Les députés n’ont pas aimé l’attitude du ministre de la Communication suite à la polémique sur l’affaire Sudatel et la licence 3G. Ils l’ont fait savoir au ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des finances qui leur faisait face, lors du débat d’orientation budgétaire pour l’année 2011, tenu avant-hier, mardi 29 juin 2010.
Le passage prochain du ministre de la Communication à l’Assemblée nationale risque d’être très mouvementé. Moustapha Guirassy ne sera pas du tout épargné par les députés, au regard des reproches qui lui sont faites. Dans le document de la session ordinaire unique 2009-2010 qui a été présenté avant-hier lors du débat d’orientation budgétaire pour l’année 2011, la commission de l’économie générale, des finances, du plan et de la coopération économique a fustigé « le manque de réaction du ministère de la Communication face à la polémique autour de Sudatel et de la licence 3G ».
Pour rappel, la presse et les partis politiques surtout de l’opposition font état depuis un certain temps d’un parti pris de l’Etat dans la délivrance de la licence 3G en faveur d’Expresso. S’ensuivit alors une sortie au vitriol des travailleurs de Sonatel qui estiment que leur entreprise qui avait déposé en premier une demande d’autorisation pour l’exploitation de la licence 3G, a finalement été discriminée. La polémique sur Sudatel est aussi liée à une question de commission de 20 milliards de F Cfa qu’aurait empoché une firme établie à Dubaï avec la complicité d’autorités sénégalaises. A cela s’ajoutent les conditions d’octroi de la licence de cet opérateur téléphonique soudanais qui continue jusqu’à présent de susciter moult interrogations. Avec tous ces événements, le silence « bavard » du ministre de la communication est ainsi jugé suspect par les députés.
En attendant de faire face à Moustapha Guirassy pour des éclairages, les élus du peuple ont profité du passage avant-hier du ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, pour l’interpeller sur ces questions sus-citées. A l’image de Ndaye Fatou Touré du Mouvement Tekki qui a demandé des clarifications sur l’affaire de l’argent de la licence vendue à Sudatel. « Vous ne nous avez déclaré que 89 milliards de F Cfa et on sait que c’est en 2007 que les fonds ont été versés à l’Etat. De votre côté, les choses sont claires avec les deux tranches d’encaissement. C’est en 2008 que nous avons pris une loi de finance rectificative. Comment se fait-il qu’en 2007, on ait versé 89 milliards à l’Etat et que, dans la même année, la France était obligée de nous soutenir pour 80 milliards de F Cfa et que la Banque centrale nous ait aussi donné plusieurs dizaines de milliards ? Mais où est donc passé cet argent de Sudatel ? », a-t-elle posé au ministre des Finances. C’est pourquoi d’ailleurs, a-t-elle ajouté, « nous déplorons le fait qu’il n’y ait pas de loi de règlement à temps, année n-1 ». Selon Mme Touré, « la traçabilité des opérations doit nous dire où est exactement passé l’argent de la licence de Sudatel ? Quant est ce que l’argent a été utilisé par rapport au sommet de l’Oci ? »
Répondant à l’interpellation de ce député, le ministre d’Etat, Abdoulaye Diop, a précisé que les 89 milliards ont été encaissés en 2008 et non en 2007 et que c’est dans la loi des finances 2008. Effectivement, a-t-il reconnu, « il y a deux encaissements de près de 44 milliards de F Cfa à une semaine d’intervalle et on a voté une loi de finance rectificative pour dépenser ces 89 milliards de F Cfa avant la fin de l’année. On l’attendait tellement que c’était finalement pas suffisant ». Ce qui, d’après lui, « ne nous a pas empêché d’emprunter encore de l’argent pour régler la dette due au secteur privé ».
sudonline.sn