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[Opinion] Bienvenue à Kaffrine Monsieur le Président, une vaste région où tout est à faire

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Excellence, Monsieur le Président de la République, vous avez choisi la région de Kaffrine pour y tenir le prochain Conseil des Ministres délocalisé. Merci pour ce choix qui nous fait tant plaisir et suscite en nous un immense espoir pour notre jeune région qui n’a que peu bénéficié des politiques publiques de développement économique et social.

Ancien département de la Région de Kaolack, la région de Kaffrine est née des réformes administratives de 2008. D’une superficie de 11 181 km2, soit près de 3 fois la superficie de l’actuelle région de Kaolack, elle est l’une des 5 régions les plus vastes du Sénégal. Sa population est estimée à environ 600 000 habitants soit 4,5% de la population du pays.

La région de Kaffrine est essentiellement habitée par des Wolofs, Peulhs, Sérères et Bambaras.

Elle est située  au centre du Sénégal et limitée, au Nord, par les régions de Matam, Louga, Diourbel et Fatick, au Sud, par la République de Gambie, à l’Est, par la région de Tambacounda, à l’Ouest, par la région de Kaolack.

La région de Kaffrine n’est pas bien dotée sur le plan socioéconomique. C’est une région plutôt rurale avec un indice de pauvreté supérieur au chiffre national (63,8/46,7) mais elle est loin d’être la région la plus pauvre du Sénégal. L’activité économique régionale est principalement dominée par l’agriculture, l’élevage et l’exploitation forestière. Notre région est le cœur du bassin arachidier mais aussi est le grenier du Sénégal pour le mil et le maïs. Toutefois, l’artisanat, le commerce et le transport sont des secteurs relativement dynamiques.

Monsieur le Président de la République, la région que vous allez visiter est une région démunie en infrastructures de toutes sortes. Tout est à faire dans cet ancien département récemment érigé en région. Les populations vont vous recevoir avec un enthousiasme sincère tout en  souhaitant profiter de cette opportunité pour vous présenter leurs doléances par l’intermédiaire de leurs organisations socioprofessionnelles : artisans, agriculteurs et éleveurs.

En tant que cadre de la localité, très impliqué dans la vie de ma région, je me permets de résumer à votre intention, les principaux obstacles à l’émergence de notre jeune et belle région.

Education :

Le taux brut de scolarisation dans la région est extrêmement bas par rapport à la moyenne nationale (50,8/95,0). Cependant, il ya lieu de se féliciter du nombre très élevé de jeunes filles scolarisées.

La région de Kaffrine est une des régions où il y plus d’abris provisoires aussi bien dans le primaire que dans le secondaire et ceci est un facteur défavorable pour un bon apprentissage et un motif de découragement des parents à envoyer leurs enfants à l’école.

L’implantation des CEM dans les chefs lieu de communes et gros villages de la région est satisfaisante. Cela a permis à plusieurs jeunes élèves de poursuivre leurs études après le CM2.

Cependant, le nombre de lycées dans la région est insuffisant. Par manque de salles de cours, les élèves travaillent dans des conditions non propices à la réussite.

Région d’élevage, d’agriculture et d’exploitation forestière, Kaffrine n’a pas, à ma connaissance, un seul lycée technique. C’est un des problèmes de notre région et nous comptons sur votre séjour parmi nous pour avoir au moins un lycée technique.

Notre requête Monsieur le Président :

  • Elimer les abris provisoires ;
  • Augmenter le nombre d’écoles préscolaires et primaires ;
  • Construire les CEM ;
  • Maintenir les cantines scolaires ;
  • Construire les lycées et augmenter leur nombre ;
  • Créer des lycées et/ou centres de formation professionnels dans chaque commune départementale ;
  • Doter plus de moyens aux inspections notamment pour leur mobilité.

Agriculture

Les principales cultures hivernales sont le mil et l’arachide. Si la pauvreté a fortement augmenté dans la région, c’est dû aux difficultés de la filière arachidière mais aussi à l’épuisement des sols.

Le mil est la céréale consommée par les populations de la région le soir et le matin. C’est donc une céréale stratégique pour nous et même pour le Sénégal. Nous souhaitons que le mil soit une priorité dans le PRACAS.

Notre requête Monsieur le Président :

  • Une relance de la culture de l’arachide ;
  • Un système de commercialisation opérationnel ;
  • Redynamisation et implication de la SUNEOR dans la filière arachidière ;
  • Soutien aux arachiculteurs pour les intrants et le matériel agricole ;
  • Encadrement des paysans avec l’implication de l’ISRA, de l’ANCAR, de l’USSK,…… ;
  • Soutenir la culture du mil dans le cadre de la politique nationale de sécurité alimentaire ;
  • Mettre en place des unités de transformation des produits agricoles avec l’appui de l’ITA et des universités ;
  • Intensifier la politique de construction de pistes de production.

Elevage

L’élevage dans la région de Kaffrine est un sous secteur très dynamique. On y pratique principalement de l’élevage de bovins, d’ovins et de caprins. L’élevage de volailles, d’équins, de porcins est une activité réelle mais secondaire en termes de revenus qui y sont tirés.

L’élevage est essentiellement extensif, sédentaire dans la partie Sud et Ouest mais plutôt transhumant dans la partie nord et un peu Est.

Kaffrine est aussi une région de transit et de séjour de transhumants venant de Matam, de Louga, de Fatick, de Kaolack, de Diourbel et même de Saint Louis selon les années.

Ce secteur d’activités rurales rencontre beaucoup de difficultés liées à plusieurs causes : sur pâturage, difficile cohabitation éleveurs-cultivateurs notamment transhumants, vol de bétail, manque d’eau surtout dans le Nord et l’Est de la région ; rétrécissement des aires de pâturage et des parcours de bétail, exploitation continue des forêts classées à des fins agricoles, mise en fourrière abusive du bétail,…

Monsieur le Président de la République, les éleveurs du Sénégal, en particulier de la région de Kaffrine, vous félicitent pour les mesures efficaces prises contre les délinquants voleurs de bétail mais aussi pour la réhabilitation du Ranch de Dolly. Votre décision de dédier une journée nationale à l’élevage est un acte qui montre votre disponibilité pour booster notre secteur.

Il est heureux de constater, Monsieur le Président de la République, que certains cadres sénégalais se sont  lancés dans l’élevage intensif dans notre région. Ces initiatives sont à encourager et à soutenir.

Notre requête Monsieur le Président 

  • Organiser et réguler la transhumance ;
  • Mettre un terme à l’exploitation des aires de pâturage à des fins de culture agricole dans le cadre de la réforme foncière ;
  • Maintenir les marigots accessibles au bétail ;
  • Augmenter le nombre de forages dédiés à l’élevage dans la région ;
  • Mettre en place un système adapté de scolarisation des enfants de transhumants ;
  • Protéger les élevages contre les mises en fourrières abusives en légiférant sur la question ;
  • Continuer à soutenir les éleveurs en période de soudure en mettant en place un système de distribution opérationnel ;
  • Mettre en place des unités de transformation du lait dans les zones de fortes productions ;
  • Mettre en place une meilleure politique de vaccination et de traitement des maladies du bétail ;
  • Sensibiliser les éleveurs à l’utilisation de l’insémination artificielle pour l’amélioration des espères et l’augmentation des rendements ;
  • Encourager la culture fourragère pour diminuer la transhumance ;
  • Encourager les éleveurs, surtout les jeunes, à la pratique de l’élevage intensif ;
  • Encourager les éleveurs par une politique incitative adaptée à atteindre l’autosuffisance en moutons à l’horizon 2020 ;
  • Encourager les sénégalais à se lancer dans l’élevage intensif ;
  • Soutenir les syndicats d’éleveurs de la région ;
  • Instruire le commandement territorial à mieux faciliter la cohabitation pacifique entre agriculteurs  et éleveurs ;

Exploitation forestière

L’exploitation forestière est une activité qui peut menacer l’environnement si elle n’est pas organisée avec des règles d’exploitation claire. La pression exercée sur le bois pour la production de charbon est si forte qu’il y a de réelles menaces sur nos forêts dans toute la région. A côté de l’exploitation réglementée de la forêt, il y a celle qui est frauduleuse et qui ne respecte aucune règle, aucun arbre et souvent avec la complicité des populations locales. Ce sont souvent des étrangers qui se livrent à cette activité de destruction de notre environnement.

Notre requête Monsieur le Président :

  • Renforcer le service des eaux et forets ;
  • Sensibiliser les populations à l’importance de l’environnement dans notre qualité de vie ;
  • Revisiter les textes en vigueur en matière d’exploitation forestière ;
  • Encourager le biogaz domestique pour baisser la pression sur le bois ;
  • Utiliser des fourneaux économiques dans les ménages ;
  • Traquer et punir les étrangers et leurs complices qui se livrent à des coupes clandestines de bois.

Santé

La région de Kaffrine est défavorisée en matière d’accès aux soins de santé. Le nombre de postes de santé a certes globalement augmenté dans la région mais les distances à parcourir restent longues et la qualité des soins laisse toujours à désirer.

Dans les capitales départementales, le personnel de santé est en nombre très insuffisant et dans beaucoup de cas sous qualifié. Un seul médecin (Birkelane) ne peut pas gérer un centre de santé à la satisfaction des populations. Souvent en séminaire ou en réunion de travail, les médecins chefs de centre ne peuvent pas faire correction leur travail de médecin et ce sont les populations qui en souffrent.

Concernant les postes de santé, on note un personnel en nombre insuffisant, souvent sous qualifié et contractuel. Les populations rencontrent énormément de difficultés à se soigner, même pour les maladies banales.

Anciennement centre de santé, l’hôpital de Kaffrine n’arrive pas à jouer son rôle d’hôpital régional. Il est exigu et a un plateau technique inapproprié pour sa mission.

Cependant, globalement, le personnel de santé de la région abat un travail difficile avec un dévouement reconnu par tout le monde.

Notre requête Monsieur le Président 

  • Embaucher tous les infirmiers chefs de postes de la région ;
  • Emboucher des aides soignants qualifiés dans les postes de santé
  • Augmenter le plateau technique des centres et postes de santé ;
  • affecter au moins dans chaque Centre de santé 2 médecins, une sage femme et 2 infirmiers d’état ;
  • Mettre en place un laboratoire d’analyses bien équipé dans chaque centre de santé ;
  • Veiller à  ce que la CMU, la prise en charge de la tuberculose, le plan sésame,…soient appliquées ;
  • Augmenter le plateau technique de l’hôpital de Kaffrine pour en faire enfin un hôpital régional avec un personnel en nombre et en qualité.

Jeunesse et emploi

Les seules possibilités d’emploi dans le privé au niveau de la région se trouvent dans les secteurs du commerce, de l’artisanat et du transport. C’est pour cette raison que beaucoup de jeunes de la région sont au chômage et se transforment en marchands ambulants dans les villes comme Dakar.

Notre requête Monsieur le Président 

  • Mettre en place des centres de formation professionnelle dans toutes les capitales départementales ;
  • Soutenir le centre de formation de Kaffrine qui a une expertise avérée dans la qualification des jeunes ;
  • Soutenir et renforcer le centre de formation de Birkelane que le Word Vision a construit pour la jeunesse du département ;
  • Mettre en place un système de crédit adapté aux jeunes pour leur permettre de s’auto-employer ;
  • Multiplier les domaines agricoles communs dans la région, au moins un par département ;
  • Encourager les jeunes à se lancer dans l’élevage intensif ;
  • Soutenir l’association des artisans dans la formation des jeunes ;
  • Aider les jeunes à s’installer en construisant des ateliers mécaniques et des cantines ;
  • Construire des bassins de rétention d’eau dans les communes pour encourager le maraichage ;
  • Promouvoir le tourisme dans la région.

Environnement et Cadre de vie

L’environnement et le cadre de vie dans la région se dégradent. Nos villes sont très sales. Nous somme envahis par les sachets plastiques et autres ordures ménagères. Concernant le couvert végétal, le surpâturage et les coupes abusifs de bois de chauffe dégradent à grande vitesse notre environnement.

Notre requête Monsieur le Président :

  • Doter le Service des Eaux et Forêts de moyens pour lutter contre les abattages clandestins de bois ;
  • Doter les mairies de moyens pour le ramassage et le traitement des ordures ;
  • Envisager l’interdiction des sachets plastiques à l’échelle nationale ;
  • Encourager les populations à faire du reboisement et à avoir du respect pour la faune et la flore

Electrification rurale

La région de Kaffrine est très défavorisée en matière d’électrification rurale. Beaucoup de gros villages disséminés dans la région attendent leur électrification.

L’électricité dans les villages est synonyme d’amélioration de la qualité de vie des populations et mais aussi ce sont des emplois qui seront créés par les secteurs de l’artisanat et du commerce.

Notre requête Monsieur le Président :

Intensifier l’électrification rurale dans la région ;

Miser sur le solaire pour augmenter le taux d’électrification.

Sécurité

Le caractère central de notre région nous rend vulnérable surtout dans le contexte actuel. Pour ceux qui se rendent en Gambie, en Guinée Bissau, en Guinée Conakry et au Mali, la traversée de notre région est obligatoire.

Notre requête Monsieur le Président :

Renforcer nos postes de sécurité existants ;

Créer des Commissariats de Police dans les communes départementales ;

Créer des postes de Gendarmerie dans les communes d’arrondissement comme Mabo ;

Augmenter la présence de la douane dans la région ;

Augmenter la surveillance des marchés hebdomadaires notamment à la veille de la Tabaski.

Infrastructures

En matière d’infrastructures, la région de Kafrine est très en retard.

Pour les infrastructures routières, il n’y a que la nationale une et la route Kaffrine Mbacké qui sont bitumées. C’est très peu pour une si vaste région, située au centre du pays, passage obligé pour se rendre dans la plus part des pays voisins.

Concernant les infrastructures hôtelières ou de spectacles, la région est au niveau zéro. Tout est à faire.

Notre requête Monsieur le Président :

  • Bitumer d’urgence certaines routes d’intérêts communs et économiques tels que Panal Touba Mbella Birkelane Mabao Kaffrine ; Koungheul Ribot Escale, Mbaye Mbaye Macqua Yopp Gainth Paté, Kaffrine Nganda, Kaffrine Ndioum Gainth,…. ;
  • Poursuivre la construction de pistes de production ;
  • Construire une grande salle de spectacle à Kaffrine et une salle moyenne à Koungheul, Birkelane, Malem Hoddar et Nganda.

Monsieur le Président de la République, voici résumés les principaux obstacles à l’émergence de notre région mais aussi des propositions de solutions de nature à mettre Kaffrine sur la rampe du développement économique et social.

Professeur Demba Sow

Ancien Député

Professeur à l’Ecole Supérieure Polytechnique de l’UCAD

 

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