Artiste peintre de talent, mais aussi chanteur chevronné, Ablaye Ndiaye Thiossane va mettre son premier album sur le marché international en octobre prochain. A 75 ans, il prend l’évènement avec philosophie. L’album « Aminata Ndiaye » porte le nom de son titre fétiche des années 1960. Le vieux musicien peut savourer, à sa juste valeur, ce grand moment de sa carrière.
Grâce à Médoune Diallo, la volonté d’Ibrahima Sylla et avec Syllard production, Ablaye Ndiaye Thiossane va mettre sur le marché un album de musique moderne, de la « salsa » avec sa chanson fétiche « Aminata Ndiaye », du reggae et du jazz. » Il s’agit de sept titres » précise-t-il. En plus, il révèle avoir produit sept autres titres en musique traditionnelle.
Selon lui, l’élaboration de cet album a requis la participation, dans les chœurs, de plusieurs artistes de renommée notamment Adja Khar Mbaye Madiaga, Fatou Mbaye Dialy, Souleymane Faye entre autres. Le vieux musicien explique qu’il revient de la France où il a séjourné treize jours pour une tournée de promotion. » Un autre séjour est prévu sous peu dans l’hexagone » annonce-t-il. Au plan de l’accompagnement musical, des musiciens du Baobab de Dakar, mais aussi le guitariste Papa Joël, un congolais qui accompagnait le musicien Seigneur Rocheraud, ont travaillé sur l’album. Père de huit filles et d’un garçon, ce monogame, férus d’art, salue à sa juste valeur, sa toute dernière distinction émanant du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade et grâce à l’intermédiation du célèbre plasticien Kalidou Kassé. Aujourd’hui, Ablaye Ndiaye Thiossane est heureux de la reconnaissance de Kalidou envers son ancien formateur aux manufactures des arts décoratifs de Thiès, » Me Wade m’a décoré pour service rendu à la peinture » confie-t-il. Une distinction qui s’ajoute à celle de Chevalier de l’ordre national du lion qui lui a été décerné en 1999 sous le magistère du président Abdou Diouf et celle d’Officier des arts aux premières années du régime libéral.
Il intégra l’Ecole des arts en 1962.
» Si Senghor payait nos œuvres et faisaient la promotion de l’art plastique du Sénégal à travers le monde, je peux dire que le président Wade achète aussi beaucoup de productions » souligne-t-il. Selon lui, cette reconnaissance de Kalidou Kassé à son endroit lui rappelle ses premiers amours autodidactes en matière de dessin en 1949. Pour vivre sa passion pour le dessin, Ablaye Ndiaye, âgé de 14 ans à l’époque, reproduisait les affiches de cinéma dans un cahier afin de se faire la main. Née d’une famille griotte, dépositaire de l’histoire du Cayor, il indique avoir grandi sous la tutelle d’une maman tresseuse qui chantait à longueur de journée pendant son travail. En 1951, Ablaye Ndiaye se révèle au public thiessois au sortir d’une soirée théâtrale au Cat de Thiès . Parallèlement, il a marqué les soirées d’animation des circoncis ou » kassack ». Dans la capitale du rail, tous les talents de ce genre musical lui ont tiré le chapeau dans les années 1950. En 1962, il intégra l’école des arts où il fut formé aux métiers du théâtre, de la peinture et de la musique. Deux années après, il forma un orchestre dénommé « Thiossane Club », un nom qui lui colle jusqu’à présent.
C’est avec ce groupe qu’il marqua l’hymne du premier festival mondial des arts nègres tenu en 1966 à Dakar avec son tube « taal lène lamp yi ndeyssane. (allumez les lampes) ».
A côté du spectacle prévu courant octobre au centre culturel français à Dakar, Ablaye Ndiaye Thiossane prévoit en même temps de monter une grande exposition de ses œuvres.
Mbaye BA