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[Opinion] Procès Karim Wade ou la dangereuse chronique d’une forfaiture annoncée. Par Malick SY Journaliste

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Nous sommes au 10 ème jour du procès de Karim Wade. Se tournant vers le principal prévenu, le Président de la Cour l’apostrophe en ces termes : «…Toi et tes complices…»Quatre mots décochés en pleine audience, qui vont pulvériser le sacro saint principe de la présomption d’innocence. Sidération dans le public et indignation tonitruante des avocats de la défense. La séance est suspendue. C’est le énième épisode d’une télé réalité politico judiciaire qui se joue depuis plusieurs mois dans la salle 4 du Palais de Justice de Dakar.Un prévenu décrété coupable avant même d’être jugé. Un spectacle que même le plus tortueux des scénaristes n’aurait osé écrire et dont le premier clap a été donné le 15 avril 2013, jour de l’arrestation de Karim Wade.

Une culpabilité érigée en «raison d’état»

L’encre de l’acte d’inculpation de Karim Wade n’avait pas encore séché que déjà, le Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), en direct devant des dizaines de journalistes de la presse nationale et internationale, l’accuse de disposer d’une fortune évaluée à plus de 600 milliards de francs. Un patrimoine qui représentele volume global de l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD) au Sénégal en 40 ans de coopération ou encore, l’équivalent du milliard d’euros que la Commission Européenne va débloquercette année pour aider descentaines de milliers de jeunesà accéder à l’emploi. C’est dire la gravité des charges qui pèsent sur le prévenu. Des centaines de médias a travers le monde, relayent l’accusation. Karim Wade devient la cible d’un véritable autodafé politique, médiatique et judiciaire.Exposé à la vindicte populaire et publiquementdésigné coupable,son arrestation est présentée par le pouvoir comme une «demande sociale»,sa responsabilité est érigée en nécessité politique, son invraisemblable innocence, décrétée raison d’état.Il n’y a plus de place pour les principes et les doutes. Le processus de broyage de Karim Wade dans le mixeur politico judiciaire de la CREI est enclenché.Tout l’appareil d’état sénégalais, épaulé par des cabinets privés nationaux et internationauxest mobilisé pour diligenter une instruction uniquement à charge contre l’ancien ministre d’Etat. Une puissante armada de policiers, gendarmes, juges, notaires, avocats, banquiers, enquêteurs nationaux et internationaux, ministres, députés, groupes de presse et journalistes, vadéferler sur l’ancien ministre d’Etat pour échafauder,à tout prix et à tous les prix, le processus de sa culpabilisation. Plusieurs milliards sont mobilisés pour financer,à l’échelle de la planète,une campagne d’investigations tous azimuts.C’est le début de «l’affaire Karim Wade.»

 «Karim», une passion bien sénégalaise

L’homme est devenu au fil des années et à son corps défendant, l’épicentre de la vie politique et médiatique sénégalaise.La seule évocation de son patronymesuffit à cristalliser toutes sortes d’obsessions. Depuis plus de cinq ans, ce n’est pasmoins d’une dizaine d’articles quilui est quotidiennement consacré. Malgré cette médiatisation outrancière, Karim Wade s’est toujours emmuré dans un quasi mutisme, ne distillant sa parole qu’à dose homéopathique. Une clandestinitémédiatiquequi ne freinera en rien, les ardeurs de ses nombreux contempteurs de l’époque, qui l’accusent alors de tous les maux du Sénégal. A coup d’intoxication et de manipulation et avec une redoutable furie, l’ancien ministre d’Etat sera sans cesse noirci aux yeux de l’opinion, poussant les sénégalais à n’avoir guère le choix que de le stigmatiser, avec tout ce qu’ils lisent ou entendent chaque jour dans les médias. Une campagne de«stigmatisation» qui atteindra son paroxysme lors des élections locales de mars 2009 où il sera sévèrement battu, jusque dans son propre bureau de vote.

Du coup politique au fiasco judiciaire

Quatre années plus tard, presque jour pour jour. Nous sommes en Mars 2013. Macky Sall vient de boucler sa première année de mandat. Son premier anniversaire à la tête du pays est pollué par le débat sur la prétendue insuffisance de sa stature présidentielle. Pour de nombreux observateurs, il flotte sur le Palaiscomme un air d’impréparation à l’exercice du pouvoir, tant il est vrai que le Président peine à tenir ses engagements. De sa promesse d’une gouvernance maîtrisée, il ne reste qu’une présidence zigzaguée.Sans cap ni direction. Personne ne peut dire où va Macky Sall. Mais tout le monde sait où il n’ira pas.L’exaspération monte dans l’opinion, la défiance des sénégalais aussi.Personne n’avait fait pire avant lui. Jamais un président n’aura cristallisé autant de déceptions au bout d’une année de mandat. Le chef de l’Etat se doit de réagir, sans délai, pourtenter de reprendre en main une mandature dont l’échec paraît programmé. Il actionne «son»programme de traque des biens présumés mal acquis. Les Sénégalais applaudissent et soutiennent sa politique de reddition des comptes. Du répit pour le Président qui espèrealors un regain de faveur de la part  d’une opinion qui ne cesse de lui montrer sa désaffection,12 moisseulement après l’avoir plébiscité.

C’est dans ce contexte qu’intervient l’arrestation de Karim Wade.A la surprise presquegénérale. C’est le premier acte politique fort de Macky Sall. L’incarcération de l’ancien ministre d’Etat retentit comme un énorme coup de tonnerre. L’onde de choc judiciaro-politico-médiatique qu’elle va propager est sans précédentau Sénégal.Jamais dans notre histoire, un homme n’allait à ce point, être confronté à un aussi violent déchainement d’accusations et à un tel spectacle de destruction. Personne ne se retient. Tout le monde ou presque s’en donne à cœur joie. Certains proches du Président accusent Karim Wade d’avoir gagnéjusqu’à 50 millions de francs par jour pendant au moins cinq bonnes années.D’autresévaluent sa fortune à quelques 4000 milliards de francs et le soupçonnent même d’être le propriétaire d’un luxueux jet privé. Des accusations aussi grotesques que farfelues qui serontabondamment répercutées vers les médias qui eux même, vont les divulguer sans vérification ni prudence aucune. L’objectif affiché du pouvoir est clair : ancrer dans les esprits sénégalais, avec la suspecte bienveillance de certains journalistes, que Karim Wade serait le seul responsable des difficultés que traverse le Sénégal.

Mais seulement voilà, près de 24 mois plus tard, toutes ces accusations se sont dégonflées. Les sénégalais se sont rendus compte qu’ils ont été bernés par le pouvoir avec la complicité d’une partie de la presse. «L’affaire Karim Wade»va se transformer en fiasco politique et personnel pour Macky Sall. Son incontestable et indiscutable implicationdans la gestion de ce dossier en en fera le plus gros désastre de l’histoire judiciaire du Sénégal. La conséquence sera l’accélération du retour en grâce de Karim Wade, que tout le monde présente déjà à tort ou à raison, comme son plus redoutable adversaire pour la présidentielle de 2017.

 La CREI, cet instrument de purification politique

Au périgée de sa popularité au moment de son arrestation, celui que ses partisans et ses souteneurs considèrent avec beaucoup d’exagération comme «un otage politique»est aujourd’hui au maximum de son capital d’attraction. Le slogan « Karim Vème Président » n’en finit plus de largement et vertigineusement infuser dans les esprits sénégalais.Cette une lame de fond d’une ampleur presque inédite qui est entrain de traverser tout le Sénégaldes villes et des campagnes.Le scénario catastrophe tant redouté par Macky Sall est entrain de se produire. Le pouvoir va tout mettre en œuvre pour enrayer l’irrésistible dynamique Karim. L’alerte rouge est déclenchéeau sommet de l’Etat. La culpabilité de Karim Meissa Wade est érigée en impératif politique catégorique. Et comment ne pas rappeler des mots de Maurras qui a propos de l’affaire Dreyfus disait «qu’importe qu’il soit coupable ou innocent ? L’intérêt de la de la Nation commande qu’il soit condamné.» Il n’est point question de faire un parallèle entre ces deux affaires, maispour Dreyfus comme pour Wade, ce n’est plus la quête d’une vérité judiciaire qui importe, mais la traque d’un homme que l’intérêt d’un président de la République, candidat déjà déclaré à sa propre succession, commande qu’il soit condamné et déchu de ces droits civiques.Karim Wade ne sera dès lors plus jamais confronté à ces actes, mais à un systèmequi déroule imperturbablement son opération de «purification politique», en vue de l’élection présidentielle de 2017. La manière dont l’instruction de son  dossier aété menéeest d’une gravité sans précédent dans l’histoire judiciaire sénégalaise. Son procès est exemplaire de toutes les balafres qu’un pouvoir peut infliger à une justice aux ordres pour crucifier un adversaire.

Les élucubrations manipulées et bidon d’Alboury NDao

Dans l’affaire Karim Wade, la CREI et son président Henri Grégoire Diop ont agit comme s’ils devaient irréversiblement, inexorablementet nécessairement condamner le prévenu.

Des témoins à charges, rémunérés pour «enfoncer» Karim Wade, sont crus sur simple parole. Le cas le plus abracadabrantesque est celui d’Alboury Ndao, «l’expertqui a vendu» à la CREI, l’existence du fameux compte fantôme de Singapour, attribué à Karim Wade et crédité de 47 milliards. Mais ce témoins phare de la partie civile n’aurajusqu’à la fin du procès, puapporter la moindre once de preuvede ses accusations qu’il dit tenir de «potes sapiteurs», oubliant que «tout ce qui est affirmé sans preuve, peut aussi être nié sans preuve.»La crédibilisation dutémoignage de cet expert fantasque, l’inexplicable violence exercée sur le prévenu Wade et l’expulsion brutale de Me Amadou Sall, avocat de la défense, furent la manifestation paroxystique du parti pris flagrant de la Cour et des errements de son  Président.

Du limogeage en plein procès et par décretprésidentiel d’un procureur devenu « incontrôlable » selon les mots du Garde de Sceaux et la fracassante démission d’un assesseur pour incompatibilité d’éthique et de déontologie avec le président de la Cour, le procès Karim Wade a été entaché par des dérives dont la gravité et la récurrence ont fragilisé l’ensemble de la procédure. Résultat : aux yeux de l’immense majorité des sénégalais, la CREI ne serait qu’une police politique chargée de liquider les adversaires politiques du Président Macky Sall.

L’ambition présidentielle présumée de Karim Wade ne relève pas de la CREI

Henri Grégoire Diop qui, pendant toute la durée du procès, s’est singularisé par son obsession à faire triompher la thèse de la culpabilité de Karim Wade aura t-il le courageau moment du verdict de le déclarer innocent lorsqu’on sait qu’une grande frange de l’opinion reste convaincue que les accusations de la CREI, purgées des biens revendiqués par Bibo Bourgi et des élucubrations manipulées et bidons d’Alboury Ndao au sujet des 47 milliards de Singapour, ne suffiront pas, dans un procès équitable, à prononcer une condamnation de Karim Wade. Il reste que sa vertigineuse popularité et son ambition présidentielle présumée relèvent jusqu’à preuve du contraire, des juridictions du suffrage universel et non pas de la CREI.

Ce qui se joue au palais de Justice de Dakar dépasse la personne de Karim Wade. C’est le sort de notre Justice et la stabilité de notre pays qui sont en jeu.Il y a quelques semaines, pas si loin de chez nous, un président a tenté de falsifier le droit. On a vu où ça a mené le Burkina.

Malick SY Journaliste

19 Commentaires

  1. Journaliste ce monsieur? Non dites plutot militant du pds et membre de l’ex generation du concret. Il se permet en plus de parler au nom des senegalais. Mais a quel titre. Non monsieur, vous n’etes pas elu par les senegalais pour parler en leur nom! Alors defendez votre champion en tant que militant, mais, je suis desole, cet article ne merite pas la signature d’un journaliste

    • La question monsieur n’est pas de savoir de quel bord l’auteur de ce texte appartient, mais si ce qu’il dit a de la consistance ou non. Je crois qu’on doit avoir honte aujourd’hui de constater que notre pays est entrain de régresser à cause d’un président revanchard et incapable. Moi qui l’ai soutenu dès son éviction de l’assemblée nationale, j’ai mal!

  2. celui là est un vrai JOURNALISTE qui respecte l’étique et la déontologie de son métier au contraire de ces nafekhs menteurs à la solde de maky sall (Latif Coulibaly, madiambal, soro diop et son frangin lasou rfm, mamoudou i kane mamoudou wone, yakham pape samba kane, S jule Diop, etc … qui ont vendu leur ame au diable au détriment du sénégal.
    Merci encore Monsieur le journaliste au moins y a des gens qui osent dire la vérité dans ce pays actuellement.

  3. …. »les sénégalais » c quoi?!!, êtes-vous dans tous les prétoires pour comparer les différents procès qui se déroulent tous les jours; il certainement écrit quelque part le seul destin de karim c d’être président???

  4. Il en reste encore des journalistes de bonne foi, l’analyse est juste et pertinente, un journaliste c’est la neutralité, l’équité. Macky a peur de Karim, et instrumentalise la justice pour condamner Karim avec des mensonges incommensurables. Je suis triste pour le Sénégal, mais on va se battre jusqu’à la dernière énergie pour une justice juste au Sénégal.

  5. Merci pour le respect de votre déontologie de journaliste. Il faut être débile pour jeter un regard dépréciatif sur votre article. Mais si longue que soit la nuit demain il fera jour.Ce n’est ni la personne de Karim ni celle de Abdoulaye Wade ou de Mackky Sall qui nous interesse, Mais la façon ignominieuse dont ce procès se déroule en foulant allègrement du pied les principes les plus élémentaires du droit rout court.On est entrain de prostituer sous nos yeux la justice. C’est une honte pour un peuple qui pour avoir vécu dans son histoire les pires injustices de la terre aurait du être le parangon de la légalité ;de l’equité et de la probité. C’ est en Afrique que tous les peuples de la terre devraient venir apprendre le droit et la justice. Mais que l’on puisse laisser agir et prospérer sous nos cieux ce démon politico judiciaire qu’est la CREI c’est une honte suprême, une horrible jure à notre raison. MACKY-CREI est ce monstre farci de complexes occultes d ont le sabre levé veut coute que coute se tremper dans le sang d’un homme envers qui il garde une rancune et une haine indigne d’un « homme d’Etat » honorable. Quand à cette presse qui bâfre dans la main du prince,je rappelle simplement ces propos de Hugo. » Je préférerais être un arbre dans la forêt qu’un membre de leur cohue »Elle incarne la rat race dont parlait Bob Marley.

  6. J’aimerai bien qu’on nous montre des preuves à la télé comme l’a si bien fait l’ex procureur Aliou ndaw lors de son premier conférence de presse .Sinon condamner des personnes à cause des témoins sans preuve example Alboury ndaw : peut nous traduire une situation incontrolable.Selon le Coran :Ne juger ce dont vous n’avez aucune connaissance car l’oeil,louie…nous jugerons un jour qui nous approche de plus en plus.Assalamou alay koum.

  7. La CREI est en mission, elle se fiche des témoignages à décharges en faveur de Karim ! La famille Wade est condamnée injustement à boire le vin du calice jusqu’à la lie ! Dieu est juste, comme dirait TAFSIR THIOYE, demain, il y aura d’autres face à d’autres juges pour s’être enrichis de manière injustifiable ! Dans aucun pays démocratique du monde un Président ne peut avoir autant de bien que MACKY SALL en moins de 1o ans au pouvoir : Entre 2000 et 2008, sans tenir compte de ce que Macky et sa femme vont thésauriser entre 2012 et 2022 parce que la réélection de MACKY pour un 2è mandat de cinq ans est déjà acquise grâce à une stratégie de maillage des femmes du Sénégal extraordinaire ! Rien à dire le pouvoir a réussi à drainer des millions de femmes dans son giron grâce aux subventions et aides !

  8. Man Daal Lu ma jaaxal mooy Xalima defa neek pancarte pour Karim Wade.
    Qu’arrive t-il a mon site prefere???

    Tout le senegal aujourd’hui est braque les belles images venat de ziguinchor et vous vous obstinez jour a apres jour a collecter tout ce qui est negatif et le renforcer.

    Jaaxlena vraiment.

  9. Sauf à se fermer les yeux et boucher les oreilles, il n’est pas possibles d’être assez idiots pour ne pas comprendre qu’il s’agit d’un procès politique d’une vengeance. Mais le plus difficile c’est de comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de la vengeance de Macky Sall, mais celle de Bolloré aussi. En 2008 déjà, des journalistes parlaient de menaces de Bolloré contre Karim.

    tinyurl.com/nopyst2

    Avant dernier paragraphe.

  10. Bel article et bien écrit. Je partage tout ce qui est dit. Je trouve ça courageux de la part de ce journaliste car tous les journalistes sont acheter par les gens du palais.il nous faut des journalistes comme ça partout dans la presse

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