Paradoxe des mauvaises politiques mises en place dans les différents pays africains, ce sont les producteurs agricoles qui souffrent le plus de la faim, parce que les facilités semblent plus accordées à l’importation des denrées des pays du Nord, ce qui fragilise les productions locales.
La majorité des paysans souffrent le plus de la faim en Afrique. C’est l’analyse de Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre national de coopération et développement (Cncd). Animant un forum organisé par Oxfam au Centre international du commerce extérieur (Cices) sur le thème «Donnons des moyens aux exploitations familiales de nous nourrir», dans le cadre du Forum social africain ouvert avant-hier et devant prendre fin après demain, le secrétaire général du Cncd souligne «que 80% de la population qui souffrent de la faim sont des paysans ou des pêcheurs». Cela repose, selon lui, l’importance de «protéger les agriculteurs locaux» par la création d’un tarif extérieur commun à l’échelle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), selon l’un des panélistes, qui s’exprime dans un contexte où Oxfam célèbre la semaine de la campagne dénommée «Cultivons». Même s’il juge que l’application de cette mesure ne semble pas agréer les pays européens qui, à travers l’Union européenne, cherchent à libéraliser l’agriculture.
«Il faut se rendre compte que le problème ce n’est pas de quantifier l’alimentation. Mais de protéger les agriculteurs pour qu’ils se nourrissent et puissent nourrir leur communauté de base», conseille M. Zacharie. Pis, les agriculteurs africains sont concurrencés par les agro-industriels qui, assure-t-il, arrivent sur le marché africain avec des produits qui sont de loin moins chers que le coût de production de ces producteurs africains. C’est ce qui fait, à l’en croire, que ces derniers se retrouvent «dans la faillite et l’extrême pauvreté».
Concernant l’engagement des 54 Etats africains pris lors de la déclaration de Maputo de consacrer 10% de leur budget à apporter un soutien à l’agriculture familiale, Arnaud Zacharie révèle qu’il n’y a que 8 pays qui sont parvenus à tenir parole. Mais qu’en faisant les détails, selon lui ces pays précités mobilisent l’aide au développement pour apporter à leurs producteurs agricoles. N’ayant que 5% des terres irriguées et très dépendant de sa pluviométrie, l’Afrique, souligne-t-il, dispose d’avantages comparatifs par rapport à l’agro écologie.
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