XALIMANEWS: Le Premier ministre Ousmane Sonko, également tête de liste nationale du parti Pastef (pouvoir), a évoqué vendredi à Ziguinchor (sud), la décision prise par les autorités d’interdire la promotion et la commercialisation au Sénégal de l’ouvrage de l’historienne française Séverine Awenengo Dalberto intitulé ”L’idée de la Casamance autonome -Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal”.
“Vous avez tous entendu parler d’un livre écrit par une française. J’en ai discuté avec le président de la République. Ce livre-là personne n’en fera la promotion ici au Sénégal. Il ne sera ni promu ni commercialisé au Sénégal”, a déclaré Ousmane Sonko lors d’un meeting à Ziguinchor, dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives du 17 novembre prochain.
“Si cette française veut écrire, elle n’a qu’à aller écrire sur la Corse qui demande son indépendance à la France. Je ne sais pas ce qu’il y a derrière cette affaire parce que la France avait témoigné dans les années 90 avec Jacques Charpy en clarifiant la question de l’appartenance totale et intégrante de la Casamance au Sénégal”, a encore fait valoir le Premier ministre, originaire de cette région sud du Sénégal.
”Nous sommes un Etat unitaire. Du nord au sud, de l’est à l’ouest les mêmes réalités vont s’appliquer sur chaque portion du territoire sénégalais”, a insisté la tête de liste nationale de Pastef (pouvoir).
Chercheure au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Séverine Awenengo Dalberto, devait présenter, samedi 26 octobre 2024, à Dakar, son ouvrage publié aux éditions françaises Karthala et intitulé L’Idée de la Casamance autonome – Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal.
Dans un communiqué, elle s’était défendu de prôner des idées autonomistes sur la Casamance, région du sud du Sénégal en proie à une rébellion indépendantiste depuis le début des années 80, après de vives protestations sur l’ouvrage au Sénégal et sur les réseaux sociaux.
Un précédent ouvrage d’un autre chercheur français, Jean-Claude Marut, Le Conflit de Casamance – Ce que disent les armes, chez le même éditeur, avait été interdit en 2010.
La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d’un des plus vieux conflits du continent depuis que des indépendantistes ont pris le maquis en décembre 1982. Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie, le conflit a fortement baissé d’intensité ces dernières années.
En mai 1991 et en juillet 1993, les autorités sénégalaises et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) avaient signé des accords de cessez-le feu. Mais les négociations avaient achoppé sur la question de l’indépendance de cette partie méridionale du pays réclamée par le mouvement irrédentiste.
En 1993, d’un commun accord, les parties prenantes avaient demandé à l’archiviste français jacques Charpy de faire une recherche historique sur le passé colonial de la Casamance.
Son rapport publié en novembre 1993, avait conclu à la ‘’sénégalité’’ de la Casamance. Des conclusions réfutées par l’ancien secrétaire général du MFDC, l’abbé Diamacoune Senghor, dans un contre-rapport rendu public au début de 1995.