« Le fondateur de l’OPEP, un Vénézuélien, disait que les hydrocarbures étaient les « excréments du diable », nous rappelait l’écrivain Amin Maalouf dans son ouvrage, Les Désorientés. Son assertion peut être vraie s’il faut à en juger par le chaos semé dans certains pays dont le sol regorge de pétrole. Cette ressource naturelle qui, comme l’or, le diamant et tutti quanti, devrait être une source de richesse pour toute société, a été à l’origine d’une sorte de malédiction sur certaines terres. Au Nigeria, elle a été à l’origine d’une guerre qui a fait plus d’un million de morts (Biafra). En Irak, en RDC – que d’aucuns qualifient de « scandale géologique » tant son sous-sol est riche en matières premières -, en Libye au Soudan, etc; elle a engendré des guerres meurtrières semant capharnaüm et instabilité politique quasi endémique. Dans notre pays, sa découverte récente génère des polémiques, car des pratiques pour le moins nébuleuses ayant étè décelées lors de la signature de quelques-uns des contrats, s’il faut en croire les révélations faites quotidiennement par les médias ces derniers temps. Toutefois, le fait que l’or noir soit ou ait été une source d’instabilité politique et/ou de malheurs dans plusieurs pays du monde, ne relève pas d’un fait du hasard. Si on regarde ces pays de plus près, on voit qu’ils présentent plusieurs similitudes : ils sont soit relativement faibles militairement, soit pauvres ou sont d’anciennes colonies qui peinent toujours à retrouver pleinement leur souveraineté économique et politique ou sont sous l’emprise de dirigeants qui accaparent l’essentiel des revenus tirés de la vente de leurs ressources pétrolières. Parfois ces pays cumulent tous les critères ou quelques-uns d’entre eux. Par conséquent, le pétrole ne devient « ressource maudite » que sous certaines conditions et sous certains cieux.
Grâce à lui les pays du golf ont trouvé une meilleure place dans le monde. S’ils sont bien lotis en matière d’infrastructures et attirent beaucoup d’investissements et de touristes, c’est grâce aux revenus générés par le pétrole, car ne disposant pas d’autres ressources naturelles très convoitées au niveau mondial. L’or noir contribue aussi au développement de beaucoup de pays occidentaux : les États-Unis, les pays Nordiques, le Canada entre autres. Ces pays en font bénéficier à leur peuple sans guerre ni effusion de sang. La population bolivienne a fait de grandes avancées sur le plan social après le « rétablissement de sa souveraineté énergétique » et une meilleure distribution des profits tirés de ses ressources pétrolières. Le Vénézuela, du temps de Chavez, avait retrouvé richesse et fierté nationale á la suite d’une meilleure gestion de la production et de la vente de ses hydrocarbures.
En définitive, parler du pétrole comme source de malédiction dans certains pays revient à aborder la question de gestion des ressources naturelles et de de la souveraineté économique et politique face aux ogres que representent quelques multinationales et les puissances prédatrices néocoloniales. Dès lors cette phrase de Cheikh Anta Diop est plus que jamais pertinente: « La sécurité précède le développement. » Quand un pays ne peut pas se défendre, il va de soi qu’il ne pourra pas défendre ses richesses. Surtout s’il dispose de dirigeants véreux qui accaparent tous les revenus engendrés par ses ressources naturelles et n’hésitent pas á s’allier avec le diable pour rester toujours au pouvoir. Comme presque toute chose, le pétrole, dans de bonnes mains, peut aider á faire de bonnes choses; s’il est dans de mauvaises mains – étrangères ou locales – il peut constituer une vraie source de malédiction.
Bosse Ndoye
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Auteur de: Une amitié, deux trajectoires; l’enigmatique clé sur l’immigration; La rançon de la facilité.
NON le pétrole n’est pas une ressource maudite! par Bosse Ndoye
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Merci Mr. Ndoye.
je lis tjrs tes articles
Votre article est intéressant car contrairement à la plupart de ceux qui interviennent sur ce site, vous adoptez des positions neutres dans le traitement de vos sujets.
Le seul reproche à vous faire concerne la formulation de la phase relative à la polémique sur les contrats de recherche d’hydrocarbures où vous semblez prendre parti dans ce faux débat instauré par des politiciens. Il aurait préciser qu’aucune source ne donne crédit à ces révélations et que leurs auteurs n’ont jamais en mesure d’apporter la moindre de leurs accusations.