Pape Dieng a été nommé directeur général de la Suneor et Youssou Diallo un homme du sérail, a été désigné président du Conseil d’administration (Pca) de Suneor. Un duo qui a la lourde tâche de redorer le blason de cet ex-fleuron de l’économie sénégalaise, complètement à «genou». Les syndicalistes Samuel Ndour et Cheikh Diop disent avoir des préjugés favorables et espèrent une bonne transition, en attendant que la société trouve repreneur.
En fin 2015, Abass Jaber qui détenait 85% du capital de la Suneor à travers le groupe Advens, avait jeté l’éponge suite à une «séparation à l’amiable» avec l’Etat détenteur des 15%. Depuis le départ de Abass Jaber, la société attendait une nouvelle direction pour permettre sa relance. C’est chose faite depuis avant-hier, avec la nomination de Pape Dieng comme directeur général de la Société sénégalaise des oléagineux et de Youssou Diallo comme président du Conseil d’administration de la Suneor.
Du côté des travailleurs, on a accueilli avec espoir ces nominations, étant donné que les 5 unités de la Suneor (Diourbel, Lyndiane de Kaolack, Ziguinchor, Louga et Dakar) sont complètement à l’arrêt depuis janvier 2016. C’est ainsi que Samuel Ndour secrétaire général du Syndicat des corps gras, section Suneor, s’estime heureux de voir que les choses bougent enfin.
«Depuis un an, nous attendions un administrateur général. Avec ces nominations, on peut avoir confiance et constater que les autorités ne nous ont pas oubliés», déclare d’emblée le syndicaliste de la Suneor Samuel Ndour. Pape Dieng a eu des performances dans la Société nationale d’électricité où il a été nommé en 2012. En 2011, la Senelec avait une dette de 249 milliards et un déficit de 55 milliards. Les commissaires aux comptes n’avaient pas voulu certifier les comptes de 2011, parce qu’ils considéraient que l’entreprise pouvait déposer le bilan à tout moment. L’État subventionnait à hauteur de 123 milliards la société. En 2014, la Senelec affichait avec Pape Dieng, un bénéfice de 3 milliards Fcfa. La subvention de l’Etat n’était plus que de 29 milliards.
Pape Dieng est chargé ainsi comme avec la Senelec de remettre la Suneor sur pied. A la Suneor, les travailleurs ne le connaissent que de nom, mais l’attendent avec impatience, tout en étant disponibles à l’accompagner. «Si l’État l’a choisi comme nouveau directeur de la Suneor, c’est qu’il doit avoir des compétences pour ça. Ils savent peut-être qu’il peut relever le défi, parce que la Suneor est en grande difficulté. Avec les problèmes, il faut que l’Etat soutienne la nouvelle équipe et lui donne les moyens», soutient Samuel Ndour. Poursuivant, le syndicaliste indique que si le nouveau directeur général vient pour redresser la boîte, il les «trouvera pour le soutenir» et s’il vient pour autre chose aussi, il les trouvera là.
DE 90% DES PARTS DU MARCHE DE L’HUILE A 0%
Par rapport aux attentes, pour remettre la Suneor sur les rails, notre interlocuteur argue qu’il faudra d’abord que la société retrouve sa place dans le marché national de la production de l’huile, car la société est «passée de 90% des parts de marché à 0%». Selon le responsable du Syndicat des corps gras, pour que la société des oléagineux retrouve son lustre d’antan, il ne faut pas, pour la prochaine campagne agricole, que l’Etat autorise l’exportation de toutes les graines d’arachide à l’étranger (Ndlr : Chine), car «sans arachide, il serait utopique de relancer la Suneor».
Cette année, avec l’arrivée des opérateurs chinois, les cultivateurs ont préféré écouler leur production d’arachide auprès de ces derniers, occasionnant un déficit d’arachide à la Suneor qui a besoin chaque année de 300 000 tonnes d’arachide pour fonctionner. Cela fait que depuis le mois de janvier, les usines sont à l’arrêt total, occasionnant une peur chez les travailleurs, avec des salaires qui tombaient difficilement.
Dans le même ordre d’idées, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du changement (Cnts/Fc) Cheikh Diop, affirme que le nouveau directeur « n’a pas de préjugés défavorables ». «Il a le soutien des travailleurs. C’est une société complètement à genou et la transition ne doit pas être facile. Nous sommes disposés à l’accompagner car la Suneor est une société créatrice d’emplois», argumente Cheikh Diop. Pour un meilleur avenir dans cette structure, M. Diop pense que Pape Dieng et Youssou Diallo doivent bien assurer la transition, établir un nouveau cahier de charges pour avoir un nouveau repreneur. La nouvelle équipe doit aussi avoir de bons rapports avec les producteurs, pour relancer la Suneor.
L’As