Le Sénégal a un cadre législatif et réglementaire garantissant la liberté d’expression aux professionnels des médias et aux autres citoyens, selon un rapport de la Fondation Friedrich Ebert, qui lie le blocage du nouveau code de la presse à des « distorsions » notées dans la pratique du métier de journaliste dans le pays.
« Ce qui ressort de ce rapport, c’est que le Sénégal reste un pays de liberté pour les journalistes et pour les citoyens. La situation, sans être reluisante, est quand même appréciable. On ne peut pas se plaindre d’une absence de liberté », a reconnu le journaliste Souleymane Niang, citant l’édition 2013 du « Baromètre des médias au Sénégal ».
Ce rapport a été produit par des membres de la société civile et des professionnels des médias. Il a été publié pour la première fois en 2010.
Selon Souleymane Niang, rapporteur de l’édition 2013 de ce rapport, des textes législatifs et réglementaires « garantissent » et « rendent opérationnelle » la liberté d’expression au Sénégal, mais « on a parfois de petites distorsions dans la pratique, à cause de fautes commises par les bénéficiaires de cette liberté et des gens qui ne veulent pas que la liberté soit exercée ».
Le « Baromètre des médias au Sénégal » est présenté par ses auteurs comme une analyse locale du paysage médiatique sénégalais. La fondation allemande Friedrich Ebert a participé à la production du document.
Il contient les avis de Souleymane Niang (directeur de la West Africa Radio Democracy (WADR), de ses confrères Mamadou Biaye, Ibrahima Khaliloulah Ndiaye et Cheikh Thiam. Mais aussi de Fatou Sow Sarr, Voré Gana Seck, Matar Sall, Boubacar Seck, Amadou Kanouté et Fatou Jagne Senghore, pour la société civile.
Au Sénégal, « il y a des textes règlementaires qui donnent des droits et veillent à ce que ces droits soient respectés, par les journalistes et les entreprises de presse, mais aussi par les autorités », a dit Souleymane Niang.
« La tendance qui se dégage, c’est que la liberté d’expression existe au Sénégal », a insisté Niang. Il pense que les contraintes que vivent les médias et les journalistes ont pour origine la non-application du nouveau code de la presse.
« L’étude montre que le nouveau code de la presse pourrait apporter des avancées substantielles à l’environnement des médias, sur les pratiques professionnelles, le statut des journalistes et le fonctionnement des entreprises. Mais si seulement ce code est adopté » par l’Assemblée nationale et appliqué par les professionnels des médias et leur patronat, a-t-il expliqué.
Il déplore, citant encore le rapport, que « ce texte est toujours reste bloqué, en ce qui concerne la question centrale sur la déprisonnalisation des délits de presse ».
L’Assemblée nationale devait examiner le nouveau code de la presse depuis 2012. Mais certains députés estiment que le texte est peu contraignant pour les journalistes, ce qui pourrait, à leurs avis, entraîner des abus de la part des médias.
Le rapporteur de l’étude a aussi dénoncé « l’emprise des autorités » sur le contenu informationnel du quotidien gouvernemental Le Soleil et de la Radio-télévision sénégalaise (RTS). L’administration de ces deux médias d’Etat n’échappe pas à cette emprise, selon les auteurs du rapport.
« Cela est surtout visible à la télévision publique (RTS). Mais au journal Le Soleil, les journalistes ont plus de marge de manœuvre dans le traitement de l’information. Là-bas aussi l’administration est moins soumise que celle de la RTS à la pression des autorités », a affirmé Souleymane Niang, sur la base du contenu du rapport.
Le rapport relève « la presque inexistence de données scientifiques sur l’environnement des médias au Sénégal, d’où la nécessité de renforcer les structures de recherche et d’orienter les centres d’intérêt, dans les écoles de formation » des journalistes.