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Note de lecture Le Protocole de l’Elysée (Par Valdiodio Ndiaye DIOUF)

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Projet d’occupation de la bande verte de l’aéroport LSS : TAS, contre tous, réussit à  convaincre le PM Macky Sall (aujourd’hui Président de la République)  

Le livre de Thierno Alassane Sall (Le protocole de l’Elysée) est présenté par le régime  actuel et ses partisans comme une sorte de vengeance de l’ancien ministre à la suite  de son départ du gouvernement. Les tenants de ce discours soit n’ont pas lu le livre,  soit manquent d’arguments face aux faits graves révélés par TAS. Le livre va au-delà  du seul régime actuel car traitant de la manière dont le Sénégal est gouverné depuis  Senghor jusqu’à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Mieux,  TAS y raconte comment il a rencontré Macky Sall alors que celui-ci était Premier  ministre. Cet épisode mérite qu’on s’y attarde d’autant plus qu’il montre que Macky  Sall a connu TAS en homme de droiture qui ne fléchit pas quand il s’agit de défendre  les intérêts des Sénégalaises et des Sénégalais. 

Bien avant 2012, Macky Sall avait déjà vu TAS à l’œuvre lorsqu’il se dressa, en sa  qualité d’ingénieur en aviation civile en poste à l’ASECNA, contre son ministre de  tutelle et tous ses collègues pour s’opposer au projet d’occupation de la bande verte  de l’aéroport LSS. Les faits se sont déroulés en août 2006. En marge d’un passage à  l’aéroport pour saluer le Président Wade qui partait en voyage, le Premier ministre  Macky Sall avait exprimé son inquiétude concernant le projet d’occupation de la  bande verte et s’étonna qu’un tel projet ait reçu l’accord des techniciens de l’aviation  civile. TAS était en ce moment-là avec le Directeur général de l’aviation civile et le  gestionnaire de l’aéroport. Ces deux derniers, qui attendaient certainement leur part  du gâteau (l’idée fut en effet de morceler et de se partager les terres en question) ou  qui n’osaient pas s’opposer à la volonté des promoteurs de ce funeste projet (voire  les deux à la fois), indiquèrent à Macky Sall que le projet était pertinent. Alors que  TAS était le seul des trois à ne s’être pas exprimé sur le sujet, Macky Sall fut curieux  de savoir son avis. TAS lui fit : « Monsieur le Premier ministre, votre intérêt pour la  question m’oblige et me fait le devoir de vous donner mon opinion. Je souhaiterais  toutefois le faire en présence du ministre de tutelle » (p. 106). Cette réponse montre  que TAS mesurait les enjeux de la question et voulait jouer sa partition efficacement  pour défendre utilement les intérêts du Sénégal. Il entendit donc couvrir d’une  certaine solennité la délivrance de son opinion sur un projet qui lui paraissait, à tout  le moins, scandaleux afin d’essayer de convaincre les titulaires du pouvoir de décision  de sa dangerosité. Macky Sall fit droit à sa demande, à la « grande surprise » de TAS  comme il l’écrit dans le livre. Le lendemain, Macky Sall convoqua une réunion à la  primature où étaient présents le Président de l’Assemblée nationale (qui était aussi le  maire de Dakar), des ministres et hauts fonctionnaires. Dans son livre, TAS laisse  entendre que cette présence massive de hautes personnalités dans la salle de  conférences de la primature était liée à l’intérêt (personnel) qu’ils portaient au projet 

d’occupation de la bande verte. On comprend mieux quand TAS écrit : « je puis  affirmer sans risque de contradiction que j’étais seul contre tous ». En d’autres termes, de tout ce beau monde présent à la rencontre, seul TAS s’était opposé à ce  projet scandaleux : tous les techniciens de l’aviation civile, ainsi que les autres  personnes présentes étaient favorables au projet. Pourtant, on n’avait pas besoin  d’être ingénieur pour savoir que le projet était impertinent et dangereux. D’ailleurs,  TAS n’a éprouvé aucune difficulté pour le démontrer : « plus de la moitié des  accidents d’avions surviennent en phases de décollage ou d’atterrissage, c’est-à-dire  dans ou à proximité des aérodromes » (p. 108), fit-il. Afin de mieux frapper les esprits  et d’en appeler une dernière fois aux responsabilités des uns et des autres, TAS jugea  bon de rappeler dans son argumentation le désastre du bateau Le Joola (près de 2000  morts) qui découla notamment d’un laxisme notoire de l’État du Sénégal. La bande  verte faisait partie en effet du périmètre sécuritaire de l’aéroport. 

En fait, cette technicité n’intéressait guère l’autre camp. Ils étaient tous là, non pas  pour discuter de la pertinence du projet, mais pour bénir une boulimie foncière aux  fins spéculatives et d’enrichissement personnel d’une caste : l’élite politico administrative. C’est dire que l’actualité relative au carnage foncier dans notre pays  n’est que la suite d’une très longue série d’actes ignobles perpétrés par les régimes  successifs (une aggravation spectaculaire depuis le régime de Wade est à noter) avec  la complicité de la justice et de hauts fonctionnaires. L’une des conséquences  fâcheuses de cette pratique irresponsable tient au problème d’assainissement dans les  grandes villes comme Dakar et les inondations que nous vivons depuis quelques jours  en sont la preuve. TAS le mentionne avec force dans son livre pour montrer les effets  néfastes qui pourraient résulter de la mise en œuvre du projet d’occupation de la  bande verte. TAS rappelle que « un pan nord de la clôture de l’aéroport avait cédé  sous les eaux drainées à partir des cités érigées en toute illégalité le long de la zone  d’approche du seuil sud dans le piste principale » (p. 105). En effet, poursuit-il, « le  système de drainage des eaux de l’infrastructure, composé de deux canaux déversant  directement à la mer à travers Ngor, avait été démantelé insidieusement par des  occupations irrégulières entamées au milieu des années 1990, sous le magistère  d’Abdou Diouf » (idem). Ces passages en disent long sur la vision politique de TAS  qui voyait dans le projet d’occupation de la bande verte non seulement une énième  dépravation foncière, mais aussi une source de compromission de toute politique  d’assainissement sérieuse dans cette zone comme dans d’autres à Dakar. Il fallait  donc se faire entendre par les autorités. 

La plaidoirie de TAS fut entendue, le Premier ministre Macky Sall ayant déclaré le  projet définitivement inapproprié. Mieux TAS fit conforté par ces mots de Macky  Sall : « mes félicitations pour la manière dont vous avez présenté votre position » (p.  108). Le soir, ce fut le tour du ministre Ousmane Masseck Ndiaye de réitérer lesdites 

félicitations au téléphone : « Thierno, le Premier ministre m’a demandé de vous  féliciter pour votre courage » (idem). 

Cet épisode raconté dans le livre montre que Macky Sall savait bien longtemps de  quel bois est fait TAS. D’ailleurs, cette affaire a beaucoup contribué à rapprocher les  deux hommes jusqu’à la création de l’APR. TAS le dit dans le livre : « Mes premières  impressions favorables à Macky Sall furent confortées au cours des rencontres  suivantes sur des dossiers sensibles, celui de la compagnie Air Sénégal International  en particulier » (p.109). Macky Sall et TAS partageaient les mêmes vues sur bien de  points relatifs à la gestion des affaires publiques. Quelqu’un a dû changer entre temps  pour que cette convergence de vues vola en éclat et c’est sans doute Macky Sall. TAS  est resté lui-même : un homme prêt à se dresser contre n’importe quelle forteresse  pour défendre les intérêts de la Nation quel qu’en soit le prix à payer. 

Valdiodio Ndiaye DIOUF


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