La cérémonie de remise des diplômes aux sortants de l’Ena (Ecole nationale d’administration – promotions 2003 à 2009), hier à Sorano, avait des allures de théâtre avec un Abdoulaye Wade qui a revêtu sa casquette de leader du Parti démocratique sénégalais pour dire devant l’assistance qu’il ne veut pas d’une section Pds à l’université. L’auditoire a eu droit au show du Pape du «Sopi», qui ne s’est pas gêné, dans une cérémonie solennelle, d’accuser le Président Senghor d’avoir introduit les partis politiques au temple du savoir. Par Mame Woury THIOUBOU
L’Ecole nationale d’administration (Ena) est une école où l’on cultive les vertus républicaines. Faisant l’éloge de son établissement, le Directeur général a souligné que la laïcité n’est pas un vain mot pour les élèves. Bien qu’issus de milieux différents aussi bien sur le plan ethnique, religieux que politique, ils n’en veillent pas moins à respecter les consignes de l’école qui sont?: «Pas d’activités politiques, syndicales ou religieuses.» Une règle qui semble beaucoup plaire au chef de l’Etat. Présidant à la remise des diplômes à six promotions de cet établissement, Abdoulaye Wade a appelé les étudiants des universités à s’inspirer de cet exemple. En effet, selon le président de la République, «chaque étudiant peut adhérer à un projet politique individuel», mais sans que cela ne se traduise par l’immixtion pleine et entière des partis politiques dans l’établissement.?«Je ne veux pas d’une section du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’Université», a rajouté le Président Wade qui jette comme un pavé dans la mare, que «c’est Senghor qui a introduit les partis à l’Université. Et impossible depuis de s’en débarrasser?!» Oubliant sans doute que lui-même et son parti ne se sont que trop souvent servi de cette «main-d’œuvre» malléable pour mener leurs actions du temps de l’opposition, Me Wade exhorte aujourd’hui les jeunes à agir autrement en s’inspirant des vertus des parrains choisis pour ces six promotions.
715 RECIPIENDAIRES DES PROMOTIONS DE 2002 A 2009 FETES
Les 715 récipiendaires des promotions 2002, 2003, 2005, 2006, 2007 et 2009 ont dû attendre, en effet, plus ou moins longtemps avant de recevoir leur parchemin. La cause de cette «parenthèse regrettable», comme le dit le professeur Wade, nous n’en saurons pas grand-chose, si ce n’est que le Directeur de l’Ena, Abdoulaye Camara, explique qu’il y a eu «des difficultés pour organiser cette cérémonie régulièrement». Aussi, le palais de la République, cadre habituel de la cérémonie, s’est révélé trop petit d’où le choix de Sorano.
Créée en 1959, l’Ena, d’abord Ecole fédérale d’administration du Mali, finira par devenir, en 1992, l’Ecole nationale d’administration en absorbant le Centre de formation professionnel de l’administration (Cfpa). En cinquante ans d’existence, le bilan du Directeur est à l’avenant. L’excellence reste le credo de cette école dont les sortants sont appelés à constituer «l’architecture» de l’Etat sénégalais, souligne Abdoulaye Wade.
L’ENVIRONNEMENT ET LE CADRE DE VIE AMELIORES
Une recherche d’excellence qui n’épargne pas l’environnement et le cadre de vie, puisque souligne le directeur, des efforts ont été faits pour venir à bout d’un voisinage peu reluisant pour d’illustres futurs hauts fonctionnaires. Un voisinage de petites gens en quête de leur pain quotidien dont M. Camara assure que «le spectacle hideux» ne sera plus imposé à ses élèves. Le coup de balai n’épargne pas non plus le terrain foyer,?repaire de délinquants où il y a même eu des tueries. Une action vivement saluée par Me Wade, qui en fait «une question de dignité».
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