C’est avec beaucoup de peines et de déceptions que j’ai suivies l’émission « Face to Face » sur la TFM. L’invité de ce jour, le journaliste Aliou Nd’iaye a eu beaucoup de difficultés à rendre scientifique son analyse sur la vie politique sénégalaise. « Karim Wade n’a pas une représentativité électorale et n’a pas de carrière politique » affirme-t-il. Une analyse biaisée. Aimons-le ou détestons-le, mais ayons le courage intellectuel de reconnaître qu’entre 2011 et 2018, le regard de l’opinion sur Karim Wade a considérablement évolué. Le pestiféré d’hier est très adulé aujourd’hui par une partie non négligeable de l’opinion publique sénégalaise.
Sur l’affaire Khalifa Sall, il invite la presse à ne point avoir le complexe de l’opposition. « L’Honorable député Maire de Dakar est incapable de justifier l’utilisation de la caisse d’avance », soutient-il. A en croire son argumentaire, la culpabilité de Khalifa Sall coule de source. Ainsi, l’analyste politique accorde la présomption de culpabilité au Maire de Dakar et lui prive de droit son de présomption d’innocence, un droit de l’Homme fondamental.
A propos d’Idrissa Seck, le journaliste Aliou Ndiaye est catégorique: « Idrissa Seck connaîtra sa plus sévère défaite en 2019 », Ce dogmatisme à 5 mois de la présidentielle et au vu que l’opinion n’est pas statique, mais évolutive enlèvent tout caractère scientifique à son analyse.
Il accuse le leader du Pastef, Ousmane Sonko d’être « excessif » et qualifie sa démarche de « populiste ». Certainement, le Monsieur Ndiaye confond discours véridique et discours va-t-en guerre. Ousmane Sonko me semble assez averti pour ne jamais se verser dans l’excès car l’histoire politique sénégalaise à démontrer à suffisance que l’opinion n’a jamais été favorable aux acteurs politiques radicaux et insolents. Amath Dansokho et Talla Sylla en sont de parfaites illustrations. Et reconnaissons que Sonko et Pastef contribuent bien à l’amélioration de la qualité du débat politique sénégalais et innovent, à bien des égards, dans la manière de faire de la politique sous nos cieux.
Le président candidat Macky Sall, quant à lui, peut dormir sur ses lauriers car « devant, c’est maïs » pour reprendre le slogan du Président Gbagbo Laurent. En fait, pour le journaliste Aliou N’Diaye « Macky va gagner en 2019 (…) il n’a pas d’adversaires sérieux ». Autrement-dit, Prési vous pouvez être moins obsédé par un second mandat, n’utilisez plus l’appareil d’Etat contre vos adversaires, cessez d’être un guichet automatique de banque et honorez le statut de vitrine démocratique du Sénégal en Afrique. Bon pardon j’oublie que pour l’analyste Aliou N’Diaye, « la démocratie sénégalaise est en bonne santé ». Pourtant pas besoin d’être Montesquieu pour comprendre que le plus grand tort que Macky Sall ait porté à notre pays est d’avoir réussi à faire du Sénégal une démocratie mensongère.
Tout compte fait, Aliou N’Diaye s’est moins exprimé en journaliste analyste politique qu’en wadophobe primaire et proche du régime de Macky Sall. En 2005, Aliou N’Diaye, directeur de publication du quotidien L’Observateur d’alors, a été condamné par le tribunal de Dakar à trois mois de prison avec sursis pour diffamation sur la personne de Karim Wade. Apparemment, cette condamnation lui reste encore en travers de la gorge. Ses accointances avec le pouvoir actuel sautent à l’œil nu. Sa fonction d’ancien secrétaire général du mouvement « Fekke ma ci bolé » de Youssou Ndour et sa nomination comme directeur de cabinet du ministre porte parole du gouvernement Seydou Gueye en juillet 2015 en sont la preuve. Le problème du Sénégal, c’est aussi ces personnes qui se font passer pour des analystes politiques alors qu’elles ne font qu’objectiver leur subjectivité, décrédibiliser le discours scientifique et déshonorer la science.
Adama SADIO ADO
M. Sadio vous avez parfaitement le droit de vous opposer au régime actuel et même parfois avec raison, mais pour tous ceux qui comme moi ont intégralement écouté l’émission, Aliou Ndiaye n’a rien dit qu’on ne connait pas déjà. Il n’y a aucun doute sur la culpabilité de Khalifa Sall et de Karim Wade. Les faits sont là accablants et irréfutables. Écoutez les commentaires des gens dans les rues, les marchés, les maisons etc., ils disent la même chose qu’Aliou Ndiaye. Quant à Sonko, Aliou Ndiaye dit tout haut ce que l’écrasante majorité des Sénégalais pense de lui : il est arrogant et populiste. Moi-même j’attire depuis plus d’un an l’attention des soutiens de Sonko sur ce fait : il faut faire des promesses réalistes aux gens car s’opposer n’est pas gouverner. Quelqu’un qui promet 150 milliards à des familles religieuses alors qu’il dénonce la malgouvernance et le chômage des jeunes, si ce n’est pas du populisme ou de l’amateurisme, dites-moi ce que c’est…