fond pour la réalisation des attentes en lien avec le secrétariat aux sénégalais de l’extérieur », a-t-il estimé.
Moussa Balla Fofana, le fils du terroir à la rencontre du monde
La région du Baol tire une grande fierté de la nomination de son fils comme ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire. Moussa Bala Fofana connait trois grands axes dans son parcours : la sociologie, l’urbanisme et les finances.
« Il n’a pas l’habitude de faire mention de sa licence en sociologie à l’Université Nancy2 (actuelle Université de Lorraine). Obéissant à sa nature pragmatique, il considère son passage en sociologie comme un outil de réflexion, une perspective et une manière d’appréhender ses objets d’études », témoigne son frère, le Docteur Dalla Malé Fofana, également établi au Canada. Il est alors aisé de comprendre pourquoi Moussa Bala Fofana se définit comme un social libéral. Cette formation en sociologie est, certainement, un des secrets de la cohérence saluée de ses interventions et de ses analyses.
Car Bala, tel qu’il est appelé dans le cercle des compatriotes à Montréal, est un homme porté vers la connaissance, par ailleurs un dur à cuire. Pour dire qu’en plus d’être rigoureux, il n’a pas peur de ses idées, de sa démarche, celle que les autres ne partagent pas toujours avec lui. Mais d’aucuns, parmi ses compatriotes, témoignent de son perspicacité et surtout de sa large connaissance intellectuelle.
Assoiffé de connaissances
«Bala c’est surtout l’incompris qui s’assume. Même si son attitude n’est pas toujours partagée par certains pour une raison ou une autre, il est pragmatique », souffle une connaissance proche du cercle des compatriotes de Montréal. Pourtant, son parcours témoigne d’un homme sociable qui, malgré son caractère, a pu diriger des groupes d’hommes et de femmes. D’ailleurs à Nancy où il a suivi une formation en ingénierie urbaine, villes et territoires, il a aussi dirigé l’association des étudiants Sénégalais. En ce moment, les contradictions pouvaient déjà s’imposer à lui. « En tout cas, il a toujours eu des principes qui pouvaient aussi ne pas violer ceux des autres », témoigne un proche. Si bien que ce qui importait encore, c’était ses ambitions lesquelles l’ont conduit à un Master 1 en Conduite de Projet et développement des Territoires, ainsi qu’un Master 2 en Ingénierie Urbaine Ville et Territoire. Ainsi, il exerce comme chargé de mission et cadre responsable territorial de la mise en œuvre de la politique des pouvoirs publics : territoire sg2a hacienda / Rhône Ain & Haute Savoie.
Plus tard, au Québec, il entame une formation en planification financière, et exerce comme directeur des comptes à la Banque Laurentienne puis à la Banque Nationale. Il exerce ainsi dans ce domaine où il retrouve la planification et l’analyse de projet cette fois-ci dans un cadre de financement. Il agira dans ce domaine jusqu’à son retour au Sénégal.
Un destin politique
Sa fibre politique lui vient sans doute de feu son père Dramane Fofana grande figure politique des années 80-90, décédé l’année précédente. Moussa Bala Fofana a toujours eu un dilemme entre la posture du politique et celle du technicien, étant parfaitement à l’aise dans les deux camps. Comme rattrapé par le Syndrome Cheikh Anta Diop, il réalise à travers son expérience de conseiller technique dans le gouvernement (2012-2013) que les programmes techniques ne peuvent servir qu’inscrits dans une vision politique saine et cohérente. À partir de cet instant qui marque la naissance du slogan « xam-xam du pexe », il donne libre cours à sa dimension politique, et retourne au Québec pour se faire une nouvelle perspective du champ politique. Il rejoint alors le parti Pastef, en 2020. Et finit par faire partie du cabinet politique de Ousmane Sonko.
Dans la même année, il co-écrit avec l’actuel Premier ministre, l’ouvrage « Les territoires du développement sur la décentralisation ». Le sort a voulu que Dramane Fofana, père de Moussa, a été le premier responsable de la politique de régionalisation dans la région de Diourbel dans les années 90.
Les positions de Moussa Bala Fofana, sa posture sociale libérable, souverainiste et panafricaine apparaissent clairement déclinées dans son dernier ouvrage « Le Projet souverain », un ouvrage qui s’inscrit dans le sillage du livre Solutions de Ousmane Sonko dont il partage la perspective, et apporte une déclinaison technique de certains aspects.
À son retour au Sénégal, il travaille dans un groupe à dimension sous-régionale, mais aussi au sein de son propre cabinet comme consultant international en planification et stratégie de financement.
L’expert récompensé
Avec sa nomination au sein du gouvernement de Sonko, Moussa Bala Fofana n’est pas à son premier coup d’essai. Présenté comme un homme du sérail, il a été conseiller technique du ministère de la Décentralisation de 2012 à 2013. Le nouveau ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire, à l’image de ses collègues du gouvernement, est un spécialiste. « Il ne se limitera pas à coordonner les programmes du ministère, il participera activement, au sein de ses conseils techniques, à asseoir l’appareillage technique qui donnera forme au Projet de la Coalition Diomaye Président. De belles séances de travail en perspective », assure son proche Dr Dalla Fofana.
D.S