Pape Malickou Diakhaté, le défenseur de l’Olympique Lyonnais est aussi un des cadres de la sélection sénégalaise. Les Lions de la Téranga, après plusieurs années d’errements, semblent redevenir ambitieux, comme le prouve leur bon début de campagne éliminatoire pour la CAN 2012. Mais Diakhaté en appelle à l’humilité.
Après avoir battu la RD Congo à Lubumbashi (2-4) et atomisé Maurice à Dakar (7-0), il n’est pas surprenant de voir resurgir les vestiges d’un passé agité au sein de la sélection nationale du Sénégal. Toutefois, les Lions n’en sont qu’aux prémices d’une rédemption attendue par un peuple passionné, mais frustré par une fin de décennie déplorable.
« Au Sénégal, on s’enflamme très vite. D’accord, nous avons gagné nos deux premiers matches qualificatifs, mais il en reste quatre, dont deux face au Cameroun, qui reste une des meilleures équipes d’Afrique. Alors, restons humbles et travaillons », prône Pape Diakhaté.
Caprices dans la tanière
À 26 ans, le défenseur prêté à Lyon l’été dernier par le Dynamo Kiev (Ukraine) jette un regard lucide sur le football de son pays. En interrogeant sa mémoire, Diakhaté s’arrête un instant sur l’héritage de 2002. En moins de quatre mois, les Lions de Bruno Metsu avaient atteint la finale de la CAN 2002 au Mali face au Cameroun (0-0, 2-3 aux tirs au but) et les quarts de finale de la Coupe du monde, la même année, au Japon et en Corée du Sud (0-1 contre la Turquie). « 2002 a été un déclic pour le football sénégalais, mais l’a aussi desservi. Tout le monde est resté sur cette période. Depuis la demi-finale lors de la CAN 2006 en Égypte, le foot sénégalais n’a plus montré grand-chose.»
Diakhaté, devenu international en 2005 alors qu’il jouait à Nancy, a vu l’ambiance se dégrader au sein d’une tanière ouverte à tous les caprices, et plus particulièrement à ceux d’El Hadji Diouf. « J’ai vu des choses surprenantes, des comportements qui n’étaient pas professionnels. Plus que les joueurs, ce sont les dirigeants et les différents sélectionneurs qui sont responsables d’avoir laissé faire certaines choses. La tanière n’appartient à personne, et personne ne doit être au dessus des autres », explique Diakhaté. « Il y a avait aussi trop de problèmes d’organisation », reconnaît-il.
Carrefour des générations
Mais depuis qu’Amara Traoré (45 ans), lui-même membre de la génération dorée, a été installé au poste de sélectionneur national en décembre 2009, l’optimisme escorte à nouveau l’avenir. « L’avoir nommé est une bonne chose. Il a les compétences pour réussir. Il a imposé une certaine discipline, a appelé de nouveaux joueurs tout en s’appuyant sur les anciens (Daf, Niang, Souleymane Diawara, N’Daw), dont je fais partie. Je n’hésite pas à intervenir s’il le faut, mais pour cela, il faut être irréprochable sur et en dehors du terrain. »
À Lyon, où il s’est imposé au sein de la défense rhodanienne, Pape Diakhaté observe avec recul le quotidien tourmenté d’un grand club, où le public réclame la démission de l’entraîneur Claude Puel et où Jean-Michel Aulas, l’omniscient président, déverse son fiel sur une presse sportive responsable selon lui des mauvais résultats de son équipe.
« Le contexte est assez difficile. Moi, je me concentre sur mon métier, et je ne lis presque pas la presse », évacue Diakhaté. Il retrouvera sa sélection le 17 novembre à l’occasion d’un match amical face au Gabon à Sannois-Saint-Gratien. Où le climat sera sans doute moins chargé qu’à Lyon…