Monsieur le Président,
Dans le programme Yoonu Yokkuté pour lequel nous vous avons majoritairement fait confiance pour contribuer à la résolution des problèmes du pays et sur lequel, figure en bonne place, si je comprends bien, ce qu’il est convenu d’appeler les bourses familiales. Il s’agira de donner à certaines familles 100 000 frs (cent mille francs Cfa) pour les appuyer à sortir de la zone rouge de la pauvreté.
Cette idée me paraît généreuse et salutaire dans le principe. Mais je suis presque sur qu’il sera très difficile d’avoir des résultats escomptés et dans ce cas, ce sera le contraire de l’effet recherché qui risque de se produire.
En effet, Monsieur le Président, notre peuple, dans sa majorité, continue d’être victime de se faire beaucoup d’illusions sur les possibilités supposées du gouvernement à résoudre leurs problèmes en entier. Aussi, nous trainons encore certaines habitudes héritées de l’Etat providence selon lesquelles l’Etat doit résoudre les problèmes des communautés. Cela a souvent eu comme conséquence le refus d’honorer les dettes consenties au prés de l’Etat. L’histoire du « programme dit des maitrisard chômeurs » est encore vivace dans nos esprit tout comme les départs volontaires (qui n’ont pas permis à la plupart de réussir) et le tout récent programme du FNPJ (Fonds National de Promotion des Jeunes). Il paraît que beaucoup parmi les bénéficiaires de ce programme sont à l’étranger.
Si, à mon avis, tous ces programmes ont échoué c’est parce que les communautés n’ont pas été préparées ou formées en amont. On a toujours placé les charrues avant les bœufs. Aussi, je suis convaincu que si vous donnez cette somme aux familles, c’est le même jour qu’elles vont la dépenser. Cela n’empêchera pas aux problèmes de rester entier et les besoins de s’amplifier de jour en jour au point de dresser les bénéficiaires contre l’Etat, leur bienfaiteur.
C’est pourquoi je pense qu’il est important de revoir la stratégie. A mon avis ce qu’il faut faire c’est de regrouper les familles sous forme de groupe d’intérêt commun. C’est-à-dire identifier une activité que le groupe pourrait mener après un renforcement sur les techniques de faisabilité et gestion. Par exemple, ces différents secteurs peuvent être retenus : l’alimentation de la petite enfance et des personnes affaiblies par l’âge, le commerce de papiers, la laiterie, la volaille, le commerce de ciment, l’agriculture, le maraichage, l’élevage de caprins, l’embouche bovine, la production d’engrais organique, la gestion, la protection et l’exploitation des ressources naturelles, la production de savon, la vente des produits dérivés de certains produits comme l’arachide, le mil, le riz, la riziculture, la vente de produits fruitiers etc etc. Tout cela devrait être accompagné d’un renforcement sur les techniques de recherche de partenariat et de négociation. Les 100 000 frs destinés à 5 familles, feraient 500 000 Frs et devraient pouvoir constituer le capital.
Je pense que s’il y’a un bon encadrement par des techniciens et non par des politiciens qui auront comme seul objectif de se cacher derrière cette entreprise pour se faire un nom et diviser les gens, il y’aura des résultats positifs durables. Il s’agira alors non de donner du poisson aux communautés mais de les apprendre à pêcher et de les indiquer la rivière.
A défaut, je pense qu’il faut appeler à une réflexion autour de la question pour minimiser les risques d’échec du projet. Toute autre démarche sera comme une goutte d’eau dans l’océan.
Falilou Cissé
Conseiller en développement communautaire
Tel 77 689 79 44.
