À nos indépendances( octroyées ou négociées) certains territoires étaient déjà des niches à problèmes. Et personne ne l’ignorait parmi ceux qui demandaient l’indépendance. Encore moins parmi ceux qui devaient l’octroyer.
Les futurs tenants du pouvoir dans ces territoires qui allaient être nos Etats étaient pressés de rentrer dans leurs nouveaux habits. L’ancienne puissance coloniale trouvait là, aussi, un moyen de partir tout en tenant le bon bout.
L’exemple du Mali est un cas d’école.
Un territoire immense, des peuples et des cultures hétéroclites. Des populations nomades et arabes qui, à un moment de l’histoire n’avaient avec certaines populations autochtones et sédentaires que des rapports de maîtres( population blanche et nomade) à sujets( population noire autochtone et sédentaire).
Du jour au lendemain fédérer tout cela, en faire une seule entité et à la tête de ce territoire un noir cela signifierait, si on n’y prend garde, l’exclusion ou la révolte des populations blanches et nomades.
Malheureusement tout se fit dans la précipitation. On négligea des choses qui ne devraient pas l’être. Et ce qui devait arriver arriva.
L’ancienne puissance coloniale n’a pas laissé le premier Président, Modibo Keita, installer le Mali dans une dynamique de développement harmonieux. Conscientiser ses compatriotes et en faire des citoyens au fait des enjeux et défis des jeunes nations. Un Coup d’État militaire dirigé par un jeune Lieutenant, Moussa Traoré, vint mettre fin à cette expérience qui aurait pu être salutaire pour le pays. Un régime militaire s’installa avec tout ce que cela comporte comme abus et dérives.
À un moment donné le Président Moussa Traoré voulut sortir de l’ornière en diversifiant ses partenaires au développement. On lui envoya le Colonel Amadou Toumani Touré qui était jusqu’alors Chef de la Sécurité Présidentielle pour le destituer.
Je n’ai pas évoqué les douloureux chapitres des exactions et autres atrocités qui ont précédé l’avènement de ATT. Nous pourrons y revenir.
En un an( le temps que devait durer la transition) l’ancienne puissance coloniale a fait investir au Mali autant qu’elle n’aurait fait en vingt ans!
Et le plan ci-après aurait été élaboré.
- ATT assure une transition d’un an, organise des élections » démocratiques » et Alpha Oumar Konaré arrive au pouvoir. Pendant le magistère de Alpha ATT trouve une occupation : le Programme de Lutte contre le Vers de Guinée.
- Alpha fait deux mandats et organise des élections » démocratiques » et ATT revient au pouvoir.
- ATT ferait deux mandats et passerait le flambeau à une personnalité politique qui, aujourd’hui, n’est plus sur l’échiquier.
C’est à la troisième étape du plan que les choses ont commencé à se gâter.
Entre la fin de la première et le début de la deuxième décade du vingt et unième siècle des problèmes de sécurité commencèrent à se poser dans la zone sahélienne. Phénomène orchestré et entretenu par l’universalisme occidental pour relever le vieux continent des crises successives qui l’ont fait vaciller à l’extrême.
Faire main basse sur le pétrole libyen et les immenses richesses enfouies dans le désert de la zone soudano sahélienne serait une solution à ce problème.
Pour la Libye on sait comment cela s’est passé.
Revenons au Mali.
Le deuxième mandat de ATT mit à nue les limites de l’armée malienne face à un immense territoire. En plus de la résurgence des mouvements extrémistes religieux ( en errance après leur défaite en Algérie) . Sans oublier les rebellions armées des populations du Nord qui veulent se séparer de Bamako.
Face à ce tableau il fallait une armée forte. Des hommes qui connaissent le terrain pour mener les troupes à la défense de l’intégrité du territoire.
L’armée n’était pas outillée pour ce faire. Les effectifs étaient insuffisants, les officiers( pour la plupart) n’ont pas été formés pour ces opérations.
Les troupes étaient menées sur le terrain par des officiers, pour la plupart, mal formés Et les hécatombes dans les rangs des FAMA face aux djihadistes aguerris et souvent mieux armés endeuillaient les familles.
Les épouses et les mères des militaires ont fait, du temps de ATT, un mouvement sur Koulouba pour dire au Président qu’il envoie leurs hommes se faire tuer par ce qu’ils sont démunis sur le terrain face aux rebelles mieux armés.
On se rappelle, aussi, le Coup d’État du Capitaine Amadou Sanogo dû, surtout, à une certaine injustice dans le Commandement.
Les populations se sont soulevées contre les autorités de la transition ( après que Sanogo a rendu le pouvoir) et le Président Dioncounda Traoré a été physiquement agressé. Il fut, d’ailleurs, évacué en France pour des soins intensifs.
À son retour au Mali les djihadistes, bien préparés et très bien équipés, firent mouvement vers Bamako et ne rencontrèrent presque aucune résistance. N’eût été la promptitude de François Hollande, alors Président Français, ce serait, peut-être, une catastrophe. Il fit jouer les accords de défense et envoya les avions de combats pour stopper les djihadistes et les retourner au Nord, en leur faisant subir de lourdes pertes. Et Hollande fut accueilli en libérateur et reçut tous les honneurs.
On connaît la suite.
Le Président Dioncounda Traoré organisa des élections démocratiques et transparentes à la place de ATT qui n’a pas terminé son mandat. Et Ibrahima Boubacar Keita, le candidat du RMP remporte la Présidentielle. Contrairement au plan initial. Mais l’Occident, particulièrement la France, en crise se réadapta pour conserver ses intérêts.
Ibrahim Boubacar Keita arriva, ainsi, à la Magistrature Suprême après une ascension qui lui aura permis de passer par toutes les stations y menant.
IBK, Président, c’est le Mali des Dah Monzón, Soundiata…..qui renaissait. Et il regardait de très haut certains cadres politiques maliens dont il a été le Diatigui en France. Pour les y avoir précédé et disposant de moyens qui leur faisait défaut.
Il n’avait, pratiquement, pas d’adversaires en face de lui pendant son magistère. Il a fallu que toute la classe politique, toute honte bue, se range derrière un « Imam » qui menait » son » combat pour semer le trouble et rendre le pays ingouvernable. Mais ils reçurent la claque du siècle.
Ceux qui défendaient la patrie entrèrent dans la danse pour siffler la fin de la récréation.
Le Colonel Goyta et ses compagnons qui étaient sur le terrain ont eu le temps de comprendre le jeu des puissances occidentales, l’impuissance des autorités ou leur complicité dans ce qui s’opérait dans leur pays.
Il fallait y mettre fin. Et ils ont pris le problème à bras le corps après leur installation rendue problématique par l’universalisme occidental et ses suppôts. Pourtant l’Union Africaine et la CEDEAO qui s’agitent aujourd’hui étaient là quand l’OTAN larguait des armes et des munitions aux « rebelles » libyens en 2011. L’Union Africaine avait même constitué une délégation pour aller discuter avec Khadafi. » Si vous prenez les airs on vous flingue » leur aurait-on dit . Paf!
Et on laissa les charognards, les vautours faire leur sale besogne.
En 2021 à la mort de Idriss Deby ils se sont tous précipités à Ndjaména pour avoir les bonnes grâces des nouvelles autorités tchadiennes parce que leur jeu a été découvert en RCA, la porte à côté.
Les militaires maliens, de véritables patriotes, qui sont au fait de tout ce nous vous avons déroulé veulent gérer leur pays autrement. Afin que le Malien ne soit plus l’ennemi du Malien.
Les rebelles qui s’étaient égarés, s’ils rejoignent la patrie et ses symboles, ses Institutions ce sont nos frères. Ceux qui veulent aliéner l’intégrité territoriale et brader les ressources du pays deviennent les ennemis des Maliens. Et seront combattus comme tels.
Il est temps aussi que la CEDEAO et l’Union Africaine se ressaisissent en sachant l’Africain ne doit pas être le grain de sable qui empêche la machine de la marche du continent de tourner. Et il y a des personnages qui, en s’érigeant en donneurs de leçons, ne devraient plus oser se regarder dans leur miroir.
Le Colonel Ghoyta et ses hommes connaissent le Mali, les Maliens, les Africains. Ils savent aussi que ceux qui disent vouloir nous aider sont les auteurs des pires atrocités survenues chez nous. En Afrique.
Wagane Faye
Professeur d’anglais
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