Avec l’approche de l’élection présidentielle, il était risqué pour Wade d’interdire la mendicité. Aussi, a-t-il pris le parti de ramer à contre-courant de son gouvernement que de se mettre à dos de larges franges de l’électorat.
On en sait en peu plus sur les raisons qui ont poussé le président de la République, Abdoulaye Wade, à désavouer officiellement son Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye. Le pouvoir, qui a en ligne de mire les prochaines élections présidentielle et législatives de 2012, ne veut pas se mettre à dos les grands électeurs que sont les marabouts et tous ceux qui tiennent à leurs talibés. En effet, intervenant, hier, lors de ce conseil interministériel, Youssou Diallo, conseiller spécial du Premier ministre, a déclaré que ce problème doit être réglé dans la plus grande discrétion. ‘Il faut régler le problème de la mendicité sans en parler.
Parce que si on communique, on se met dans une posture inconfortable. L’interdiction de la mendicité nous met à dos les communautés religieuses que le gouvernement doit accompagner’, a affirmé le responsable libéral de Saint-Louis. Pour qui, il faut discuter avec les chefs religieux pour avoir leur aval. ‘Parce que l’aumône est définie par les Textes sacrés. Donc, on ne peut pas s’ingérer à un certain niveau. La concertation avec les chefs religieux et les leaders d’opinion permettra de définir des mécanismes d’appui à la mutualisation pour mieux lutter contre la mendicité’, a préconisé le conseiller spécial de Souleymane Ndéné Ndiaye. En plus, d’après Youssou Diallo, il y a pas mal de fonds de soutien aux nécessiteux qui existent pour régler un ‘problème sensible qui est celui des talibés’.
Pour rappel, au mois d’août dernier, le Premier ministre, au cours d’un conseil interministériel, avait décidé d’interdire la mendicité sur la voie publique. Une mesure qui avait été suivie d’une série d’interpellations et même de jugements de mendiants qui avaient outrepassé l’interdit. Mais, c’était sans compter avec Me Wade qui, vu la désapprobation qui avait accueilli la mesure, a affirmé son opposition à l’interdiction de la pratique lors du dernier conseil des ministres. Alors, le gouvernement devait se livrer à une séance de rattrapage en essayant de concilier l’interdiction de la mendicité avec la nécessité de permettre aux Sénégalais de pouvoir faire l’aumône en toute quiétude.
Charles Gaïky DIENE
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