Quelle option économique faut-il privilégier entre permettre à nos producteurs de matières premières d’exporter en l’état brut leurs productions à des prix rémunérateurs ou les forcer à livrer lesdites productions à des usiniers publics locaux pour relever les défis de la transformation ?Le cas typique reflétant cette problématique est celui du Sénégal où des centaines de milliers de producteurs d’arachides préfèrent livrer leurs productions aux chinois créant ainsi un énorme déficit dans l’approvisionnement de la société nationale de commercialisation des oléagineux.Cette question à laquelle font face beaucoup de gouvernements dans le monde particulièrement en Afrique peut paraitre absurde pour beaucoup d’économistes occidentaux convaincus que pour des raisons de valeur ajoutée, la deuxième option gagnerait à être mise en avant. Dans le souci permanent du réfléchir autrement qui m’habite, je prends une fois de plus leur contre pied pour plusieurs raisons:1) en nombre, les producteurs (des millions) sont plus nombreux que les travailleurs des usines (des centaines) ;2) les défis de la lutte contre la pauvreté impliquent des activités génératrices de revenus permanentes pour le grand nombre ;3) là où les entreprises publiques de transformation agricole sont budgétivores, mal gérées, peu compétitives avec des outputs en terme de production trop chers, je choisis le caractère privé de l’exploitation familiale lequel implique un sens des responsabilités et une flexibilité plus importants;4) le cours de certaines matières étant fixé à l’étranger, le défi consiste à améliorer la chaine de la compétitivité en mettant l’accent sur des intrants de qualité peu chers, des itinéraires techniques performants, le recours aux nouvelles technologies agricoles, la réalisation d’économies d’échelle par des regroupements appropriés. C’est un des moyens à mon avis de limiter les risques liés à des bourses volatiles.L’autre défi consiste à trouver des alternatives à des entreprises publiques, qui sont de véritables gouffres de deniers publics en menant une réflexion sur de petites unités de transformation privées gérées par des associations locales.Le dernier défi consiste à attirer ces millions de jeunes sans emplois vers ce secteur agricole, négocier des accords commerciaux bilatéraux et des joint venture avec les grands pays consommateurs. Cela passe évidemment par des reformes foncières donnant la terre à ceux qui savent la mettre en valeur.Relativisons cette pensée économique dominante du » transformer local à tout prix ». Gérons intelligemment nos économies en nous départissant de ce complexe orgueilleux d’importer ce que le reste du monde sait mieux faire que nous.
Magaye GAYE
ECONOMISTE SENEGALAIS ANCIEN CADRE DE LA BOAD ET DU FAGACE
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