Patronne de la Police nationale depuis deux ans, Anna Sémou Faye a été limogée hier à cause des problèmes de management et des relations tendues qu’elle entretenait avec Abdoulaye Daouda Diallo. Oumar Mal est le nouveau Dgpn.
Président de l’Olympique de Marseille, l’incorrigible Pape Diouf se présentait comme une anomalie sympathique. Anna Sémou Faye l’était aussi Sénégal en devenant la première femme à accéder au poste de Directeur général de la Police nationale (Dgpn). Après une parenthèse de deux ans, la Direction générale de la Police nationale retrouve sa couleur masculine. Oumar Mal, commissaire divisionnaire de Classe exceptionnelle, est nommé depuis hier à ce poste. Le communiqué du Conseil des ministres ne précise pas les raisons de son limogeage. C’était connu à la place Washington que les relations entre le ministre de l’Intérieur et Anna Sémou Faye étaient devenues exécrables. Mais, l’affaire du fameux Sms, reçu par Abdoulaye Daouda Diallo, en plein Conseil des ministres à Fatick, a participé à l’accélération de son limogeage. Elle avait soutenu que ses services n’étaient pas impliqués dans ce faux bulletin de renseignements qui avait mis le Président Sall dans une colère noire et provoqué un malaise dans la salle de réunion. On se souvient des larmes de Mbagnick Ndiaye, ministre de la Culture et de la communication, dont les partisans avaient été accusés d’avoir mortellement poignardé un adversaire. Droite dans ses bottes, Anna Sémou Faye tenait à son indépendance pour régenter la Police nationale, secouée par le scandale de la drogue à la veille de sa nomination. A cause de cette intransigeance, elle avait perdu des soutiens au sein de la police. Car, ses subordonnés n’approuvaient pas les «visites inopinées» qu’elle effectuait dans des structures de la Police sans informer la hiérarchie. Ainsi que le directeur de la Sécurité publique qui vient de la remplacer.
Les failles de Anna
Par ailleurs, on lui reprocherait d’avoir gardé 6 commissaires qui ont atteint l’âge de la retraite. Il s’agit du directeur de l’Ecole nationale de police, du directeur des Passeports et des titres de voyage, du chef du Comité international de lutte contre la drogue, du directeur des Inspections des services de sécurité, du Directeur de l’Automatisation des fichiers (Daf) et du Directeur général des Elections (Dge). Durant ses deux ans à la tête de la Police nationale, Anna Sémou Faye se serait rendue coupable de certains problèmes de management. D’après ses contempteurs, elle a privilégié les chrétiens et les sérères notamment dans les missions juteuses à l’étranger à l’image du Frontex. Dans les rangs de la police, on soutient qu’elle accordait plus d’importance au pèlerinage catholique. Last but not least ? Elle a refusé hier de présider à Saly, le séminaire sur la prévention du terrorisme à l’intention des cadres de la police. Comme un coup du destin, c’est Oumar Mal qui a prononcé le discours inaugural. «Même si elle a appris son limogeage, elle n’aurait pas dû refuser de présider cette rencontre parce qu’elle assurait toujours le fonctionnement de la police», regrette-t-on au ministère de l’Intérieur. Aujourd’hui, on semble retenir ces failles de Anna Sémou qui a été nommée à ce poste dans un contexte exceptionnel. Elle avait succédé à Abdoulaye Niang emporté par le scandale de la drogue dans la police. Macky Sall l’avait chargée de redorer le blason de la police après un mois de juillet 2013 douloureux. Elle a réussi, concède-t-on au ministère de l’Intérieur, à moraliser le fonctionnement de ce grand corps malade en mettant en avant la lutte contre la corruption. Elle a fait bouger les lignes. Cela n’a pas pesé lourd dans la balance au moment de sceller son sort. Depuis sa nomination, elle savait qu’elle était «intérimaire» à ce poste. Ce pressentiment l’avait poussée à refuser de rejoindre son logement de fonctionnement situé au cœur du Plateau. Elle avait préféré rester chez elle à Ngor-Virage. Aujourd’hui, elle n’aura pas besoin d’un camion de déménagement pour libérer la place.
Le Quotidien