L’opposant Alassane Dramane Ouattara a déployé les grands moyens pour cette campagne présidentielle. Sur les photos, l’ancien premier Ministre d’Houphouët Boigny bat campagne à bord d’un de ses jets privés sur lequel il est écrit : «Ado, la Solution pour la Côte d’Ivoire». Les autres candidats à savoir le président sortant, Laurant Gbagbo et Charles Kona Bédié n’ont pas épargné leurs moyens. Chacun y va selon la force de frappe de ses bailleurs.
ADO, LA SOLUTION
Pour l’opposant Dramane Ouattara, l’enfant prodige du nord, conseillé par la célèbre agence de communication Voodoo, propriété de l’homme d’affaires béninois Issa Salifou et l’un des partenaires financiers de la nouvelle chaîne de télévision panafricaine Canal 3 monde, basée à Paris, la clé de campagne du RDR (Rassemblement des républicains) passe par le slogan « ADO Solutions ». Voodoo, qui s’appuie sur un réseau d’experts africains et européens aguerris, a beaucoup travaillé sur l’image d’ADO, depuis toujours « malmené » par les médias proches du pouvoir et, ces dernières années, par les inconditionnels soldats de Charles Blé Goudé, le saltimbanque d’Abidjan. L’ex-Premier ministre Dramane Ouattara, considéré dans les chaumières parisiennes comme le candidat chouchouté de l’Elysée, via les réseaux détenus par son épouse Dominique et surtout la proximité dont elle jouit auprès de certains hauts dirigeants de l’UMP (parti présidentiel), a joué sa partition à Paris. Une source a révélé aux Afriques que le RDR ne va pas lésiner sur les moyens pour peaufiner l’image de son leader. On parle de 1,5 million d’euros qui va être injecté dans le volet communication et stratégie. A la rescousse de l’ex-Premier ministre, la fondation humanitaire Children Africa et le groupe de presse Nostalgie FM, que dirige Dominique Ouattara, sont aussi à pied d’œuvre. ADO s’appuie sur des leviers locaux comme ce sémillant jeune technocrate, un nordiste pur et dur, Hamed Bakayoko, ex-PDG de Radio Nostalgie.
Sur la lagune d’Ebrié, les masques des sorciers communicants commencent à tomber. Le trio favori de la présidentielle du 31 octobre prochain (Laurent Gbagbo-Henri Konan Bédié-Dramane Ouattara) s’est payé le luxe de s’attacher les services d’agences de «com et de stratégie politique» pour imposer et vendre leur image aux électeurs ivoiriens. C’est une guerre sans merci autour d’un juteux pactole estimé à quelque 6 millions d’euros (soit 4 milliards FCFA) que se livrent les firmes internationales comme l’Américain McCann Erickson, qui pilote la campagne de Bédié, le Français Havas, via RSCG, qui roule pour Gbagbo, et l’international africain Voodoo, la mascotte préférée de l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara dit ADO. Voyage au cœur de la galaxie des vases communicants au pays Baoulé.
TOUT POUR LA COM
Urbi et orbi, les trois candidats favoris (Gbagbo-Bédié-ADO) ont cassé la tirelire via, parfois, des missi dominici influents et «réseautés» qu’ils ont dépêché sur les grandes capitales européennes et américaines. On souffle que Dakar, Abidjan ou Londres, qui regorgent d’agences de communication, n’ont pas séduit au finish les leaders favoris. Les heureux élus, McCann Erickson, Havas et Voodoo, pour ne citer que ceux-là, sont bien connus des capitales africaines via leurs succursales qui y opèrent discrètement.
GBAGBO, LE BATISSEUR
Pour l’homme fort d’Abidjan, le gourou français n’a pas trouvé mieux que « Gbagbo, le bâtisseur d’une Côte d’Ivoire nouvelle ». Ou encore ce slogan très gaullien, sorti du cercle restreint du couple présidentiel : « Gbagbo, celui qui vous a compris ! » Depuis début 2009, l’option du parti au pouvoir est de confier sa campagne à l’agence RSCG Worlwide. Proche de Stéphane Fouks, patron de Havas, du groupe Bolloré, le président Gbagbo a donné carte blanche à l’agence RSCG. Plus de 2 millions d’euros vont être mobilisés par le parti au pouvoir, susurre-t-on dans les parages du président. Stéphane Fouks est épaulé dans cette mission par un autre Français, Emmanuel Rivière, spécialiste en stratégie et en sondage. En homme futé, le président ivoirien, candidat à sa propre succession le 31 octobre prochain, a mis à contribution des experts locaux dans le dispositif de la com de campagne. Sa seconde épouse, Nadiana Bamba, fondatrice de l’agence Cyclone, joue sa partition. Ses nombreux allers et retours à Paris pour des réglages dans le contenu des supports confirment sa présence et son influence dans le dispositif de campagne présidentielle. D’autres locaux comme Leïla Ndiaye, la Sénégalo-Ivoirienne et fille de l’ex-patron de la BAD, le Sénégalais Babacar Ndiaye, Alain Toussaint, ex-employé d’Africa N° 1 à Paris, ou Stéphane Kipré, tous réputés proches du palais présidentiel, mouillent leur maillot. Ils émargent aussi pour le compte de la cellule de communication du président Gbagbo. Ils ne rendent compte directement qu’à Nadiana Bamba ou au directeur de campagne du président, Malick Issa Coulibaly. Laurent Gbagbo a mis en place une télévision «LG Tv » qui fonctionne 24h/24 sur le Net avec des programmes exclusivement consacrés à sa campagne.
BEDIE, UNE VALEUR SURE
La firme américaine McCann Erickson arrive en force sur le marché de la publicité en cette veille de présidentielle ivoirienne. Hormis les quelques titres de la presse ivoirienne engagés pour sa cause, Konan Bédié mise sur l’influence et l’expertise du groupe McCann Erickson pour vendre son image. « Bédié, une valeur sûre » ou « Bédié, l’espoir d’une Côte d’Ivoire émergente ». Autant de slogans mis en boîte pour l’instant par les communicants attitrés du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire). Le gourou français n’a pas trouvé mieux que « Gbagbo, le bâtisseur d’une Côte d’Ivoire nouvelle ». Ou encore ce slogan très gaullien, sorti du cercle restreint du couple présidentiel : « Gbagbo, celui qui vous a compris ! » Bédié, qui est parvenu à rassembler autour de lui deux générations de militants du PDCI, s’appuie aussi sur l’expertise locale qui vient en aide à l’agence internationale. Une poignée de fidèles amis travaillent sur le contenu des supports de campagne. Entre autres, Denis Kah, patron du groupe Le Réveil, et Emile Ebroty. A Paris, l’inconditionnel militant Serge Patrick Edé, un sortant du CEDS (Centre d’études diplomatiques et stratégiques) de Paris, à la Rue Marceau, peaufine ses réseaux via les médias panafricains, pour mieux vendre l’image Bédié. Selon des sources bien informées, le shadow-cabinet du PDCI, qui mesure l’enjeu de la communication lors de cette présidentielle, compte mobiliser quelque 2 millions d’euros pour promouvoir le candidat Henri Konan Bédié. L’ex-chef argentier de la BCEAO et ex-Premier ministre ivoirien Charles Konan Bani, l’autre dauphin du papa « spirituel », pourrait passer à la caisse en apportant de la plus value financière. Pourvu que la paix des braves entre les deux hommes devienne une réalité.
Bitimrew.net avec Les Afriques