«Ce n’est qu’au Sénégal que l’on voit des gens qui n’ont jamais travaillé devenir des ministres», dixit Pape Diop. Pour mettre fin à la «professionnalisation» de la politique, la tête de liste de la coalition Benno «Bokk Gis Gis» qui était ce week-end dans la région de Matam propose la limitation des mandats de tous les élus à l’image de celui du président de la République qui ne peut pas dépasser deux mandats.
(ENVOYE SPECIAL A MATAM) – Pape Diop en croisade contre les politiciens à vie. Le président du Sénat, par ailleurs, tête de liste de la coalition «Bokk Gis Gis», a jeté un pavé dans la mare des hommes politiques sénégalais.
L’ex-numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS) souhaite que la limitation des mandants du président de la République soit étendue à tous les élus. Une idée qui, si elle venait à être entérinée, va faciliter le renouvellement de la classe politique sénégalaise qui souffre d’une démocratie interne au sein des partis où les secrétaires généraux s’éternisent.
«Il y a quelque chose que je n’ai pas encore dite et je veux vous en donner la primeur, lance Pape Diop, le sourire aux lèvres : c’est la limitation des mandats. Actuellement, seul le mandat du président de la République est limité à deux. Mais pourquoi pas pour nous autres élus ?»
Selon la tête de la liste de la coalition Bokk Gis Gis qui était samedi à Ourossogui, «la limitation des mandats de tous les élus va permettre au plus grand nombre de sénégalais d’avoir un rôle à jouer politiquement». «Mais, fait-il remarquer, tant que nous ne le ferons pas, nous aurons un personnel politique au Sénégal qui consomme et qui ne produit pas. La plupart des hommes politiques ne comptent que sur la politique parce que n’ayant aucun métier».
«Ce n’est qu’au Sénégal que l’on voit des gens qui n’ont jamais travaillé et qui se voient un jour, parce qu’ils font de la politique, être bombardés à des postes ministériels», déplore le président du Sénat.
Or, souligne-t-il, «ce phénomène est un véritable problème qui intéresse tous les Sénégalais. Il faut que nous arrivions un jour à limiter les mandats des députés, des sénateurs, des maires, des présidents des conseils ruraux, municipaux, régionaux… Il faut que nous remettions en cause certaines choses».
Parce que poursuit-il, «cela permettrait à la jeunesse de pouvoir être dans le jeu politique. Si quelqu’un est élu député à l’âge de 30 ans, puis réussit à renouveler son mandat, au lieu de retourner travailler à la fin de sa législature, il espère encore redevenir, député, sénateur ou je ne sais quoi ! C’est un véritable problème. Des gens qui ne travaillent pas mais qui ne comptent que sur la politique. C’est seulement au Sénégal qu’on voit ça».
Réétudier la décentralisation
En plus du projet de la limitation des mandats des élus, Pape Diop envisage aussi de faire réétudier la question de la décentralisation. «Nous voulons un projet qui vise à impliquer directement les populations. Parce que les projets doivent être confectionnés à la base et remontés au sommet», a-t-il expliqué en insistant sur le «renforcement des compétences des collectivités. Mais, insiste-t-il, il faut un réel accompagnement avec le transfert des moyens».
«Parce que, dira la tête de liste de la coalition Benno Bokk Gis Gis, la Réforme telle qu’elle est exécutée actuellement, ne permet pas aux collectivités locales de pouvoir se prendre en charge. C’est de la poudre aux yeux. On essaie d’intéresser tout le monde, sans leur donner les moyens de pouvoirs exécuter leurs programmes pour lesquels ils ont été élus».
«Le maire de Ourossogui, par exemple, ne peut rien faire ici. Ce n’est pas possible. L’Etat a concentré tous les moyens à transférer certaines compétences locales. C’est pourquoi, nous voulons faire réétudier, la décentralisation surtout en ce qui concerne le transfert des moyens vers les collectivités», a promis Pape Diop.
Parce que selon lui, «la Réforme telle qu’elle est faite actuellement, ne permet pas de gérer certaines choses. C’est un projet creux qui ne nous mènera nulle part».