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Où va le Sénégal avec le Président Macky? Par Mamadou Ndione – Cadre APR

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Quand le 02 avril 2012 le nouveau Chef de l’État son Excellence le Président Macky Sall prêtait serment, le Sénégal venait de sortir à peine d’une période folle que seul un peuple debout a pu arrêter par la voie démocratique des urnes. Il n’est pas besoin ici de rappeler les péripéties d’une violation  saugrenue et hélas macabre des règles constitutionnelles que semblent aujourd’hui oublier ceux qui, traqués par les lumières du Droit,  font l’amnésique sur leur passé récent et peu glorieux. Le ridicule et l’arrogance ont  poussé récemment jusqu’à un retour sur un des lieux de crime que symbolise la place de l’obélisque.

2 avril 2012, le Président Macky prêtait serment donc devant un Sénégal en quête certes d’une démocratie à restaurer, mais aussi faisant face à la même période à des urgences dont :

  • la hausse des prix des denrées de premières necessité,
  • l’imminence d’une année blanche après une longue grève du personnel enseignant,
  • une campagne agricole pas du tout préparée
  • une famine pointant le bout du nez dans certaines contrées du pays en milieu rural

Face à ces urgences, le pouvoir sortant avait laissé une situation ca-tas-tro-phique notamment :

  • une baisse de plus de 2 points de croissance entre 2010 et 2011 (4,3% en 2010 contre 2,1% en 2011 dont une croissance négative de -2% du secteur primaire),
  • un déficit des finances publiques de 6,7% en fin juin 2012,
  • une dette de plus de 3000 milliards,
  • un budget 2012 largement entamé en termes de dépenses électoralistes douteuses sans lien avec les priorités nationales.

Dans un tel contexte, il fallait au Gouvernement du Premier Ministre Abdoul Mbaye faire face, sous l’impulsion de la vision du Chef de l’Etat.

Le Président Macky décida alors sans attendre de serrer la ceinture en réduisant le train de vie de l’État pour explorer comme il le disait dans son discours à la nation du 03 avril 2012 « toutes les possibilités d’économies budgétaires, et toutes les niches de gaspillage dans le seul but de mobiliser des ressources suffisantes pour le soutien aux ménages ».

Dès le tout premier conseil des ministres du 12 avril 2012, le train de mesures tomba notamment :

  • la suppression des voyages en première classe pour toutes les autorités publiques,
  • la limitation stricte des missions à l’extérieur,
  • la  restitution des véhicules de l’État détenus de manière irrégulière,
  • la résiliation des contrats des locaux conventionnés de l’État occupés irrégulièrement,
  • la réattribution des  immeubles appartenant à l’Etat dans des conditions régulières et transparentes,
  • l’inventaire des immeubles de l’Etat cédés dans des conditions irrégulières ou de non transparence,
  • la résiliation de toutes les lignes téléphoniques utilisées par des non ayants-droits,
  • la rationalisation de la gestion des lignes téléphoniques dans l’Administration, avec la mise en place de restrictions pour les bénéficiaires et la définition de plafonds pour les abonnements,
  • la rationalisation des contrats spéciaux,
  • la mise en œuvre d’opérations de contrôle des effectifs des personnels de l’Administration publique,
  • l’état des lieux sur les conditions d’octroi des terres à des privés,
  • l’identification urgente des transactions, marchés, actes et décisions administratifs nécessitant le déclenchement d’inspections et d’audits,
  • l’ouverture d’enquêtes pour faire la lumière sur les cas de décès observés lors de manifestations durant la précampagne électorale.

Ce sont une partie de ces batteries de mesures plus l’entregent et la crédibilité du Chef de l’État auprès de certains partenaires qui ont permis de faire face aux urgences avec entre autres conséquences constatées :

  • la baisse des prix des denrées de première necessité,
  • le financement de la campagne agricole,
  • l’anticipation réussie sur l’imminence  de la famine,
  • le début de paiement de la dette intérieure,
  • des mesures sociales d’envergure comme la gratuité de l’hémodialyse,
  • etc.

Durant l’année 2012 donc, le Président Macky et son Gouvernement ont pu déjouer la prédiction de mauvais augure qui avait misé urbi et orbi sur une faillite de l’État par cessation de paiement deux mois après le 25 mars. Le prédicateur, par sa position privilégiée, savait sans doute l’ampleur des dégâts pour avoir était lui-même à la manette. Ce qu’il avait ignoré c’était que le Sénégal avait élu un homme qui  avait la chance d’avoir longtemps fini son « stage présidentiel » pour avoir était tout à tour Directeur, Maire, Ministre, Premier Ministre et Président de l’Assemblée Nationale.

En vérité, les sénégalais doivent savoir que les mesures prises entre avril et décembre 2012 vont fortement contribuer (avec d’autres paramètres) à faire remonter le taux de croissance à 3,7% contre les 2,1% de fin 2011.

En 2013, enfin le Sénégal va avoir un budget inspiré par le contrat liant le Président Macky à la nation à travers les deux axes complémentaires que sont le Yoonu Yokkute et les Assises Nationales.

Dans le budget 2013, le Président et son Gouvernement marquent comme précisé trois orientations :

  • le principe de territorialisation des politiques publiques,
  • la recherche hardie d’une croissance soutenue,
  • l’articulation claire entre les besoins prioritaires et la lutte contre les injustices.

Ces orientations se sont traduites dans le budget par la hausse des dépenses d’investissement dans les secteurs prioritaires et la prise en charge de la demande sociale. Concrètement, l’État, dans le budget 2013, va entre autres mesures :

  • favoriser la stratégie d’endettement à moyen terme,
  • continuer la stratégie de réduction de son train de vie (avec comme mesure phare l’audit biométrique et physique de la fonction publique),
  • donner une allocation de 13 milliards pour la lutte contre les inondations dans le cadre du plan décennal,
  • allouer 10 milliard en 2013 pour la caisse autonome de protection social universelle CAPSU,
  • lancer le nouveau code des impots notamment avec la baisse de l’impôt sur les salaires (pour relever la consommation et l’épargne des ménages) et le relèvement de 25 à 30% de l’impôt sur les bénéfices des entreprises (assorti de mesures significatives pour favoriser l’investissement).

Le budget 2013 devrait permettre en principe d’atteindre un  taux de croissance de 4,3% avec un cadre macroéconomique assaini notamment par un déficit budgétaire ramené à seulement 4,9% du PIB.

Ce budget de 2531,116 milliards financé à 59% par les  recettes fiscales, ne comptera que sur 16% en ressources extérieures et 15% en emprunt.

Même à 61% de dépenses courantes, le budget 2013 est à 36% absorbé par les dépenses d’investissement avec 912 milliards dont la répartition donne les grandes masses ci-dessous :

  • 200 milliards dans l’agriculture,
  • 119 milliards dans le secteur secondaire (dont 88% dans l’énergie),
  • 235 milliards dans le tertiaire (dont 86% dans les routes),
  • 332 milliards dans les secteurs sociaux.

Avec ce budget c’est le Yoonu Yokkuté qui est en marche avec l’articulation claire entre lutte contre les injustices et développement national par le biais de la recherche d’une productivité développante à partir de bonnes bases économiques.

Où va le Sénégal avec le Président Macky Sall ?

La démarche actuelle a fini d’annoncer la couleur. Le Président veut aller vers un Sénégal en marche sans passe-droits.

« Je ne protègerai personne. Je dis bien personne ! » avait-il martelé lors de son tout premier discours officiel du 03 avril 2012. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre la carte blanche à la justice pour tirer au clair les résultats des audits et l’enrichissement outrancier de ceux qui avaient des charges publiques. Si la justice va jusqu’au bout, ce sera aussi une leçon pour le pouvoir actuel qui tôt ou tard rendra compte.

Le Président Macky est dans cette logique de lutte contre l’impunité loin des considérations politiciennes de gens qui n’ont pas compris que le Sénégal d’après 23 juin 2011 est une République de citoyens acteurs exigeants et non simples spectateurs.

C’est parce qu’il sait (le Président Macky) que le virus du développement est la male gouvernance en ce quelle fausse les règles de l’émulation et crée des citoyennetés inégales sur des bases très éloignées du mérite.

Le Président ne veut humilier personne. Il veut d’abord que les biens mal acquis retournent dans l’escarcelle de la collectivité.

Le Président a une mission qu’il mène avec détermination. Cette  mission ne se limite pas en tant que gardien de la constitution à garantir les conditions d’une indépendance du pouvoir judicaire qui seul est maitre d’œuvre dans ces histoires de traque des biens mal acquis. Sa mission est plus global et à pour dénominateur comment le développement dans la paix, la sécurité et surtout dans le  partage équitable et social.

Il sait (le Chef de l’État) que sur certains sujets délicats comme la question foncière et les institutions le consensus national doit dépasser les frontières de sa propre vision d’homme d’État. C’est pourquoi il a mis en branle la réflexion collective autour d’éminentes personnalités.

C’est cela que recommande l’humilité surtout quand il s’agit de sujets délicats devant être régler en termes de lois quasi immuables dans le temps pour les générations futures. La terre et les institutions, en fonction de l’usage qu’en feront les pouvoirs publics politiques sont deux facteurs d’équilibre ou de déséquilibre d’une  nation.

Où va le Sénégal avec le Président Macky ? La question ne doit plus être floue après près de 10 mois d’exercice tambour battant du pouvoir par un homme préparé par son propre destin. Sans culte de la personnalité, cet homme de 51 ans était certainement le mieux préparé pour redresser le Sénégal.

Le Sénégal avec le Président Macky va sans doute vers l’émergence avec des mesures hardies vers ce que nous déclinions dans notre dernier livre « Un autre Sénégal est possible » paru avant l’alternance en décembre 2011. Nous rappelions dans cet ouvrage les dix piliers essentiels ci-dessous de l’émergence du Sénégal :

  • Sortir de l’étau de Dakar
  • Formater pour le développement
  • Maitriser l’énergie
  • Apprivoiser l’eau
  • Décentraliser les infrastructures
  • Repenser notre rapport à l’emploi
  • Assurer la santé populaire
  • Retourner à la République
  • Faire une place sincère à la femme
  • Avoir une vraie politique étrangère

Parmi ces dix piliers, il en est deux que le Président Macky et son Gouvernement doivent régler au plus vite du fait de leur forte incidence tendancielle notée  sur la croissance du Sénégal depuis les indépendances. Il s’agit de :

  • la maitrise de l’eau pour ne pas faire dépendre l’agriculture des aléas de la pluviométrie et,
  • la maitrise énergétique pour gagner et faire gagner en termes de productivité à tous les secteurs.

Ces deux questions à vrai dire sont largement prises en charge dans le budget 2013 et devraient sans doute l’être dans les quatre prochaines années si l’inspiration reste le Yoonu Yokkute.

Si nous maitrisons l’eau et l’énergie dans le premier quinquennat cela permettra de pointer un nez sérieux vers l’émergence économique et à termes vers le développement.

La maitrise de ces deux leviers sont essentiels et méritent tous les sacrifices dans le cadre d’une sorte de  « pacte social de stabilité » avec tous les acteurs sociaux comme les syndicats de travailleurs et d’entrepreneurs. Cette politique de maitrise de l’eau et de l’énergie sera comme une œuvre de sécurité publique en antidestin à notre position de pays sahélien non producteur de pétrole. La politique dans sa noblesse doit souvent s’ériger en antidestin pour régler les problèmes majeurs dont la non résolution met en péril la nation. S’il ne pleut pas au Sénégal, nous risquons le chaos donc, nous devons donc stocker l’eau pour en faire un usage agricole douze mois sur douze. Nous devons maitriser les formes d’énergie renouvelables pour ne pas dépendre des yoyos du pétrole importé dont les prix déteignent sur notre croissance. C’est cela le double challenge du Président de la République qui doit porter lui-même le piloter en rapport avec son premier ministre.

Le Président Macky en est conscient et il est sur la bonne voie et sous ce rapport, il  mérite le soutien (même vigilant) de tous les patriotes de tous les partis ; tous les patriotes simplement civils.

Etre sur la bonne voie ne suffira pas. Il faut que le peuple ait une claire vision de cette bonne voie pour asseoir une adhésion massive au projet national qui transcende les partis. Voilà le défi de l’APR et de ses alliés de Bennoo Bokk Yaakaar dans le contexte de cacophonie que veulent instaurer ceux qui sont sans arguments. Ce défi d’explication est largement à portée si les relais fonctionnent bien jusqu’à la base.

A coté du défi d’explication aux masses, il y a aussi celui des prochaines élections locales qui doivent permettre une expression libre des citoyens à la base et seulement à la base. Il est tout à fait légitime que  des partis de la coalition au pouvoir aillent aux élections locales en ordre dispersé. Les contradictions locales inévitables ne doivent cependant pas créer la suspicion au niveau des leaders de Bennoo Bokk Yaakaar qui ont une mission de redressement collectif à suivre sous la conduite d’un homme qui, en dépit de la légitimité du suffrage universel a bien compris qu’il faut agir ensemble et en commun. En vérité le pouvoir appartient au peuple qui n’en transmet que l’usage et l’exercice. Jusqu’en 2017, le peuple a confié l’exercice du pouvoir au Président Macky qui a une démarche sincère vis-à-vis des alliés. Si cette même sincérité est partagée, la coalition peut aller au-delà du bout (2017) pour s’approcher du but : installer définitivement le Sénégal dans une dynamique de démocratie participative citoyenne  et pas seulement représentative via des élites politiques.

Le Président Macky est globalement sur la bonne voie parce qu’il a intégré dans sa démarche en toute humilité l’amélioration continue par l’écoute du citoyen. Un Chef d’État a besoin d’un militantisme sincère, productif d’idées et d’actions et non de l’arrogance sectaire des zélateurs qui voient l’adversaire dans toute idée nouvelle. Il a aussi besoin  d’une vigilance citoyenne qui peut ériger le doute en méthode sans verser dans le nihilisme sceptique. Avec ces deux regards militant et citoyen, le Président Macky sera conforté dans cette bonne voie pour un Sénégal émergent.

Avant quiconque, les membres  de l’APR doivent offrir en permanence au Chef de l’État cette double vision salutaire du militant clairvoyant et du citoyen engagé. Nous sommes sur la bonne voie, mais nous devons après un an de correction des bévues de l’ancien système donner plus de rythme à cette démarche pour être en phase avec les légitimes impatiences des masses. Donner du rythme ne voulant pas dire précipitation mais action d’envergure sur les leviers les plus essentiels comme l’eau, l’énergie, la formation professionnelle  et l’emploi de masse.

Par Mamadou Ndione

Cadre APR

Economiste-Logisticien-Ecrivain

[email protected]

2 Commentaires

  1. Même si ce n’est que discours,ça vaut mieux que Mout walla Mott,a la limite on peut avoir l’impression qu’il est bien entouré le président.mais parfois on ne sait quelle mouche qui le pique pour avoir certain farfelu comme collabo direct jusqu’à leur enjoindre des têtes bien faite comme adjoint

  2. CE QUE J’ATTENDAIS DU PRESIDENT MACKY SALL
    On a beau vouloir y mettre de la bonne foi, mais il est difficile de mettre le doigt sur une seule réalisation ou ébauche de réalisation structurante pour le Sénégal depuis douze mois.
    Je ne cherche pas de réalisations, en un an c’est impossible, mais un seul projet, une idée qui devrait révolutionner un secteur, un seul !
    La route (prolongement de la VDN) était déjà ficelée avec les Koweitiens et tous ceux qui suivent le Sénégal sont au courant qu’elle devait être construite sous Karim Wade, c’est la Vérité !
    La seule bonne chose ; depuis l’arrivée de Macky, est que les potentiels voleurs des deniers de la République, du Peuple, sont dans leurs petits souliers, tout le monde a peur de chercher à voler, ce n’est pas rien malgré tout !
    Imaginons ce que le grand Manitou, le Pharaon Abdoulaye Wade nous aurait sorti de sa tête depuis ces douze dernières années ?
    Peut-être que des quartiers tels que Colobanne, Péterssen (sur un rayon d’un kilomètre) seraient comme Paris, qui sait ?
    Je n’attendais pas que le Président Macky Sall fasse du Sénégal un grand pays riche, dont les populations auraient un pouvoir d’achat équivalent à celui des Français, ou même des Maltais, mais au moins que des actes soient posés en vue d’une initiative pour la formation professionnelle en masse de nos centaines de milliers de jeunes qui passent leur temps à faire du jogging, du foot, ce qui n’est pas mauvais, mais il y a d’autres occupations plus valorisantes pour participer au développement du Sénégal.
    J’attendais du Président de la République qu’il nous présente un plan quinquennal de formation dans des métiers dont notre peuple a grandement besoin. Je peux citer des techniciens en travaux routiers, de vrais menuisiers-Ebénistes, de vrais Maçons et non des bricoleurs formés dans le temps, souvent très mal, alors qu’un bon maçon Européen est formés en trois ans dès 16 ans etc.
    J’attendais du Président Macky Sall qu’il sorte moins, qu’il voyage moins, qu’il ne fasse pas ce qui est du ressort du Premier Ministre, à l’image d’un Paul Biya que les Camerounais n’entendent et ne voient que quelques fois dans l’année, ce qui n’empêche que son Gouvernement fasse du développement dans tous les domaines son crédo, et ça marche, oui ça marche au Cameroun, au Cap-Vert et au Ruanda, sans bruit!

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