Hyper volatile, la Bourse de New York est parvenue à conclure en ordre dispersé vendredi, non loin de l’équilibre, mais accuse une nouvelle semaine de pertes.
L’indice Dow Jones a grappillé 0,03% à 31.261,90 points, après avoir passé l’essentiel de la séance profondément dans le rouge, dans un marché toujours inquiet de l’inflation et de son impact sur les marges des entreprises.
Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a limité ses pertes à -0,30% à 11.354,62 points, après avoir perdu jusqu’à presque 3% en journée.
Le S&P 500 a finalement conclu à l’équilibre (+0,01%) à 3.901,36 points. Cet indice, le plus représentatif du marché américain, a franchi en séance le seuil de 20% en dessous de son sommet de janvier 2022, pénétrant ainsi en zone de « bear market » ou marché baissier.
« Un marché baissier pour le S&P, cela veut dire en général une croissance ralentie de l’économie, voire une récession l’année prochaine, comme certains l’évoquent », prévenait Karl Haeling, de LBBW.
Les indices new-yorkais, ébranlés depuis des semaines par les répercussions de l’inflation aux Etats-Unis et dans le monde, accusent ainsi leur septième semaine de pertes d’affilée pour le Nasdaq et le S&P, une première depuis 2001, au lendemain de l’éclatement de la bulle internet.
Pour le Dow Jones, c’est une huitième semaine consécutive de pertes qui s’accumule, une série noire pas vue depuis 1923.
Les premiers gains de la séance se sont dissous pour finir une semaine volatile qui a vu certains résultats financiers dans le secteur de la distribution exacerber les vents contraire de l’inflation », ont estimé les analystes de Schwab.
Cette semaine, les actions ont été entraînées dans une spirale descendante provoquée par des résultats et perspectives médiocres annoncés par les groupes de distribution américains.
Ceux-ci ont averti que la hausse des coûts réduisait leurs marges et leurs ventes et commençait à changer les modes d’achat des consommateurs.
Dernier groupe en date, la chaîne de prêt-à-porter discount Ross Stores a perdu plus d’un cinquième de sa valeur en Bourse (-22,47%) après avoir signalé des ventes décevantes. Les chaînes Target (+1,26%) et Walmart (+0,11%), très chahutées cette semaine après des annonces similaires, ont repris un peu de vigueur vendredi.
Karl Haeling, spécialiste des marchés des capitaux pour la branche new-yorkaise de Landesbank Baden-Württemberg (LBBW) soulignait par ailleurs qu' »une nouvelle corrélation s’établit entre les marchés chinois et américain ».
« Tous ces confinements en Chine et les ruptures d’approvisionnement qu’ils entraînent, commencent vraiment à peser sur le marché. Cela a été le thème de la semaine et le sera peut-être pour les prochains mois », a-t-il affirmé.
La perte hebdomadaire des indices new-yorkais atteint 2,90% pour le Dow Jones, 3,82% pour le Nasdaq et 3,04% pour le S&P 500.
Six secteurs sur les onze du S&P ont terminé en territoire positif, dont les services de santé (+1,26%), l’immobilier (+1,19%) et l’énergie (+0,43%).
Le secteur des dépenses non-essentielles a fléchi le plus (-1,53%) alors que les consommateurs américains commencent à se serrer la ceinture face à l’inflation en étant plus sélectifs dans leurs achats.
Certains grands noms de la tech ont repris très légèrement des couleurs comme Meta (Facebook, +1,18% à 193,54 dollars), Apple (+0,17% à 137,59 dollars) ou Netflix (+1,56%) mais pas Tesla. Le titre du constructeur de voitures électriques a lâché 6,42% à 663,90 dollars.
Twitter a lui gagné 2,68% à 38,29 dollars alors que le réseau social est la cible d’une offre d’achat de la part d’Elon Musk, le patron de Tesla.
L’action du groupe d’engins agricoles Deere a plongé de 14,07% malgré une hausse de ses prévisions de bénéfice, le fabricant s’attendant à ce que les soucis de chaîne d’approvisionnement pénalisent sa production et ses livraisons.
Les rendements sur les bons du Trésor à 10 ans se sont détendus à 2,79% contre 2,83% la veille, alors que les obligations attiraient les investisseurs, ce qui faisait monter leur prix et affaiblissait leur rendement.