Pour son premier coup d’essai, l’écrivain Mamadou Camara publie ‘Nuit de sang’, un recueil de sept nouvelles.Des histoires imaginaires qui mettent en relief des anti-modèles de la société. L’ouvrage est publié aux Editions Ruba.
Le premier recueil de Mamadou Camara ‘Nuit de sang’ est composé de sept nouvelles. L’une d’elles porte le titre de l’ouvrage. L’écrivain y traite des faits de société. Mais l’originalité des histoires imaginaires de Camara réside dans sa présentation des anti-héros. Une manière sans doute de faire prendre conscience sur des réalités sociales qui gangrènent la communauté.
Nuit de sang raconte l’histoire d’un jeune homme dont le nom n’est pas mentionné dans le livre. Il revient sur sa mésaventure avec Alimatou, la femme de sa vie. Celle à cause de qui, il a rompu avec ses proches et qui l’a abandonné pour s’enfuir avec son cousin Mayoro. L’immigré se souvient de sa dulcinée à cause de qui il est aujourd’hui interné à l’hôpital et a aimé ‘Dame drogue’ pour tout oublier.
Tout est partie de cette nuit de noce où Alimatou comptait sur le coq blanc que devait égorger sa tante Bigué, sa complice pour la préserver de la risée du quartier. Mais le coq refusant l’immolation dans la chambre s’échappe… Il leur fallait alors du sang avant le point du jour pour sauver leur honneur. Où prendront-ils du sang ? L’écrivain poursuit l’histoire : ’Le cœur débordant d’amour, de l’amour pour toi, j’arrachai le couteau des mains tremblantes de tante Bigué et je me fis cette incision dont ma cuisse gauche porte encore la marque. Le sang coula aussitôt et ne voulut plus s’arrêter… Il y a eu beaucoup trop de sang, plus de sang qu’il ne fallait pour tacher ton beau pagne blanc immaculé’. Il fut atteint d’une terrible infection depuis ce jour-là.
Camara raconte aussi dans ‘Salaire’ l’aventure de Sakoura qui après six années de chômage frustrant réussi à se faire recruter comme démarcheur dans une société commerciale. En possession de son salaire, il concentre toute son attention sur l’enveloppe fatidique sur le chemin du retour à la maison. Au détour d’une ruelle, Sakoura tira d’une poche l’enveloppe et vérifia le contenu. Mais en rempochant l’argent, il s’aperçoit qu’un homme d’une quarantaine d’années était en train de l’épier. Pris de panique, il essaie de le semer en errant dans la ville. Mais l’homme reste collé à lui. Sakoura se rendit à la police pour dénoncer ‘son voleur’. Mais malheur pour lui, celui qu’il a dénoncé est l’inspecteur Ninki qui sera chargé de l’arrêter.
L’auteur du recueil est un observateur de la société sénégalaise. Ses nouvelles sont captivantes et très descriptives des faits et gestes de la population. Il ne prend pas part à l’histoire. Le nouvelliste laisse ses personnages raconter leurs mésaventures. L’auteur restitue des personnages qui ressemblent à des anti-héros. Et relève Marouba Fall, préfacier de l’ouvrage, : ‘on le sent rire sous cape ou s’émouvoir du sort désopilant ou tragique des personnages qu’il met en situation’. Avant d’ajouter : ‘Camara regarde avec un œil attentif les êtres et leur cadre de vie, les analyse pour n’en mettre en lumière que les éléments distinctifs.’
L’écriture est simple facilitant la lecture. Nuit de sang, 104 pages, publié en 2010 par Ruba Editions grâce au fonds d’aide à l’édition.
Mamadou Camara, né en 1950 à Dakar, est sorti de l’Ecole nationale de formation hôtelière et touristique. En plus du français qu’il écrit, il pratique le russe, l’anglais et l’espagnol. L’écrivain promet de publier d’autres nouvelles sur la quatrième page.
Fatou K. SENE