PASSEPORTGATE- La responsabilité de Macky en question / Retour sur la passe d’armes entre Niasse et Wade autour des passeports diplomatiques
Par-delà l’affaire Kilifeu, le débat sur l’octroi des passeports diplomatiques doit être posé en allant au fond des choses. Ici, l’on ne s’est pas attardé sur la responsabilité de Macky Sall qui a la haute main sur ce sésame précieux. Ce dernier, dès son accession au pouvoir au pouvoir en 2012, avait annoncé des mesures pour remettre à l’endroit tout ce qui avait été mis à l’envers sous son prédécesseur. Le mal persiste toujours et des députés de son propre camp sont cités.
En juillet 2018, selon une certaine presse, le Sénégal avait échappé à un embargo contre ses passeports diplomatiques dans l’espace Schengen, après une mesure de l’Union européenne visant à imposer un visa aux détenteurs de passeports diplomatiques issus de certains pays. Et quand en 2019 le chef de l’Etat, en conseil des ministres, s’est engagé à remettre de l’ordre, d’aucuns ne croyaient pas en l’existence d’une réelle volonté politique de mettre fin à tout ce bataclan.
« Les problèmes avec ces passeports, ce n’est pas nouveau. Moi, je trouve que c’est purement politique. Il veut mettre en mal Amadou Ba qui, selon des rumeurs, aurait des ambitions présidentielles, avec les titulaires des passeports. Les passeports diplomatiques, je n’y trouve aucun problème qui pourrait justifier leur suppression », révéla une source contactée par Seneweb.
On peut le croire : ce problème n’est pas nouveau.
Au lendemain de l’Alternance de 2000, l’alors chef du gouvernement de type cohabitationniste, Moustapha Niasse, promit de nettoyer les écuries d’Augias, relativement à l’octroi des passeports diplomatiques. L’arroseur sera arrosé des années plus tard. Pour mémoire, après la présidentielle de 2007, réélu, le pape du Sopi avait annoncé des poursuites judiciaires contre ses opposants, et candidats malheureux, particulièrement Moustapha Niasse, qui ne le reconnaissait pas comme Président. Selon Wade, Niasse était mouillé dans l’affaire dite des passeports chinois.
« En tant que ministre des Affaires étrangères, il avait ouvert un bureau consulaire à Hong Kong pour vendre des passeports aux Chinois. Un jour, les Français se sont réveillés et ont trouvé le cadavre d’une Chinoise dans la Seine qui avait par-devers elle un passeport diplomatique sénégalais. La presse sénégalaise en a parlé. Moustapha Niasse vendait des passeports à des Chinois qui voulaient se rendre aux Etats-Unis ou ailleurs. Il l’a reconnu. Il n’a pas reversé l’argent au Trésor. Je lui demande seulement de rapporter la preuve. Et quand on lui demande cela, il dit qu’aux Etats-Unis on vend des passeports», déclarait Abdoulaye Wade, qui avait à ses côtés, un certain Macky Sall, alors PM et directeur de campagne.
Moustapha Niasse avait mené la contre-attaque, en accusant, à son tour, Wade d’avoir vendu passeports diplomatiques à la famille de Jonas Savimbi. «Me Wade a vendu 26 passeports diplomatiques à la famille de Jonas Savimbi (Ndlr : défunt chef rebelle angolais). Il n’a qu’à m’amener devant le Tribunal et je viendrai avec le dossier des passeports de la famille Savimbi », déballa Niasse.
En réalité, au Sénégal le passeport diplomatique est une puissante arme politique aux mains du chef d’Etat en exercice.
Combien de temps a-t-il fallu pour confectionner le passeport diplomatique de Karim Wade, dans le cadre de ce qui appelé Protocole de Doha ? « Un passeport créé en une nuit », nous apprend Jeune Afrique, dans un enquête, sous le titre « Sénégal : l’histoire secrète de la libération de Karim Wade ».
Ah ! J’avais oublié le jeune marabout-politicien Serigne Modou Dieng. Arrêté pour une affaire de passeport diplomatique, il avait mouillé Landing Savané. C’était en 2008.