Leurs relations amicales se sont confondues à leur compagnonnage politique à telle enseigne qu’il était difficile de présager une dualité fratricide entre les deux. Entre Oumar Guèye et Idrissa Seck, l’amitié se conjugue désormais à l’affrontement. Avec ses réalités, le pouvoir est en train de corrompre une amitié séculaire. A 55 ans, Oumar Guèye explore de nouveaux horizons politiques. Comme un Géomètre.
L’image sera bientôt poussiéreuse. Lors de l’annonce du découpage administratif de Sangalkam, Oumar Guèye et Idrissa Seck multiplient les instantanés de leur cordiale entente. Les accolades publiques et les sourires complices figent une amitié qui a résisté à la persécution et à la puissance étatique. Pour les proches des deux personnalités, il s’agit d’un magnifique témoignage sur la plus grande complicité de tous les temps. Pour les passionnés de Rewmi, peut-être de la plus belle déclaration d’amour jamais faite. L’émotion était palpable. Insoutenable. Leurs inconditionnels avaient même versé des larmes. L’instant se conjugue désormais au passé décomposé. Entre les deux hommes, le courant ne passe plus. L’entente se fissure pour nourrir une haine. Il ne restera que les enfants de Oumar Guèye, qui portent les noms de Idy et de son épouse, pour conserver les vestiges d’une amitié construite dans la galère et détruite par les ors du pouvoir.
Il corrompt les vertus et annihile les amitiés les plus profondes au gré des intérêts de la circonstance. Finie l’époque des liens familiaux. Le temps est à la rupture. Aujourd’hui, les deux vieux amis ne parlent plus le même langage. Jouissant de son statut de ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement «sur proposition de Idrissa Seck», Oumar Guèye a l’audace de se lancer dans un combat à mort contre son mentor à l’orée de leurs 55 ans.
Des proches communs retiennent que les deux hommes se sont rencontrés dès leur adolescence. Brillant bachelier du lycée de la Delafosse, Oumar Guèye avait bénéficié d’une bourse de l’Etat français pour aller poursuivre des études en génie électrique en France, au début des années 1980. Une fois le diplôme décroché, l’homme rentre au Sénégal. «Il était tellement bon dans les matières scientifiques qu’on pensait qu’il allait devenir un savant», souffle un de ses anciens camarades de lycée. C’est raté. Sa vocation se trouve dans le monde insondable de la politique.
De retour au bercail, l’ingénieur s’engage en politique. Il milite au Parti socialiste. Tout puissant ministre à l’époque, responsable socialiste de la coordination de Sangalkam, Alassane Dialy Ndiaye l’a couvé et formé. D’ailleurs, ce dernier n’avait pas hésité à avouer dans les heures décisives du découpage administratif de Sangalkam qu’il lui a appris la politique. Leur séparation date de l’an 2000 lorsque Oumar Guèye a décidé de transhumer vers le Parti démocratique sénégalais (Pds) auprès de son ami, Idrissa Seck devenu nouvel fort homme de l’Etat après Abdoulaye Wade. Les élections locales de 2002 ont été le tournant de sa carrière politique. Après de rudes épreuves au cours desquelles l’argent a fait la différence, Oumar Guèye est élu Président de la Conseil rural (Pcr) de Sangalkam. Pour la première fois, Sangalkam a un lettré à la tête de son institution locale. L’espoir était immesurable. «Au début, il ne voulait pas être investi sur les listes. On l’a forcé», se rappelle un de ses proches. Trois ans plus tard, le pouvoir commença à «corrompre» l’ingénieur. La gestion foncière dévoile une autre facette de l’homme qui sent les bons coups. Un topographe… politique.
Un ministre de l’eau, lotisseur d’une rivière
Dans l’euphorie, le Pcr lance des projets d’extension dans les trois villages de la communauté rurale de Sangalkam. Ils marquent le début de la grande spéculation foncière. Ce phénomène a fini de faire des vocations et de nouveaux riches à Sangalkam. Ceux-ci ne sont personne d’autre que les lieutenants de Oumar Guèye. «C’est un clan de Rewmistes qui gère le registre foncier local à Sangalkam», s’émeu-t-on. Ces derniers sont des inconditionnels du ministre de l’Hydraulique, prêts à tout sacrifice pour préserver «leur fromage». Les violences meurtrières qui ont émaillé l’installation de la Délégation spéciale ne sont pas étrangères à leurs manœuvres. A Sangalkam, Oumar Guèye s’appuie sur son staff financièrement bien assis pour entretenir sa clientèle politique. Celle-ci ne l’a pas empêché de subir une première dissolution du Conseil rural en 2008 par Abdoulaye Wade.
Pour la première fois, il payait sa proximité avec Idrissa Seck, le candidat qu’il a soutenu lors de l’élection présidentielle de 2007. Jusqu’à une période récente, Oumar Guèye soutenait que «vouloir combattre Rewmi à Thiès et à Sangalkam est une perte de temps».
En 2009, il revient aux commandes de la collectivité locale. Alors que les milliers de parcelles issues du morcellement des terres d’agriculteurs initialement destinées aux jeunes étaient tombées grande partie tombé entre les mains de promoteurs immobiliers, Oumar Guèye s’engage dans de nouveaux terrassements. Ainsi est né Sangalkam 2 d’une superficie de près de 200 ha. Des projets similaires voient le jour dans les villages voisins. Parallèlement, il contraint certains exploitants agricoles à morceler leurs vergers aux fins d’habitat à la suite de protocoles d’accord qui prévoient un quota de parcelles pour l’exploitant. Il se trouve que le site de Sangalkam (ou Kam 2) est traversé par une rivière qui alimente le Lac Rose en eau pendant l’hivernage. Les bulldozers de l’actuel ministre de l’Assainissement et de l’Hydraulique ont terrassé le lit du cours d’eau. Ceci a été morcelé en parcelles de 150 m2 chacune.
Durant l’hivernage 2011, l’eau a repris son territoire jusqu’à inonder les environs (elle fait trois morts en 2012). Le scandale a été traité en toute discrétion. Ils ont reçu d’autres délibérations sur d’autres sites. Les propriétaires des parcelles n’avaient pas manqué de râler. Aujourd’hui, on parle de l’érection d’un pont pour rendre le site plus accessible. Ce lotissement est aujourd’hui la risée des coopératives d’habitat, des sociétés immobilières au nez et à la barbe des jeunes. A Sangalkam, il n’est plus un secret que plusieurs promoteurs immobiliers contribuent au financement d’activités politiques. Au niveau de Rewmi, Oumar Guèye s’est illustré par sa générosité. Ses camarades de parti voient en lui, un bailleur de fonds principal qui n’hésite pas à dégainer pour financer des conclaves lorsque son mentor Idrissa Seck séjournait à l’étranger. Le régime libéral ne manquait d’insister sans preuves palpables que le Pcr finançait la campagne de Idrissa Seck avec «les ressources de Sangalkam». A Rewmi, l’homme assurait les frais de ses propres activités. Mieux, «il a financièrement assisté beaucoup de responsables de ce parti», reconnaît-on
Bénéficiaire des chantiers de Thiès
Sa complicité avec Idrissa était manifeste. Abdoulaye Wade l’a courtisé avec des offres alléchantes. Mais le Pcr de Sangalkam de l’époque prenait fait et cause pour son ami. Il a trouvé un juste argument lors des investitures des élections législatives de 2006 (reportées) pour prendre ses distances avec le Pds. Etait-ce gratuit ? Les faits peuvent amener à répondre par l’affirmative. A la fin des années 2000, Oumar Guèye a osé voler de ses propres ailes en créant la Société d’ingénierie et de travaux (Sitra). Idrissa Seck lui confie le volet de l’éclairage public dans le cadre des chantiers de Thiès évalué à 3 milliards de francs Cfa. C’est à ce titre qu’il a été entendu comme témoin par la Division des investigations criminelles (Dic) lors du bras de fer épique entre son mentor et Abdoulaye Wade. Son nom est revenu lors de la comparution du patron de Jean Lefèvre, Bara Tall. Entre Idy et lui, d’aucuns disent même que l’un a épargné l’autre de prison. C’est la raison pour laquelle leur compagnonnage a été jugée dramatique pour Sangalkam. Sous Wade, Il a coûté à sa localité des projets suspendus, deux délégations spéciales, un découpage administratif et la mort de Malick Bâ.
Depuis la dissolution du Conseil rural en 2011, Oumar Guèye n’avait pour fonction que le chargé de l’intérieur et des élections de Rewmi. Il a fait le tour des départements du pays pour installer des comités électoraux en perspective de l’élection présidentielle de 2012. Il a été le mandataire de Rewmi auprès de Benno bokk yaakaar. Mais l’homme souffrait de nombre de responsables de son parti qui ont encore eu du mal à l’accepter aux côtés de Idrissa Seck. Ce dernier le défendait avec tous les arguments possibles, fussent-ils aléatoires.
«Abdoul Mbaye aurait récusé Oumar Guèye»
Dégageant une confiance de fidèle militant, Idrissa Seck l’a proposé à Macky Sall au même titre que Pape Diouf, «sans la moindre concertation préalable au niveau des instances» pour qu’il fasse partie du premier gouvernement de coalition. L’ère est à la transparence et à la probité morale. C’est pour ces raisons que le Premier ministre Abdoul Mbaye aurait refusé d’entériner sa nomination. Et pour cause, Oumar Guèye trainerait beaucoup de casseroles. La dilapidation des terres de Sangalkam créant de nouveaux riches dans la contrée, son passé à la Compagnie générale d’électricité (Cge) ont été relevés dans les rapports d’enquête de moralité auxquels tous les ministrables sont soumis. Directeur commercial de la Cge au milieu des années 1990, Oumar Guèye a été arrêté et emprisonné pour une histoire de détournement de fonds. Le pactole portait sur une centaine de millions de francs Cfa. C’est dans la douleur que l’on reconnaît les bons amis. Ministre du Commerce d’alors-suite à l’entrée de Abdoulaye Wade dans le gouvernement de Abdou Diouf-, Idrissa Seck n’aurait ménagé aucun effort pour que son ami retrouve la liberté. Son maître politique de l’époque, Alassane Dialy Ndiaye, avait activé tous ses réseaux pour éviter que l’épée de Dame justice tombe sévèrement sur la tête de son élève politique. Jusqu’en 2000, l’affaire faisait couler beaucoup de salive. L’arrivée de Idrissa Seck au poste de directeur de cabinet du président de la République a été heureuse pour son ami. Oumar Guèye aurait retrouvé un «casier judiciaire vierge». Autant de péripéties qui auraient fait douter l’actuel Premier ministre. «C’est Idy qui a insisté auprès de Macky Sall pour qu’il soit nommé. Finalement, le président de la République a demandé à son Premier ministre de fermer les yeux», avouent des personnes au fait des tractations d’avril 2012. Il a suffi juste un an de Oumar Guèye dans le gouvernement de Macky pour que les deux vieux complices amènent leur désaccord à une situation de non-retour.
Je ne retiens de cet article que ceci : Il était tellement bon dans les matières scientifiques que beaucoup de ses camarades pensaient qu’il deviendrait un SAVANT » Tout le problème de notre pays est dans cette petite phrase !
Monsieur Oumar Guèye n’aurait- il pas été plus utile pour le Sénégal, en formant deux cents élèves, dans un Lycée qui serait créé en pleine verdure de son terroir ?
Si ces deux jeunes âgés de 16 ans, ayant le niveau du BEFEM étaient sous sa responsabilité pendant 10 ans, je suis convaincu qu’ils sortiraient aussi bons que nos grands phénomènes connus dans ce secteur de l’électricité, compte tenu de la différence des moyens technologiques, par rapport à ce qu’il y avait en 1980.
Mais hélas, ce monsieur a choisi d’être Ministre de la République qui lui évite de travailler dans un domaine qu’il n’aimait peut-être pas !
Des exemples de ce genre il y en a à la pelle, je citerais Cheikh Bamba Dièye, Coumba N’dofène Diouf, Aly N’gouye N’diaye et tant d’autres qui ont déserté la pratique dans leur domaine pour se calfeutrer dans un Ministère ou dans la permanence d’un parti politique nain !
C’est que l’amitié de ces hommes politiques n’est jamais basé sur la vérité mais sur des intérêts. Donc si les intérêts migrent, l’amitié en souffre.
Souvenez vous de Landing – Decroix, Wade – Ousmane Ngom, Wade – Idy, Talla Sylla et ses amis etc etc
La trahison est une perfidie. Le traître est celui qui se comporte avec perfidie vis-à-vis de celui qui lui confie un dépôt. Il lui donne l’impression qu’il a l’intention de lui garder son bien, son âme, sa famille ou son pays, mais il agit avec perfidie en renonçant à tout cela.
OUMAR GUEYE N’est QU’UN TRAITRE . RIEN DE PLUS
Article sur commande. Oumar Gueye ne doit rien a Idy. Cette histoire de detournement s’etait soldee par un non lieu, et puis cette affaire avait concerne certains de ces collegues a la CGE, ils ont ete arretes pour les besoins de l’enquete puis relaches, en moins d’une semaine car n’ayant pas de preuves contre eux. On sent nettement que Idy veut liquider definitivement son ex ami, mais il montre encore une fois sa perfidie et vice dans sa demarche. Dieu n’aime pas les manipulateurs.