Sénégal, un pays de la démocratie. Chanté dans le monde, honoré récemment à la Maison blanche par le président américain, Barack Obama, ravi de la tenue régulière d’élections libres et transparentes. Mais, le Sénégal, c’est aussi le pays des paradoxes. Au moment où le peuple s’acquitte de son pouvoir républicain, la classe politique, elle, sombre dans le bonapartisme. Les leaders sont loin d’ériger la vertu démocratique en mode de gestion interne, dans leurs formations. Les partis souffrent de l’omniprésence des « pères fondateurs », à l’image de ces personnages des romans d’Ahmadou Kourouma ou d’Henry Lopès. Nos politiciens ne seraient-ils que des monarques démocratiques ? La pensée unique est de mise dans la plupart des formations. Toute personne émettant une idée contraire à celle du chef est condamnée à l’exil ou mise en quarantaine. Ajoutée à l’immobilisme, cette situation favorise la floraison des partis politiques, qui frôlent les 200 pour 14 millions d’habitants. Une hérésie. « L’actionnaire majoritaire » fixe les règles. A ce jeu, les libéraux sont les rois. Après l’hyper-dépendance à Abdoulaye Wade au Pds, son fils adoptif Idrissa Seck importe les tares libérales au Rewmi. Macky Sall, chef de l’Apr, n’en est pas loin.
Crise de leadership au Rewmi
Coup de tonnerre chez Idrissa Seck. Rewmi tangue vers le clash. Ses caciques réclament la démocratie. Omar Guèye, ex-secrétaire national chargé des Elections, lance la bombe : « Il est temps que notre parti fonctionne de manière démocratique. Rewmi n’appartient pas à une personne, ne se nomme ni Seck, ni Diakhoumpa, ni Guèye ». Révolté sans doute par la décision de son leader de le rétrograder au rang de simple militant après qu’il ait proposé le limogeage son camarade de parti, Abdourahmane Diouf, de la Sones. Cette confidence d’Omar Guèye, ex-secrétaire national chargé des élections de Rewmi, traduit toute son impuissance face à son président de parti, qui a droit de vie et de mort sur ses militants. Le président nomme et révoque les secrétaires chargés des élections. Omar Guèye engage la bataille démocratique et veut imprimer la couleur de la liberté d’expression, comme le fait son mentor avec Macky Sall, son allié dans Benno Bokk Yaakaar. L’ex Pcr de Sangalkam ouvre le chemin de la discorde et s’affranchit des liens d’Idy : « Les déclarations récentes observées par le président de notre parti ne nous engage pas. Nous ne pouvons pas être membres d’une coalition, être dans le gouvernement et être dehors ». Et de hausser le ton : « Je ne transhumerai pas, Rewmi n’appartient à personne. Ce parti n’a pas de nom ». Oumar Guèye conforte ainsi Marie Mbengue, la démissionnaire présidente départementale de Rewmi à Kébémer, qui révélait dans les colonnes du journal l’Observateur : « Idrissa Seck ne respecte personne. Il n’a aucune considération pour ses militants. C’est lui seul qui décide de tout. Il ne consulte personne. On ne sait rien de lui. Il se suffit à lui-même. Pour preuve, lorsque le Comité directeur du parti lui avait donné mandat pour qu’il négocie avec Me Wade, il n’est jamais retourné pour nous informer des tenants et aboutissants de cette rencontre. En réalité, il se prend pour le centre du monde ». Se faisant plus virulente, Marie Mbengue compare le fonctionnement de Rewmi à celui d’un dahira où Idrissa Seck fait office de marabout : « Il faut que les militants s’agenouillent devant lui. Moi, je suis connue pour ma liberté de ton, je ne peux plus continuer à accepter l’inacceptable, c’est pourquoi j’ai claqué la porte », déclare-t-elle.
Un mal récurrent
A la veille de la présidentielle 2012, déjà, le choix d’Idy d’aller pécher une directrice de campagne, Léna Sène, avait hérissé quelques-uns. Les plus frustrés y lisaient un complexe du chef et déclaraient même qu’il snobait l’expertise locale, genre Pape Diouf et Oumar Guèye. Avant cette révolte 2012, Awa Guèye Kébé, lassée du mutisme de son chef, avait regagné le camp libéral du temps de sa splendeur. Aujourd’hui, les caciques Pape Diouf et autres Oumar Sarr, compagnons de galère d’Idrissa Seck, renvoient à Idy sa pâle copie rendue à Wade, dans la série « Lui et moi ». A quelques traits près, ils jouent la résistance à perfection. Et la roue tourne en politique. Tout en réaffirmant leur appartenance au Rewmi, Guèye et Diouf se démarquent de leur leader et se font écho des bons points du bilan de Macky Sall. Loyaux, ils endossent le bilan du gouvernement d’Abdoul Mbaye où ils siègent et nagent à contre-courant de leur chef au Rewmi. Idrissa Seck peint l’absence de vision et informe de l’ignorance en Finances publiques, du banquier devenu Premier ministre. Trahison ou rébellion ? En tout cas, Idrissa Seck en choisissant d’envoyer Oumar Guèye et Pape Diouf au gouvernement de Macky 1, récompensait la fidélité. En son temps, ils ont fait jaser certains de leurs camarades. Mais, en politique comme les intérêts priment sur tout, l’amitié est souvent reléguée au second plan. Pis, les maladies congénitales complètent et alimentent la guerre fratricide qui couve aux partis politique.
L’APR, MACKY SEULE CONSTANTE
Dans le même sillage que Rewmi, l’Apr reste un parti unipersonnel. Excepté la « constante », Macky Sall, secrétaire général de l’Alliance pour la République, les autres ne représentent pas grand-chose. Des notes discordantes rythment la vie du parti. Telle une armée mexicaine, c’est chacun son tempo. Les avis de Alioune Badara Cissé sur le départ du secrétariat de l’Apr butent sur le niet de ses camarades. Mor Ngom, directeur de cabinet, botte en touche et pour Seydou Guèye, porte-parole de l’Apr, le comité de directeur de l’Apr ne compte pas. Seule la structure des cadres semble être structurée avec Thierno Alassane Sall, ministre des Infrastructures. Sans grande instance, Macky reste la seule constance. Il a mis les grandes actions. Les femmes, les jeunes, les médecins, les enseignants, ont tous leurs structures, mais pas d’organe supérieur pour assurer la vie du parti.
L’Apr souffre de sa situation de ‘’prématuré’’. Très tôt venu au pouvoir, après juste trois ans d’existence, sans organigramme. Juste un numéro 2, Alioune Badara Cissé et un chargé des structures, Mbaye Ndiaye, des amis bénéficiant de leur ordre de solidarité. Le directoire se constitue au profit de l’ordre d’arrivée. Macky n’a eu que le temps de colmater la direction des jeunes et des femmes, où se hissent Abdou Mbow et Marième Badiane sans grand bruit, ni conquête. Tout fut taillé sur mesure. Aussitôt né, aussitôt dans le bain de la campagne électorale, d’abord les Locales 2009 avec le Benno Siggil Sénégal, suivie de la lutte contre la quatorzième modification de la constitution du 23 juin 2011. Le M23 s’attaque à la candidature de Wade et aux pourparlers de la Présidentielle 2012, met la coalition Macky 2012, suivi de Benno Bokk Yakaar, aucun répit n’est laissé à Macky pour structurer son parti. Manque de ressources ou ouverture, le candidat Sall organise son team électoral en pole ; et rares sont les membres du directoire qui dirigent les pôles en route vers le Palais. Investi président, Macky s’appuie davantage sur ses alliés. Son parti prêchant la rupture s’embourbe dans sa politique de massification, en versant dans le culte de la transhumance. L’Apr pêche dans les eaux libérales et provoque le tsunami au Rewmi. Le chef de file et ses fidèles lieutenants n’émettent plus sur la même longueur d’ondes.
AFP, PDS, AJ, LD, PIT… SOUS LE JOUG DES PERE-FONDATEURS
PDS sous Wade formula : Au Pds, c’est la débandade. Depuis l’exil de Wade, les variables se cherchent. Omar Sarr, nommé coordinateur, ne souffre pas de la légitimité. Et bonjour la balcanisation. Pape Diop, Mamadou Seck, font leur Bokk Guis- Guis et Abdoulaye Baldé crée les Centristes. Ces anciens ne se sentaient plus dans le parti et ont manifesté leur désaccord avec Wade. Les courants de pensée fusionnent au Pds, après Aliou Sow, Serigne Mbacké Ndiaye sort Kolleré, Babacar Gaye et Habib Sy s’engouffrent dans la brèche. Mais les Libéraux s’unissent dans traque des biens mal acquis, ils bénéficient toujours de cette carapace d’opposants.
L’Afp en panne de leadership : L’exclusion ou la relégation de Elène Tine, ex-porte parole de l’Afp, aujourd’hui député sous la bannière de Bës Du Niakk de Mansour Sy Djamil, symbolise la monarchisation du pouvoir chez les progressistes. Dr Malick Diop s’installe aux commandes, sans être désigné par le congrès. Les nominations se décident dans la cour de Niass, sans la tenue du comité directeur. Après Moustapha Niass, c’est presque le désert. Son numéro 2, Malick Gackou, manque encore de poigne.
AJ, un label à plusieurs têtes : Mamadou Diop Decroix et Landing Savané sont les illustrations parfaites de ce mal chronique. Après plus de 30 ans de compagnonnage, les deux hommes se quittent sous les coups de boutoir de la politique. Les relations se détériorent et chacun réclame la paternité de ce parti de gauche. La séparation intervient en cours de compagnonnage avec Abdoulaye Wade. En 2007, Landing sort et déclare sa candidature à la « Présidentielle 2007 » quand une frange dirigée par Decroix, fait allégeance à Wade. S’ensuit la bataille juridique toujours en instance. Aujourd’hui, un autre parti est sorti des flancs d’Aj. /Pads, avec Bassirou Sarr. L’homme a rompu les fiançailles quand Landing Savané s’est allié avec la coalition Benno ak Tanor.
A la LD, après Pr Abdoulaye Bathily, peu de noms sont connus du grand public. C’est identique au Pit où l’ombre d’Amath Dansokho empêche Maguette Thiam de se mettre dans la peau du patron du Pit. Dur dur d’imprimer sa marque dans ces conditions !
Le modèle Ps
Loin des tumultes organisationnels, le Ps prépare son congrès loin de la quiétude. Ousmane Tanor Dieng, le premier secrétaire, renonce à sa succession en 2017. Le 3 avril sur la chaîne 2 Stv, Mamadou Faye annonce sa candidature. Les autres probables prétendants, Khalifa Sall, Aminata Mbengue Ndiaye, Aissata Tall Sall… tardent à décider. N’empêche, les socialistes bougent et fortifient leurs bases. Histoire de revitaliser et de remobiliser les troupes avant les Locales de 2014. En attendant le renouvellement des instances lors du congrès plusieurs fois reportés. Le Ps agite son trophée de parti démocratique. Certes, la base a encore son mot à dire, mais les socialistes ne sont pas si lisses. L’arme disciplinaire emporte des têtes de turcs. Des voix discordantes sont souvent menacées d’exclusion ou traduites devant la commission de discipline, en phase avec le chef. Malick Noel Seck, patron des convergences socialistes, récolte les séquelles de sa liberté de ton. La seule organisation structurée ne fait pas toujours office de bon élève. Lors de la composition du gouvernement, le 4 avril 2012, les choix de Tanor ont été contestés par certains cadres socialistes. Pas si rose, mais pas monarchique non plus.
Boly Bah
PAR LA LES TRAITRES .
PAPE DIOUF ET OUMAR GUEYE NE SONT RIEN D’AUTRE QUE DES TRAITRES .
le PS est le parti le plus structuré et le plus démocratique du pays, c’est un fait ! c’est peut être aussi du à son age et son experience et la qualité de ses hommes.
Malick noel seck n’a pas été exclu pour sa liberté de ton mais pour son impolitesse unanimement denoncé même par des non militants du PS. Osez parlez de droit de cuissage alors que des femmes plus âgées que sa mère sont dans le parti est la preuve d’une insolence caractérisée pour quelqu’un qui a choisi d’integrer le PS seulement en 2005 , alors que tous les autres partis étaient là. Le bureau politique du PS est l’espace approprié pour certains debats pas les medias. et il y’a pas un espace plus démocratique que le bureau politique . vous imaginez des gens comme Cheikh amdiou kane, aissata tall sall, wilane, diaz, etc….personne ne peut les empecher de donner leur avis. Même Abdou Diouf a reconnu que la gestion de l’Etat lui etait plus facile que la gestion du Parti.