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Ousmane Sonko est-il réellement arrogant? (Par Mouhamadou Moustapha DIOUF)

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Que restera-t-il dans cinq ans de la quintessence du discours du président de la République le 14 octobre dernier ? En quoi la façon dont il aura été jugé et critiqué par ses détracteurs sera-t-elle un mal pour un bien, voire un bien pour le pays ? Que deviendra, en 2050, le PROJET que le Premier ministre Ousmane Sonko nous a exposé ce même jour ? En quoi aura-t-il apporté des réponses aux incertitudes des Sénégalais ?

En écoutant les commentaires, on a entendu comme un refrain répété partout : « Sonko a été arrogant. »
On a même pu lire ceci : « Soyez polis. Parlez poliment, cher jeune politicien nouvellement promu », en parlant d’Ousmane Sonko.
Comment doit-on considérer ces propos ? S’agit-il d’une accusation inédite ?
Bien sûr que non ! Cette accusation n’est pas nouvelle et ne s’adresse pas qu’à Ousmane Sonko, mais à toute personne faisant preuve de compétence ou de connaissance, et qui, parfois maladroitement, ne prend pas la peine de le dissimuler.
Quand n’est-il de l’Homo sapiens, en particulier Sénégalensis, qui ne cesse de qualifier d’arrogance toute prise de parole assortie d’intelligence et de réflexion critique ? En effet, bien trop d’entre nous confondent pertinence et impolitesse, excellence et privilèges, compétence et arrogance.
Souleymane Bachir Diagne devrait-il s’excuser de sa stature de savant ? Usain Bolt de sa vitesse ou LeBron James de sa vision de jeu ? Modou xaragne Lô de sa technicité ? En d’autres termes, et à un point de vue plus large encore, quand on peut ou sait quelque chose, faudrait-il s’en excuser ?
Nous en sommes arrivés à dénoncer toute forme d’excellence, toute réussite, même lorsqu’elles résultent d’un travail acharné, comme étant les traductions d’une faveur imméritée. Comme si tout succès était nécessairement la traduction d’un privilège indu (Sathieu la, « Dafay diay yapp », Dealer de drogue la, Domou ministre tel la, Dafa bokk si Lobby, Papam Franc-maçon la, etc.).
Certains vont même jusqu’à glorifier l’ignorance et l’échec. Ce comportement n’est pas nouveau: combien de ministres et hommes d’affaires sénégalais avons-nous entendu se vanter de ne pas avoir réussi à passer leur BFEM ou bac ? Cette valorisation de la médiocrité, ce manque de reconnaissance du succès, renvoie à des dimensions spécifiques de la culture sénégalaise, où le buzz,
l’ambiance et la comédie sont perçus comme des formes de réussite, contrairement à ce que l’on observe dans les pays dominés par la raison et la pensée rationnelle, pour lesquels l’ambiance est synonyme de pauvreté et de faiblesse intellectuelle. Je ne professe pas le pédantisme ou le manque d’humilité. Il est plus élégant, quand on sait, de ne pas rabaisser celui qui ne sait pas, de rester humble (malheureusement, beaucoup de têtes bien faites font parfois défaut en intelligence situationnelle). Et de toute façon, de nombreuses personnes n’ont pu faire les études qu’elles auraient pu brillamment réussir si les conditions sociales avaient été favorables. Mais toujours est-il que savoir vaut mieux que de se complaire dans l’ignorance. Durant le prochain quinquennat, si nous n’avons pas, à tous les niveaux, redonné toutes ses lettres de noblesse à l’excellence, si l’actuel GOS (Gouvernement d’Ousmane Sonko) et les futurs ne sont pas composés en grande majorité de personnes très compétentes, si nos cultivateurs, nos
professeurs et nos médecins ne sont pas mieux considérés (sinon mieux rémunérés) que nos artistes, nos footballeurs ou nos pseudos-influenceurs, alors le référentiel Sénégal 2050 ne sera qu’une vaste conspiration qui nous aura simplement fait élire des hubris. Et donc le pays entrera dans une décroissance incontrôlée, telle une fonction linéaire abrupte de coefficient directeur négatif. Je ne crois pas que le pire soit le scénario le plus vraisemblable. Au contraire, je pense que
l’accession au pouvoir du Pr Bassirou Diomaye Faye marque le début d’une ère où le Sénégal
empruntera une nouvelle voie. On verra bien, d’ici dix ans, si le PROJET aura permis de créer les conditions d’un pays qui fonctionne, qui sert son rêve et qui atteint son objectif, ou bien si 2024 sera considéré comme un tournant vers un retour obscurantiste, marquant la désillusion, la fin de tout espoir sur les politiques et donc le retour à l’immigration clandestine. N’empêche, le Président de la République et son Premier ministre ne devront en aucun cas chercher à plaire, mais devront seulement être animés par cette vision à long terme et par les intérêts du Sénégal.

Enfin, voilà sans nul doute une des batailles les plus importantes : cesser de dénoncer comme
de l’arrogance ce qui n’est que de l’exaspération devant l’énoncé de factice total. Et redonner ses lettres de noblesse à l’effort et à l’excellence. Après tout, si on devait s’excuser d’être compétent, qui serait encore là pour résoudre les problème du pays ? Cela dit, chers lecteurs, je m’excuse quand même pour la qualité de cet article, rédigé en vitesse ce week-end à cause d’une fête d’anniversaire. Et oui, pour ceux qui se demandent, le
gâteau était excellent, inutile que le pâtissier s’en excuse !
(Octobre 2024)

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