MAME BASSINE THIAM, ARTISTES-DANSEUSE : «Des hautes personnalités m’appellent afin de faire ma connaissance, certaines sont animées par de mauvaises intentions»
Mame Bassine Thiam, elle se nomme. Elle est danseuse et présente un physique qui fait fantasmer bien des hommes. La jeune femme de 29 ans, divorcée et mère d’une petite fille de 4 ans, qui fait un tabac à la télévision dans les clips vidéo, revient sur ses premiers pas dans la danse, sa vie, les propositions indécentes qu’elle reçoit, parfois. Mame Bassine dit tout. Entretien…
Mame Bassine Thiam est une danseuse qui est née en 1982 à Pikine Icotaf, qui y a passé toute son enfance et y a grandi.Parlez-nous un peu de vos débuts dans le milieu de la danse ?
La danse, je ne l’ai pas apprise. En fait, moi, je suis issue d’une famille de Gewel (griot). Et tout le monde sait que la danse fait partie de la tradition des Gewel. Déjà, à l’école, je remportais généralement les concours de danse, lors des manifestations. Ce qui a fait que je n’ai pas pu continuer mes études. Néanmoins je suis passée dans une école de ballets pour me perfectionner.Vous étiez dans le groupe de danse de Ndiolé et consorts. Qu’est-ce qui s’est passé pour que vous quittiez le groupe ?
C’est Pape Ndiaye qui nous a mis en rapport et c’est après qu’on a jugé nécessaire de former un groupe composé uniquement de filles. Mais au fil du temps, le groupe a commencé à se disloquer. Awa Ndiaye s’est mariée, Aïssata est partie en Europe, Ndiolé a commencé une carrière musicale et moi je me suis retirée pour ouvrir une école de danse qui s’appelle le «Gewel-gi».
Pourquoi vous avez senti le besoin d’ouvrir une école de danse ?
Certaines personnes venaient me solliciter pour que je leur apprenne la danse parce qu’elles voyaient en moi leur référence. En plus de cela, j’avais des élèves qui venaient d’Amsterdam pour apprendre la danse.
Le milieu de la danse est assimilé à un espace de débauche. Vrai ?
Certes c’est la réalité, mais cela me fait très mal quand j’entends des propos pareils. En ce qui me concerne, je suis entrée dans la danse uniquement par passion. Et j’ai mon caractère et ma personnalité qui font que personne ne va me citer dans des histoires de débauche. La danse c’est un métier comme les autres, il faut savoir seulement ce qu’on veut et y mettre du sérieux.
Est-ce que cela ne vous décourage pas quand vous entendez un scandale qui implique des danseuses ?
Non, cela ne me décourage pas parce que je crois en moi et je sais ce que je veux. Grâce à Dieu, personne ne m’a jamais entendu sur ces genres de scandales et je ferai en sorte que cela ne se produise jamais.Les danses obscènes de vos consœurs ne renforcent-elles paas cette image de débauche ?
Je déteste les danses obscènes. Nous avons une image à préserver parce qu’on est appelées à fonder une famille et à avoir des enfants. Je suis la première à demander à mon groupe de porter des bas, pendant les prestations. Juste pour vous dire combien je tiens à mon image.
Les tentations n’ont certainement pas du manquer ?
Une anecdote ! Une fois, il m’est arrivé qu’une personne que je ne connaissais pas m’appelle pour me proposer un travail. Elle m’offrait 10 millions pour que je fasse du «Lëmbël» avec une autre fille. Le fait qu’elle m’ait dit qu’elle habitait à l’hôtel a suscité en moi des soupçons. Raison pour laquelle je lui ai dit de s’adresser directement à mon manager. Le monsieur a refusé. Sur ce, je lui ai dit que moi aussi, je refusais ce travail. Car, je suis issue d’une bonne famille et il y a des milieux où je ne mettrai pour rien au monde les pieds. Il a continué à m’harceler et finalement j’ai demandé l’aide de ma famille qui l’a menacé. Pour dire qu’on est confronté à différentes choses dans ce milieu.N’y a-t-il pas de hautes personnalités qui vous font des avances ?
Depuis mon divorce, je ne cesse de recevoir des appels venant de personnes de haute considération. Il y a des hautes personnalités qui m’appellent afin de faire ma connaissance et d’autres qui sont animées par de mauvaises intentions. Parfois, je suis surprise quand je vois le nom d’une personne s’afficher sur mon téléphone. Certains mêmes vont jusqu’à me combler de cadeaux et des fois je me demande ce que j’ai fait pour mériter de telles choses. Il y en a même qui vont jusqu’à demander ma main.
La concurrence dans votre milieu bascule même dans des pratiques peu orthodoxes, comme le maraboutage. Comment les vivez-vous ?
Le maraboutage, c’est quelque chose de très fréquent dans le milieu de la danse. Il m’arrive parfois au cours de mes prestations de sentir des lourdeurs au niveau de mes jambes ou bien des maux de tête horribles. Mais je ne m’alarme pas, je me remets à Dieu. Moi, Mame Bassine, je ne dirai pas que je ne vois pas de marabouts, mais j’ose affirmer que je n’ai jamais fait faire quelque chose à l’encontre d’une personne. J’y vais simplement pour me protéger des mauvais sorts jetés par les autres. Mais jamais pour détruire quelqu’un ni pour avoir l’admiration de tout le monde. Je n’ai pas ce temps.
Parlons un peu de votre vie privée. Dans vos propos préliminaires, vous conjuguez votre mariage au passé, est-ce à dire que Mame Bassine a divorcé ?
Oui j’ai divorcé depuis le 13 février dernier. Je peux vous dire que j’ai vécu, durant 5 ans, de belles choses avec mon ex-mari Ousmane Ndiaye et nous avons même eu une magnifique petite fille de 4 ans. J’ai fait un ménage exemplaire.
Qu’est ce qui est à l’origine de votre divorce ?
C’est une femme qui a été la cause de ma séparation avec mon mari. C’était juste une erreur parce que nous les femmes, nous sommes jalouses et les hommes ne sont pas pareils. Je n’ai jamais rien fait sans l’accord de mon mari, pour vous dire que je le respectais. Et quand je me suis mariée, j’avais prié pour que même si un jour j’ai des problèmes avec lui que cela ne provienne pas de moi. Et Dieu a exaucé cette prière. Et aujourd’hui, si vous rencontrez mon ex-mari, il ne vous dira jamais le contraire.
Nous avons remarqué que vous accordiez beaucoup d’importance à votre bien-être. Quel est votre secret ?
Vous savez, se faire belle c’est bien s’habiller tout le temps, comme on dit «defar bamu baax». C’est inné chez les Gewel. Moi, j’ai toujours aimé me sentir belle, m’habiller comme une reine. Je me rappelle, quand j’étais encore à l’école, on convoquait tout le temps mon père parce que je ne m’habillais jamais comme les filles de mon âge.
Quels conseils donneriez-vous à vos consœurs ?
Je leur demande simplement de se comporter comme des sœurs. Avoir des relations basées sur le respect et la paix. Qu’il n’y ait pas de discorde entre nous. Je leur demande d’être unies.
Quels sont vos projets ?
Dans trois mois, je vais arrêter la danse pour me consacrer un peu à ma vie et à ma fille. N’empêche, je continuerai à diriger mon école de danse, mais je ne danserai plus. Et je suis prête à avoir un autre mari. Car j’aimerais refaire ma vie avec quelqu’un de pieux et de gentil. J’ai une fille de 4 ans très intelligente et je ne voudrais pas que plus tard, elle m’indexe pour me faire des reproches sur ma façon d’être. C’est donc décidé, dans trois mois juste, j’arrêterai définitivement la danse.
Photo : Cheikh DIALLO