La ville sainte de Touba étouffe, elle n’en peut plus. Le Khalife général des Mourides a ainsi ordonné le déguerpissement des commerçants installés sur la corniche avant le 05 octobre. Une situation inédite qui en dit long sur le degré d’exaspération des autorités religieuses par rapport à l’incivisme des populations qui, dopées par l’appartenance religieuse commune à la même confrérie, se croient tout permis.
Les étudiants en Sciences politiques se voient souvent donner l’exemple de Touba comme matérialisant l’existence d’un Etat dans l’Etat. En clair, la ville religieuse, avec son statut spécial conféré par la loi, fonctionne en marge de biens des lois de la République.
Malheureusement, c’est là une force, mais aussi une faiblesse. Nombre de Sénégalais ont en effet cette manie de tenter de contourner les règles pour emprunter des raccourcis afin d’atteindre leurs objectifs sans coup férir.
Ainsi, au grand dam des autorités religieuses et étatiques, nombre d’habitants de cette ville ont excellé dans le commerce illicite de médicaments, de marchandises frauduleuses, d’armes à feu, etc.
Au regard de l’agrandissement exponentiel de la ville, de nombreux villages du Baol ou d’autres localités se sont vidées de leurs habitants venus rejoindre Touba, sans aucun métier parfois, ou la certitude d’avoir une source de revenu.
Ainsi, malgré l’existence de chaines de solidarité que certains marabouts et des bonnes volontés ont mises en place, ces populations souvent analphabètes ont dû investir le secteur informel, excellé dans le système D en institutionnalisant la débrouille comme mode de vie.
Il s’en est suivi une occupation anarchique de la voirie, un étouffement de la ville sous le poids de ces petits commerces en tous genres, surtout lors du Grand Magal ou d’autres manifestations religieuses.
Aujourd’hui, la coupe semble pleine et la colère du Khalife en dit long.
Pourtant, Touba ne vit rien de spécial en la matière par rapport au reste du pays. La ville a une Police, une Gendarmerie et même une forme de milice religieuse assez dynamique.
C’est dire que la souveraineté de l’Etat s’y exerce pleinement, sauf exception.
Absence d’autorité
Le problème est que Touba est en train de subir le mal sénégalais. Nous venons en effet de vivre le quinzième anniversaire du naufrage du Diola avec ses 2 mille morts sans que cela n’impacte sur notre mode de vie.
Au contraire, les choses se sont même aggravées. La preuve, on a assisté, tout récemment, au crash d’un ‘’avion-Ndiaga Ndiaye’’ d’Air Sénégal qui n’avait rien pour voler.
Chaque jour, les morts se comptent sur nos routes et dans d’autres secteurs. Si les Maires et les autorités préfectorales pouvaient faire comme Serigne Sidi Mokhtar en sifflant la fin de la récréation et en prenant des mesures énergiques, ce serait peut-être le début de la solution.
Car, ce qui se passe sous nos yeux n’est pas une fatalité. Il suffit qu’il y ait une réelle volonté politique, suivie de la dynamique nécessaire de changement à tous les niveaux, pour que les résultats suivent. Aujourd’hui, notre cadre de vie est défectueux, nos rues occupées par de petits débrouillards qui se croient tout permis, les normes de construction ne sont pas respectées, les pêcheurs sénégalais retournent en Mauritanie où ils sont interdits d’exercice, chacun a sa voiture ‘’clando’’ qui concurrence des taxis bons pour la casse, nos routes sont ensablées y compris en face du Ministère de l’Habitat et du Cadre de vie, etc.
Dakar, Thiès, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis, Ziguinchor et les autres villes, sans oublier les bourgades, subissent la même situation que Touba. Le problème est que nous manquons de cette autorité capable de dire tous simplement ‘’Assez!’’. L’Etat laisse trop faire en ne s’occupant que des questions pouvant procurer des moyens de survie. Les municipalités allient incapacité et incompétence.
Le Service d’hygiène qui commence à montrer le bout du nez manque cruellement de moyens d’imposer le respect des règles d’hygiène.
Si Touba réussit sa mue, il faudrait que les villes et autres localités suivent en imposant l’autorité nécessaire au respect du minimum de règles nécessaire à la vie en commun.
Cependant, ce n’est pas gagné d’avance car même les cimentières fermées de Touba sont parfois rouvertes illégalement pour des enterrements.
Comme quoi, nous sommes têtus jusqu’à l’Au-delà.
Rewmi quotidien
Disons-nous la vérité, l’ administration de la ville de Touba doit revenir à l’Etat ou plus exactement à la puissance publique, comme ceci partout dans la République du Sénégal. En toute objectivité, le Khalif de dispose pas de moyens humains, matériels, techniques, administratifs, policiers,spécifiques,etc. pour contrôler la sécurité et l’administration de la ville avec tout ce qu’elle renferme de gens mal intentionnés,qui, sans une vraie police et gendarmerie pour les combattre, ces malfrats et d’autres agiront comme bon leur semble, les autorités civiles en place n’y pourront absolument rien. Ce sont justement, ces bandes de malfaiteurs qui poussent le Khalif à ne pas laisser la force publique régler le problème sans aucune intervention ou injonction du Khalif Général. Ceux qui n’ont, réellement, rien à se reprocher, n’ont rien à craindre de la présence des forces de l’ordre et de l’administration normale et dans les règles. Il faut penser à la sécurité publique des populations de Touba, qui ne sont pas des Mbacké-Mbacké victimes des bandits qui ont envahi la ville de Touba, dire autre chose au Khalif, que cela, c’est l’induire en erreur en ne lui disant pas toute la vérité. Rappelons nous que Serigne Abdou Lahad Mbacké durant son khalifa avait bien réglé la question en faisant la chasse aux malfrats avec leurs complices internes. Nous sommes dans des temps modernes avec des bandits qui emploient moyens sophistiqués pour faire du mal et propager la drogues et toute sorte de mal dans Touba assurés d’avance, qu’ils ne seront pas pris par ceux qui administrent actuellement la ville, car ils n’en ont pas ni les moyens ni la volonté.