Notes de lecture: de l’urgence d’agir pour un nouveau leadership africain

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Le développement tel qu’il est imposé aux sociétés africaines est fortement tributaire d’une culture et d’une vision du monde caractéristiques de la philosophie occidentale linéaire, la Banque Mondiale et le FMI assurant le service après-vente !
En raison de l’absence de lien entre la croissance économique et l’amélioration du bien-être, il est urgent pour les Africains d’imaginer des nouveaux modèles de leadership pour s’attaquer à la myriade de problèmes qui interpellent le continent.
Un nouvel état d’esprit est en train d’émerger, qui reconnaît que les questions de développement en Afrique sont trop complexes et confuses, et ne peuvent être traitées par le leadership traditionnel. Les exemples triviaux qui mettent en lumière cette complexité sont légion : corruption endémique ; inondations ; maladies ; incendies ; coupures intempestives d’eau et l’électricité même dans les capitales africaines.
L’ancien Président du Ghana, John Agyekum Kufuor, estime que « ce dont l’Afrique a besoin, c’est le leadership. Un bon leadership. Pas n’importe quel type de leadership, mais le leadership qui a été bien préparé à diriger un développement socio-économique, qui a une vision et est imprégné d’un zèle missionnaire pour s’attaquer à la myriade de problèmes qui interpellent le continent par ordre de priorité. »
Pourtant, au vu des événements récents qui alertent sur la propension de la plupart des dirigeants du continent à fouler aux pieds les dispositions constitutionnelles de leurs pays respectifs qui leur interdisent de briguer un troisième mandat, ou d’extraire leur sort des aléas d’un jeu démocratique qu’ils ne maitrisent pas, il y a de quoi se demander si l’Afrique ne serait-elle pas en panne du leadership politique capable de fonder véritablement l’Etat démocratique respectueux des droits humains et travaillant à la mise en place des conditions de paix et de liberté, gage d’un développement humain durable ?
La question mérite d’être posée, tant la plupart des nouveaux leaders installés au pouvoir instaurent des régimes dont les méthodes de gestion s’inspirent de celles du Prince de Machiavel. Comme ce dernier, ils reconnaissent : qu’il est impératif que la politique fasse preuve à la fois de force, pour contenir les uns, et de ruse, pour déjouer les pièges tendus par les autres ; qu’il faut que le pouvoir soit plus craint qu’haï, car la haine épuise et menace ; que les passions sont à flatter, au bon moment, selon les circonstances ; que l’art politique est également la faculté de tirer profit de l’éphémère passionnel.
Ces leaders reposent leurs méthodes de gestion sur des forces politico-militaires partisanes et redoublées d’affinités régionales et/ou ethniques qui contrastent avec tout projet de moralisation de la vie politique. La politique, ce n’est pas la morale. La politique, c’est la gestion d’intérêts qui s’entrechoquent ; entendons-nous dire. On décrète alors, arborant à l’occasion une référence à la pensée de Machiavel, les dangers auxquels nous exposerait toute tentative d’unir la politique à la morale. Politique et morale ne font pas bon ménage. Au nom du réalisme politique, tout aussi bien dans le domaine des relations internationales que nationales, il arrive que le leader africain défende encore, bien que plus sourdement, la nécessité de s’affranchir des préoccupations morales.
Il est temps de relever le défi de l’affirmation d’un vrai leadership légitimé par le mérite et la compétence que doit incarner le leader, la cohésion sociale sans laquelle l’unité nationale est hypothéquée, l’intégrité qui permet de soupeser l’honnêteté et la loyauté du leader, la confiance pour examiner sa légitimité. C’est à ces conditions que celui qui incarne le leadership vrai et authentique peut devenir un grand et exceptionnel dirigeant à la tête de la Nation.
Il y a véritablement un besoin urgent en Afrique d’un nouveau type de leadership possédant le courage et les compétences nécessaires pour construire et réinventer le continent en ces temps de changement complexe, dynamique, imprévisible et dans tous les domaines socio-économiques, politiques, et technologiques.
Synthèse de lectures par Cissé Kane NDAO Président A.DÉ.R

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