Sa réussite est en grande partie liée à celle de Balla Gaye 2, le Lion de Guédiawaye. Adama Ngom s’est notamment fait connaitre du grand public grâce à son compagnonnage fructueux avec le fils de Double Less dont il est le batteur attitré. Outre le prochain adversaire de Yékini, il accompagne également la chorégraphie des lutteurs comme Elton et Less 2.
Au bout du fil, les explications du batteur sont limpides. « Une fois au marché Sahm de Guédiawaye demandez ma demeure, quiconque pourra vous y amener ». Sur place, dans ce quartier de la banlieue de Dakar, il est difficile de se perdre. Un enfant croisé en premier nous désigne une ruelle sablonneuse. On s’y engage et quelques minutes plus tard, on aperçoit devant une maison un groupe de jeunes, tambours à portée de bras, qui réajustent et réparent les tam-tams. On est bien dans la demeure familiale d’Adama Ngom, le batteur attitré de Balla Gaye 2. Pour le voir, il aura fallu poiroter une bonne trentaine de minutes. « Ada est sortie mais il ne saurait tarder », nous renseigne Mor Ngom, le second de la famille Ngom en plein dans la préparation des manifestations devant être honorées par le clan qui se nomme Ngomez. Dans ce décor des familles griottes, on retrouve les peaux tannées, les tambours et tous les autres attirails qui font loi dans ces concessions. De plus en plus, dans l’arène, les batteurs commencent à se faire une place de choix. Ils sont actuellement les stars qui font danser ces grands champions courus pas tout le monde. Ils incarnent même l’âme des lutteurs. A Guédiawaye, le nom d’Adama Ngom est indissociable de celui de Balla Gaye 2 le lutteur le plus « show » de l’arène sénégalaise. Mais aussi, ils composent les gammes qui accompagnent les sorties de Less 2 et Elton, tous des pensionnaires de l’Ecole de lutte Balla Gaye (Elbg).
Un legs des anciens
Le compagnonnage entre le fils de Double Less et Adama Ngom a pour cadre l’école 16 de Guédiawaye qui fait office de lieu d’entraînements de l’Elbg. En ce moment-là, « nous assistions dans ses chorégraphies Lac de Guiers 1 de l’écurie Walo qui s’apprêtait à effectuer une sortie dans l’arène ».
A l’entraînement, Adama Ngom découvrit ce champion en herbe qui gambadait avec les autres lutteurs dans l’aire de combat. «A première vue, j’ai dit aux gens que ce garçon serait un grand champion du fait notamment de ses aptitudes qu’ils développaient de jour en jour devant ses adversaires lors de ses combats », soutient-il. En plein préparatif pour un voyage en Casamance où il compte accompagner Balla Gaye 2 et Lac de Guiers 2, Adama Ngom a tenu à expliquer sa vie, l’arène et l’attachement viscéral qu’il voue au fils de Double Less et plus particulièrement cet amour à Guédiawaye, son patelin de cœur.
Comme la plupart des griots, Adama Ngom tient ce talent de batteur de sa famille. Du côté paternel, Modou Ngom le père ainsi que « mon homonyme furent tambour-major à Guédiawaye ». C’est dans cette ambiance de préparation des grandes soirées traditionnelles avec les différentes activités à honorer qu’a grandi Adama Ngom. Et naturellement, il chopera le virus et petit à petit va être initié aux secrets des grands tambours-majors. Mais lui va préférer officier en lutte et on le voit toujours aux premières loges lors des sorties de Balla Gaye 2.
Dans ses explications pour décortiquer les mélodies, on découvre que chaque gamme parle au lutteur, le pousse à se sublimer avec en ligne de mire la victoire. Du point de vue historique, Adama Ngom rappelle que ces mélodies utilisées pour accompagner l’entrée du lutteur étaient réservées à la gloire du roi. Chaque gamme a un langage, chaque sonorité parle à son destinataire.
Protéger les œuvres au Bsda
Officier en lutte est une activité à hauts risques surtout avec tout ce qui entoure ce sport comme mysticisme. Aujourd’hui, poursuit-il, « la lutte est une affaire de bataille d’hommes et le batteur doit bien faire son job et épauler le lutteur ».
Le batteur, qui n’est pas en forme ou qui est atteint mystiquement, met le lutteur dans une mauvaise passe. C’est pourquoi, « nous essayerons de nous prémunir contre tout ».
Au stade, les spectateurs se plaisent beaucoup à écouter les sonorités venues de la batterie d’Adama Ngom. Le succès est là, palpable. La chorégraphie et les gammes qu’il a produites pour Balla Gaye 2 font fureur dans la ville. Elles sont très prisées par les musiciens qui composent des tubes autour de cette musique. Beaucoup parlent de cette complicité entre Balla Gaye 2 et Adama Ngom.
« Balla a une oreille attentive et quand je le regarde, il sait ce que je vais faire. D’ailleurs à travers mon tambour, je suis capable de lui donner davantage confiance », soutient le batteur. Cette mélodie a été créée à partir d’une seule phrase : « Bala Gaye 2 de Guédiawaye, fils de l’ancienne gloire Double Less », a avoué Adama Ngom.
Au-delà de Balla Gaye 2, des lutteurs comme Less 2 et Elton de l’école de lutte Balla Gaye ont chacun une mélodie qui leur est propre. Mais, « celle réservée à Balla est le plus populaire car il dispute les plus grands combats » a-t-il affirmé.
Sa trentaine de minutes de retard lors du rendez-vous s’expliquait par le fait que le batteur était pris par un rendez-vous au Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda). Une rencontre, dit-il, «très bénéfique avec la patronne de cette structure, Mme Siby, qui met tous les artistes sur le même pied». De plus en plus, surtout dans les tubes Mbalakh, on entend souvent une adaptation des sonorités créées par Adama Ngom pour Balla Gaye 2. Ce qui l’a poussé à « sécuriser mes œuvres depuis 2005 au niveau de la Bsda ». Une bonne chose qui lui permet de gagner des dividendes.
Dans sa vie artistique, outre le monde de la lutte qu’on lui connait actuellement, Adama Ngom a également tenu les percussions de certains artistes qui officient au niveau de la musique salsa. « Je faisais partie de l’orchestre d’Alassane Ngom avec des chanteurs comme El Hadji Faye, Titi et Abraham Pipo Diop », a fait savoir le tambour-major originaire de Réfane mais qui a grandi à Guédiawaye.
Aujourd’hui, pour davantage mutualiser les efforts, Adama Ngom a mis sur pied une association des griots afin « de pousser mes camarades à se perfectionner mais aussi à défendre leurs œuvres ». Une belle trouvaille
