POLEMIQUE AUTOUR D’UN APPARTEMENT DU DEFUNT KHALIFE : Sokhna Fall, la veuve de Serigne Bara, menacée d’expulsion

Mme Mbacké Sokhna Fall, veuve de feu Serigne Bara, est menacée d’expulsion de son appartement sis à l’immeuble Sgi à Golf, que feu Serigne Bara lui avait acheté de son vivant. Rencontrée hier dans son appartement, Mme Mbacké estime qu’on veut la déloger injustement alors que son défunt mari avait déjà acheté l’appartement. Faux ! rétorque, Me Ousmane Sèye, avocat de la Société immobilière du golf (Sig) qui gère ces appartements en vente. Le khalife lui avait remis l’argent qu’elle a utilisé à d’autres fins, a indiqué l’avocat de la famille de M. Aliou Sow.

C’est une dame, l’air désemparé, entourée de ses proches qu’on a trouvée hier aux environs de 17 heures à Golf. Plus précisément à l’appartement n° C10J001 de l’immeuble Sig, à quelques mètres de la pharmacie Golf. Habillée en « khartoum » de couleur blanche avec des motifs rouges, un foulard couvrant ses cheveux, Sokhna Fall Mbacké semble être dépassée par les événements. Parfois des larmes perlent sur ses joues. On sent sur son visage jovial l’amertume et la souffrance. Entourée de ses parents, elle retrouve de temps en temps la force de jeter un regard tendre sur ces derniers. Son histoire avec Serigne Bara remonte à un peu plus d’un an et demi. Quand on lui demande de revenir sur les circonstances qui l’ont conduite vers le défunt khalife général, son visage s’illumine. Elle fixe le plafond puis se lâche. « Je suis une dame qui a très tôt travaillé dans la vie. J’ai eu ma première maison à l’âge de 24 ans. J’ai construit à la sueur de mon front ma propre maison à Mbao », dit-elle fièrement. « J’habitais avec mes trois enfants dans cette maison, mais deux d’entre eux étaient malades. Ils étaient cardiaques. Le médecin qui les suivait m’avait conseillé de déménager, parce que la zone était polluée. Cela n’était pas bon pour eux. Malheureusement, ils sont décédés par la suite. L’un avant que je ne déménage et l’autre bien après », poursuit-elle, un trémolo dans la voix. « Quand j’ai quitté Mbao,  j’ai mis la maison en location. J’ai pris un local à la cité Keur Khadim, puis à la cité Soprim. Parfois, j’avais des problèmes pour payer à temps, parce que le locataire qui occupait ma maison sur qui je comptais pour honorer mes frais de location tardait parfois à me payer », explique-t-elle. C’est dans ces conditions, dit-elle, qu’une de ses amies (Ndlr : qui se trouve être une des épouses de Serigne Bara) l’a conduite auprès du khalife à Touba. Une fois dans la capitale du mouridisme, elle a expliqué au marabout ses problèmes. Ce dernier, confie-t-elle, a été très sensible à sa situation. Et séance tenante Serigne Bara lui a dit : « Yow yalla moniou bollé » (c’est Dieu qui a croisé nos chemins). « Il m’a donné 20 millions de francs Cfa pour que je m’achète une voiture et règle mes problèmes avec  le reste. Ensuite, il m’a demandé de me rendre à Dakar le lendemain pour aller voir Aliou Sow de la Cse pour qu’il me donne un appartement. Il m’a assuré qu’avant même d’arriver à Dakar, il va appeler directement M. Sow pour mon cas. Aussitôt dit, aussitôt fait. Quand je suis allé voir Aliou Sow, le lendemain dans son bureau, il m’a reçue avec tous les honneurs. Il m’a confirmé que le khalife l’a appelé pour lui parler de mon cas, puis il m’a mis en contact avec le directeur général de Sig, Biram Wane. Mais je lui ai demandé de m’aider à faire un bon choix ».  Et Mme Mbacké de poursuivre : « M. Aliou Sow a pris sa voiture pour venir en personne avec moi faire la visite des lieux. Il a choisi pour moi l’appartement C00 1J. Puis le directeur général de Sgi m’a remis les clefs et une attestation d’attribution ».  Elle brandit une copie du document daté du 24 février 2009, n° CI0J001 98 m2, appartement 4 pièces à 25. 000. 000 francs Cfa. Puis la lettre (du 19 février 2009) que Serigne Bara avait adressée à M. Aliou Sow dans laquelle Serigne Bara demande un appartement 4 pièces pour sa femme Sokhna Fall à 25. 000.000 Francs). Et c’est munie de cette attestation d’attribution, dit-elle, qu’elle s’est installée dans l’appartement. Puis elle a fait des modifications pour installer des grilles de sécurité à ses propres frais. « Mais à ma grande surprise, il y a de cela huit mois, on m’a traduite en justice pour que je sorte de l’appartement. L’huissier est revenu le 25 août dernier, puis le 22 septembre pour me demander de quitter les lieux parce que la justice a rendu une décision d’expulsion pour avoir occupé l’appartement sans droit », se plaint-elle.

Me Ousmane Sèye : « Serigne Bara lui avait donné l’argent qu’elle a bouffé »

Cette version de Sokhna Mbacké a été démontée de toutes pièces par Me Ousmane Sèye, avocat de la Sig qui appartient à M. Aliou Sow. Selon Me Sèye, cette dame fait de l’amalgame. En réalité, contrairement à ce qu’elle raconte, elle a approché le khalife de manière pas du tout catholique. Puis elle est passée par une des épouses de ce dernier pour se marier avec le khalife. Et quand elle a fait part de ses problèmes à feu Serigne Bara, ce dernier a saisi le Pdg de la Cse, Aliou Sow pour qu’il lui trouve un appartement. Le khalife a remis, selon l’avocat, l’argent à Sokhna Fall pour qu’elle paie l’appartement qui coûte 30.000.000 Francs, tous frais compris. Ce que cette dernière, soutient-il, a reconnu. Elle dit qu’elle a acheté une voiture et des meubles avec l’argent que le khalife lui avait donné au lieu de payer l’appartement. Mais elle avait demandé à la Sig de lui donner les clefs de l’appartement pour qu’elle s’installe alors qu’elle n’avait pas encore payé. Ce que la Sig a accepté, compte tenu des égards que le directeur avait pour le khalife. Puis elle a demandé par la suite qu’on l’aide à installer l’eau et l’électricité dans l’appartement. C’est ainsi que la Sig lui a donné une attestation d’attribution pour lui faciliter les formalités d’installation de l’électricité et de l’eau. Ce qui n’a rien à voir avec une facture de paiement de l’appartement ou un acte de vente, précise l’avocat. Dix mois après son installation, la Société immobilière de Golf a saisi le khalife pour lui dire que sa femme occupe l’appartement alors qu’elle n’a pas payé. Et le khalife a fait comprendre qu’elle a déjà donné l’argent de l’appartement depuis le premier jour. Mais le khalife avait demandé de lui donner deux mois pour qu’elle paie. À défaut, qu’on le traduise en justice. Après ces deux mois, elle n’a rien payé, on l’a traduite en justice. Elle a été condamnée à payer ou quitter les lieux. Mais puisqu’elle disait observer le veuvage, par respect pour la mémoire du défunt khalife, on a suspendu l’exécution de la décision de justice. C’est pourquoi hier, l’huissier est repassé pour lui rappeler qu’elle doit quitter les lieux. Mais elle a ameuté toute la presse. L’avocat se montre intraitable. « Qu’elle ameute toute la presse internationale, mais elle va quitter cet appartement », tape du poing sur la table Me Sèye.

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