La lutte contre la coupe abusive du bois dans la commune de Kandia, nord-ouest du département de Vélingara, se révèle être une gageure. C’est du moins ce que l’on peut croire en écoutant les autorités politiques et les services techniques des Eaux et forêts de la localité. Au cours d’un débat organisé, dans une radio de la place, les chefs de village en particulier et les communautés en général trouvent normal que les gens vivent de l’exploitation des ressources forestières… à tout prix. Boubacar Sané, 1er adjoint du maire de Kandia, déclare : «Ce sont les fils du terroir qui participent au pillage de la forêt. C’est ce qui rend difficile le travail des services compétents et des bonnes volontés.
En l’occurrence, ce sont les chefs de village qui hébergent des gangs de coupeurs, moyennant un pourboire. Et leurs enfants sont recrutés à cet effet. Et ils parviennent à les soustraire au contrôle des services des Eaux et forêts.» Le lieutenant-colonel, Modou Faty Niasse, qui a participé au débat, a confirmé en déclarant : «A chaque fois que nous avons une information relative à la présence de coupeurs dans un lieu donné, nos déplacements sur les lieux se font sans succès. C’est dire que les pilleurs sont en même temps informés de l’imminence de leur arrestation et disparaissent.» Les conséquences sont lourdes : «La zone est en train de subir des coupes de bois drastiques.» Le chef du secteur des Eaux et forêts de Vélingara ajoute : «Nous avons plus de 300 charrettes saisies parquées dans la cour du service. Nous avons du mal à trouver de la place pour nos véhicules. Et croyez-moi, chaque charrette porte 2 à 3 troncs, sans compter ceux qui arrivent à s’en aller avec leur butin.»
Cette localité a une frontière commune avec la Gambie. Dans ce pays, se sont installés des Asiatiques qui échangent 30 troncs d’arbres contre une moto «Jakarta». «Et des opérateurs économiques viennent avec de l’argent proposer aux jeunes, de modiques sommes contre un tronc d’arbre et le tour est joué», insiste-t-il.
Au cours de ce débat, le forestier en chef a informé qu’il existe d’autres formes de pillage aussi dangereuses que la coupe. Il s’agit des défrichements autorisés par les chefs de village et des feux de brousse. Pour ce qui concerne les défrichements, il est noté qu’ils doivent être auparavant soumis à l’autorisation des services techniques, mais qu’en toute illégalité les chefs de village autorisent des défrichements pour créer de nouveaux champs ou de nouveaux villages.
Le Quotidien