C’est dans son appartement sis au quartier Ouest Foire que l’artiste Pae Diouf a reçu le Journal Enquête. L’artiste, habillé d’un tee-shirt sur lequel on peut voir sa photo et le titre de son nouvel album «Rakadiou», revient juste d’une caravane dans la banlieue dakaroise. Entre son nouvel album et ses projets, le leader de la «Génération consciente», entre deux coups de fil, aborde presque tous les sujets qui tournent autour de la musique, sans oublier un regard sur la situation du pays. Entretien à cœur ouvert.
Parlez-nous de votre nouvel album ?
Je rends d’abord grâce à Dieu qui m’a permis de sortir à nouveau un album. Je sais que mes fans en avaient besoin car d’habitude, quand je sors un album, je prends le temps de laisser les Sénégalais l’apprécier et le consommer. Pour le moment, j’ai fait un album de 8 titres. J’avais enregistré 20 morceaux, mais comme mes fans ne cessent de me réclamer, j’ai fait sortir 8 morceaux. Inch Allah le reste viendra en 2015 avec la sortie de mon disque.
Comment va se passer la promotion ?
C’est moi-même qui vais faire la promotion de mon album en faisant des visites de proximité. Je reviens de chez moi, dans la banlieue, où mes amis et fans sont sortis en masse m’accueillir. Et comme je le fais à Pikine, je vais continuer dans tous les coins et recoins de la capitale. Ensuite, je compte sillonner tout le Sénégal.
Quels thèmes y sont développés ?
Le premier morceau est «Rakadiou », un titre que j’ai dédié à mes fans, mais tout le monde peut s’y retrouver. Après «Bégué», j’ai voulu faire plus et «Rakadiou» est le seul mot que j’ai pu trouver. C’est une façon pour moi de rendre hommage à ceux qui me soutiennent. Mais maintenant je me demande après « Rakadiou » ce que je vais créer d’autre. Il y a également le morceau «Deug La» pour sensibiliser un couple qui traversait un moment difficile.
Le jeune homme a voulu tourner le dos à sa compagne et cette dernière a su être patiente. C’est un morceau riche car c’est un autre style et les paroles parlent d’elles-mêmes. Avec «Dou Dègne», je demande aux Sénégalais de s’entre-aider car il ne faut pas qu’on n’oublie nos valeurs. Il fut des temps où on aidait son prochain sans rien attendre en retour mais maintenant j’ai l’impression que nous avons de nouvelles habitudes qui nous poussent à agir autrement. Il faut revenir aux vieilles coutumes c’est-à-dire aller la main dans la main. C’est très important.
Et quoi d’autre ?
J’ai aussi dédié un morceau à Cheikh Amar, un grand-frère à moi, ce fervent talibé Mouride qui ne cesse d’œuvrer pour le développement de son pays. J’ai enregistré presque cinq morceaux pour les femmes. Il y a aussi un titre qui parle de l’agriculture. Je compte donner ma partition à ma façon dans ce secteur, et j’invite la jeunesse sénégalaise à faire de même. Et comme le «Thiébou Dieune» est notre plat national, il faut développer l’agriculture. C’est le meilleur investissement qu’un pays peut avoir. Actuellement nous avons monté un projet sur l’agriculture avec mon ami Titi Camara, l’artiste Akon, le footballeur El Hadj Diouf et le mannequin Lissa.
Pourquoi attendre près de 4 ans pour sortir un autre album après « Kass Kass» en 2010 ?
On était juste dans la promotion de l’album car lorsque «Kass Kass» est sorti, nous avons joué dans presque toutes les boites de Dakar. Ensuite il y a eu le grand Bégué qui a marqué à jamais les Sénégalais que je remercie, car si j’y suis arrivé là, c’est grâce à eux. C’est pour cela que j’ai pris tout ce temps pour sortir ce nouvel album. Et puis les deux années passées, tous les diners de gala qui étaient organisés par des grandes entreprises, c’est moi qui les animais. J’en profite pour les remercier d’avoir porté leur choix sur ma personne.
Vous êtes toujours en collaboration avec Prince Art, comment ça se passe ?
C’est une collaboration professionnelle qui dépasse même cet entendement et je ne cesserai de le dire. Nous sommes arrivés à un stade où on a dépassé les relations professionnelles car leur grand-frère Youssou Ndour qui est mon idole ne cesse de me soutenir. Ses frères avec qui je travaille me sont d’un grand apport et je les remercie beaucoup. Le travail que je fais demande un esprit tranquille, de la stabilité et tout ceci je le retrouve à Prince Art.
Donc de ce point de vue, vraiment, je ne me fais pas de souci. C’est la raison pour laquelle je ne compte pas collaborer avec quelqu’un d’autre car tout ce dont j’ai besoin, ils s’en occupent. Et puis, j’ai démarré ma carrière avec Ibrahima Ndour et finalement nous avons signé un pacte, un pacte moral. On a beaucoup de projets d’avenir et personne de nous deux n’a le droit de trahir l’autre. Et inch Allah, c’est ce que nous allons faire.
Allez-vous jouer au Zénith en 2015 ?
Je vais faire plus que le Zénith en 2015. Cette année je vais jouer aux Dogues de Pullman, à Paris le 4 avril inch Allah. J’ai choisi cette date qui est symbolique pour tout citoyen sénégalais, car c’est le jour où notre pays a accédé à la souveraineté internationale. Et je compte rendre hommage à toute la Diaspora. J’en profite pour appeler tous mes fans, car ce sera une soirée spéciale «Rakadiou». Pour le moment, je ne dirai pas qui sera l’invité d’honneur du Sénégal, mais retenez que l’artiste gambien Dialiba Kouyaté sera de la partie car tout le monde sait que Pape Diouf a beaucoup de fans en Gambie.
Comment se porte la musique sénégalaise en ce moment ?
De manière générale, je peux dire que tout se passe bien parce que les arrangeurs sont là et ils y contribuent beaucoup, surtout la nouvelle génération. Tout le monde sait que c’est la piraterie qui freine l’élan des musiciens, sinon on pourrait vivre de notre art comme on dit, car la technologie a beaucoup progressé. C’est très difficile surtout pour les jeunes artistes qui ont besoin d’appui. Seuls les fans peuvent nous aider à mettre un frein à la piraterie. Cela, en achetant les CD originaux afin d’aider les artistes, comme quand les électeurs vont élire leurs dirigeants.
Vous voulez dire que sans piraterie, vous seriez tranquille ?
Evidemment. Pour faire de la musique il faut avoir l’esprit tranquille, et pour avoir l’esprit tranquille, il faut de l’argent. Par exemple quand vous allez aux Etats-Unis, dans leurs studios, c’est le high-tech, c’est parce qu’ils ont les moyens, ils sont dans des conditions raisonnables. Allez au Nigeria, c’est la même chose.
Quelles sont vos relations avec les autres artistes ?
Tout se passe bien mais je préfère ne pas aborder ce sujet. Retenez juste que je suis en parfaite entente avec tout le monde.
Et avec Waly Seck ?
Pourquoi les gens aiment insister sur ma relation avec lui ? C’est un petit-frère, on n’a aucun problème entre nous. Moi ce qui me préoccupe actuellement, c’est la promotion de mon album et comment faire pour rendre heureux mes fans.
Pouvez-vous revenir sur l’histoire entre Tange Tandian et votre femme ?
C’est de l’histoire ancienne et je préfère ne pas en parler. Demandez-moi des choses qui m’intéressent. Ce sujet, je l’évite au maximum. Vraiment
Quels sont les projets de Pape Diouf ?
A part la promotion de son album, ses fans peuvent le retrouver tous les week-ends au Thiossane car Youssou Ndour m’a donné feu vert : désormais c’est moi qui joue là-bas. Je vais également jouer au Ravin Night Club. Côté social, comme toujours je suis au chevet des handicapés. Actuellement, j’ai quatre containers de matériels, des lits d’hôpital, entre autres. Je remettrai tous ces dons après la Tabaski. Je prépare aussi des tournées internationales.
Quel est votre point de vue sur la situation actuelle du pays ?
C’est vrai qu’actuellement le pays va mal, mais il faut savoir serrer la ceinture. L’Etat est en train de mettre en place des projets, donc il faut que chacun s’y mette pour que ça marche car la crise est mondiale. Il ne faut pas que chacun reste chez lui et dise que le pays va mal. Je demande au chef de l’Etat d’appeler au dialogue afin que le Sénégal émerge. Mais aussi qu’il accélère la cadence comme on dit car c’est lui qui est à la tête du pays.
Les intertitres :
« Je n’ai aucun problème avec Waly Seck, c’est un petit frère»
«Ma relation avec les autres artistes, je préfère ne pas en parler »
«L’histoire Tange Tandian et ma femme fait partie du passé et je n’en parlerai pas»
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