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[Portrait] Simone Gbagbo: une femme qui aime la « guerre »

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Simone Gbagbo Femme fatale Par Vincent Hugueux

Alors qu’un récent rapport de l’ONU met en cause un officier chargé de sa sécurité, l’épouse du chef de l’Etat ivoirien a-t-elle, comme on le prétend, la haute main sur les escadrons de la mort? Portrait d’une dame de fer au parler musclé

«Nous ne pouvons pas éviter cette guerre!» Ce mardi de février, tandis que résonne encore sous les stucs de l’Assemblée l’ultime imprécation de Ben Soumahoro, député indépendant et tribun cocardier, elle applaudit à gestes lents comme on bat des cymbales, avant de se lever, bientôt imitée par la moitié de l’hémicycle. Puis Simone Ehivet, épouse Gbagbo, dégringole les travées pour étreindre les mains de l’orateur, qui regagne son siège après avoir martelé son refus des accords de paix de Paris. Pourquoi cet empressement? «Parce qu’il a dit des choses vraies», réplique la compagne du chef de l’Etat ivoirien, femme de tête, de pouvoir et d’influence, boutefeu ballotté entre les lois de Dieu et celles des armes.

Voilà vingt ans, cette linguiste, figure de proue du Groupe de recherche sur la tradition orale, aimait déjà sonner la charge. Au point de consacrer sa thèse de troisième cycle au «Langage tambouriné chez les Abouré». Avant de publier un article savant sur le «lexique de guerre» en vigueur au sein de son groupe ethnique, l’un des clans de la famille akan. Au temps de la clandestinité, quand les militants du Front populaire ivoirien (FPI) défiaient dans l’ombre le despotisme patriarcal de Félix Houphouët-Boigny, Simone animait l’aile dure. «La plupart d’entre nous, à commencer par Laurent Gbagbo, récusaient la lutte armée, confie un pionnier du parti en rupture de ban. Elle ne l’excluait pas. Pour parvenir à ses fins, Simone est prête à tout.» Quitte à dérouter, cette fille de gendarme, chef de meute dès l’enfance d’une fratrie pléthorique – 16 sœurs et 1 frère – souffle volontiers le chaud et le froid.

Elle peut haranguer les «femmes patriotes», sillonner le front des troupes pour raviver l’ardeur chancelante des soldats loyalistes, et ensuite plaider avec autant de feu pour la réconciliation et le pardon. Le 29 novembre 2002, à l’hôtel communal de Cocody, la robuste pasionaria, qui ne fait pas ses 53 ans, concède que «vouloir se venger ne sert à rien». Puis, dans le même souffle, invite l’auditoire à «assainir la nation et démasquer les brebis galeuses». Quand, à la mi-janvier, la délégation du FPI s’envole vers la France pour la rencontre de Marcoussis (Essonne), ses membres savent ce qui les attend. «Si nos hommes flanchent, ils ne nous trouveront pas dans leur lit au retour!» lance Simone. Elle ira jusqu’à sommer – vainement – Laurent de bouder la conférence de Kléber, censée avaliser le compromis bancal. La couche peut être froide, l’accueil sera brûlant: le microcosme ouest-africain frémit encore de la gifle que la Messaline d’Abidjan assena au Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, patron supposé du Front, coupable d’avoir endossé des accords de paix que Simone tient pour une «impasse absolue». «Pourquoi a-t-il signé? Demandez-le-lui! s’emporte-t-elle. Il était à Marcoussis. Pas moi.»

Vice-présidente du parti, chef de file de son groupe parlementaire, la femme du chef verrouille l’appareil. D’autant qu’entre 1982 et 1988, quand Laurent dut fuir en France la vindicte houphouétiste, c’est elle qui anima, non sans courage ni abnégation, l’ «Organisation», embryon du futur Front populaire. «Le FPI est devenu le jouet de Monsieur et Madame», peste un compagnon de route dépité. Qu’est devenu le noyau dur des fondateurs? Le fidèle Emile Boga Doudou, ministre de l’Intérieur, a été assassiné le 19 septembre 2002, aux premières heures de la rébellion. Abou Drahamane Sangaré détient le portefeuille des Affaires étrangères.

Louis Dacoury-Tabley a rallié les insurgés. Séry Antoine vit à Lyon. D’autres, tels le doyen de la faculté de droit, Boniface Ouraga Obou, ou Bernard Zadi Zaourou, ont payé désaccords ou ambitions d’une disgrâce définitive. L’activisme de la première dame agace les ministres. «Mais aucun d’eux n’ose s’en plaindre auprès de Laurent, souligne un familier du couple. Pour peu qu’elle l’apprenne, ce serait suicidaire.» Une certitude: Simone inspire aux uns le respect, aux autres la crainte, sinon la terreur. Trois des sept témoins sollicités pour nourrir – sous le sceau de l’anonymat – ce portrait se sont dérobés, invoquant leur sécurité. «Trop risqué», avance un ancien camarade. En octobre 2000, à l’heure où son époux, fraîchement élu, réunit les fidèles pour ébaucher son gouvernement, Simone donne de la voix. «Elle a plaidé en faveur d’un ministère de la Femme, et non de la Famille», raconte un témoin. En privé, cette égérie à la rancune tenace s’emploie alors à torpiller la carrière d’un ministre pressenti, suspect de déloyauté. Sus aux traîtres! Deux ans plus tard, le président Gbagbo reçoit L’Express dans le bureau cossu de sa résidence. Loquace, enjoué, voire goguenard, il raconte sa vie de chef d’Etat malmené. Soudain surgit Simone, de retour de l’Assemblée. Une bise fugace, et la voici qui entraîne Laurent dans la pièce voisine. «Ils sont cons ou quoi?» tonne le président au retour du bref aparté. Qui sont les «cons»? Mystère. Mais on n’envie pas leur sort.

Chassez le naturel… Il arrive que l’ancienne secrétaire générale du Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur s’évertue à adoucir son profil. Sans grand succès. Quand, en janvier, elle reçoit une cohorte de journalistes ivoiriens et étrangers à la faveur d’un déjeuner, c’est pour fustiger le «traitement inéquitable» des événements. La presse, à l’en croire, «porte une part de responsabilité» dans le sanglant naufrage du pays. A l’instant des présentations, la dame de fer d’Abidjan, hautaine, salue ainsi l’envoyé spécial du Monde: «Je vous serre la main sans aucun plaisir; vous n’êtes pas le bienvenu.» Un mois plus tard, dans les coulisses du Parlement, on l’entendra agresser une correspondante de RFI, la «radio des assaillants». Ce vétéran de l’Agence France-Presse s’en tirera à peine mieux: au beau milieu de l’entretien que lui accorde le président, Simone signe son irruption de ce verdict sans appel: «Vous avez bien de la chance d’être là; moi, je ne vous aurais jamais reçu.» Madame ne tolère qu’une presse aux ordres et flétrit l’ex-puissance coloniale, «partisane et méprisante», conviée sur France 2 à «se mêler de ses affaires». Elle poursuit le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin – qui le lui rend bien – d’une haine vigilante, l’accusant de vouloir la peau de son mari: «Paris a juré sa chute. Mais mieux vaut tomber aux mains des Français qu’aux mains du peuple.» Au palmarès de l’aversion, l’opposant Alassane Ouattara, leader du Rassemblement des républicains, et sa femme, Dominique, native de l’Hexagone, tiennent une place de choix. Un convive entend encore les anathèmes dont la première dame les bombarda lors d’un dîner privé. Simone masque mal le peu d’estime qu’elle éprouve pour les Dioula, ces musulmans du Nord. «L’ivoirité? Je n’en pense que du mal, nous confiait voilà trois ans Laurent Gbagbo. C’est un concept dangereux.» Concept dont il a depuis joué en apprenti sorcier, et que sa très entière moitié rechigne à récuser. «Il ne me dérange pas, avouait-elle en juillet 2001. Chacun a son origine. La revendiquer n’est pas pécher.» Quand, l’an dernier, une équipe de femmes l’informe, par le biais d’un courrier déférent, de la naissance d’une association vouée à la lutte contre le sida, voici le commentaire que lui inspire le patronyme de la signataire, à consonance nordiste: «Encore une Dioula! Mais que font nos sœurs?» «Simone, soutient un intime déchu, voit la Côte d’Ivoire comme un champ de bataille entre l’islam et la chrétienté.»

«Gardez-vous de la sataniser, implorent les rescapés du premier cercle. Même si elle se complaît à aggraver son cas, Simone vaut mieux que son image.» Soit. Reste qu’un récent rapport des Nations unies donne corps à la rumeur: affecté à la protection rapprochée de la première des Ivoiriennes, le capitaine Anselme Seka Yapo orchestrerait l’un des escadrons de la mort qui sévissent à Abidjan. A l’insu de sa protégée? «Inconcevable! objecte l’avocat Ibrahima Doumbia, animateur du Mouvement ivoirien des droits humains. D’autant que Seka, acteur clef de la tumultueuse prise de pouvoir de l’automne 2000, accomplit depuis lors une carrière fulgurante.» De là à comparer le clan Gbagbo à l’akazu – la maisonnée – qui, rassemblé autour d’Agathe, l’épouse va-t-en-guerre du défunt président rwandais Juvénal Habyarimana, fit du pays des Mille Collines celui des mille charniers… Qu’on ne se méprenne pas: il serait erroné de dépeindre Simone sous les traits de l’âme damnée d’un Laurent isolé et crédule.

Un duo de grands fauves

«Gbagbo est le patron, tranche un initié. C’est à lui seul qu’incombe la faute d’avoir fait de son pays un sous-Liberia. Et c’est encore lui qui, depuis quatre mois, actionne le bras des tueurs.» C’est pourtant son rôle à elle qui est généralement mis en avant. «Je ne peux pas y croire, admet un confident de Laurent. Il y a quand même en elle ce vieux fond chrétien ineffaçable.» Autre son de cloche chez cet ex-camarade en exil: «Celui qui tue par l’épée périra par l’épée. Je ne reconnais plus la Simone de jadis. Je ne reconnais plus cette république envoûtée qui court à sa ruine, ses palais peuplés de cas sociaux et de pasteurs autoproclamés.» Allusion aux prophètes d’opérette qui dirigent à la présidence les séances de prière quotidiennes.

A commencer par Moïse Koré, ancien international de basket-ball, vice-président de la Fédération ivoirienne et fournisseur en armements. Epaulé par le jeune Ory Amour, qui est de tous les voyages présidentiels, ce grand prêtre dirige l’Eglise Shekinah Gloris, avatar africain de la nébuleuse Foursquare, secte évangélique d’outre-Atlantique. «Le genre prédicateur américain, raconte un témoin. Avec harangues, transes et guérisons. Présent lors de l’investiture de Laurent, Moïse Koré a eu l’immense mérite de prédire sa victoire.» Là encore, c’est dans le sillage de Simone que les cultes charismatiques pénètrent au palais. Le parcours spirituel de la première dame vaut, lui aussi, le détour. Patronne de la section féminine de la Jeunesse étudiante catholique, croyante sans être dévote, la petite Ehivet sillonne la brousse et les bas quartiers urbains pour diffuser la bonne parole. «Elle sortait du lot, concède un compagnon d’alors. Sûre d’elle, cassante. Trop intelligente pour une femme, disions-nous.» Séduite, à l’heure des indépendances, par Patrice Lumumba et Kwame Nkrumah, icônes des élites africaines, Simone Ehivet flirte un temps avec le christo-marxisme. Au nom des humbles et de la justice sociale. Deux événements hâteront son changement de cap.

D’abord, les aléas de sa vie sentimentale. Mariée en premières noces et devant Dieu à un autre «jéciste» dont elle aura trois filles – «Un gars gentil, écrasé par sa personnalité», souligne un ami du tandem – Simone supporte mal la raideur de l’Eglise de Rome envers les divorcés. C’est donc loin de l’autel qu’elle s’unira à Laurent, lui-même séparé de son épouse, une Française. Mais il y eut surtout l’accident. En mars 1996, le couple Gbagbo rentre par la route de Gagnoa, le fief bété de Laurent. Soudain, un 4 x 4 engagé dans un dépassement périlleux se rabat brutalement. La voiture du leader du FPI plonge dans le ravin. Lui s’en tire avec quelques fractures. Elle échappe de peu à la tétraplégie. Et «couve» son homme, persuadée d’avoir survécu à une tentative d’assassinat. Venu tout exprès de France, un vieux complice n’accédera jamais au chevet du futur président… Méfiante, Simone fait écran, prompte à écarter les compères de Laurent. De cet épisode elle gardera une certaine raideur dans le maintien. Et une manie: malaxer une balle de mousse, vestige d’une douloureuse rééducation. Mais l’affaire laissera d’autres traces. «C’est au lendemain de ce traumatisme qu’elle bascule dans sa foi nouvelle», constate Guy Labertit, «l’Africain» du Parti socialiste. Elle se croit l’élue du Ciel.

Plus que la richesse ou les honneurs, c’est le goût de la puissance qui anime Simone. Conseillers, aides de camp, gardes du corps en treillis, site Web, Madame dispose à la présidence d’un cabinet à sa dévotion. On y croise, entre autres parents, sa sœur Victoire. Longtemps, César Etou, rédacteur en chef de Notre voie, l’organe docile du FPI, a veillé sur sa communication. Rude tâche. Car la première dame ne renonce à rien. Quand elle convoite, au lendemain du scrutin présidentiel, le siège de députée du quartier d’Abobo, l’ami qui lui suggère de quitter l’arène partisane s’attire cette réplique: «Rien ne m’interdit de me présenter. Ce n’est pas parce que je suis la femme du chef de l’Etat que je dois rester oisive. Laurent n’attend pas de moi que je m’efface.» De fait, on voit mal comment ce duo de grands fauves, forgé dans le creuset de la clandestinité et de la lutte politique, soudé par les épreuves, survivrait à un tel «sacrifice».

Le pouvoir comme une ascèse

C’est parfois à l’ombre que s’est recomposée la famille Gbagbo. Voilà dix ans, un directeur de maison d’arrêt bienveillant «couvrait» chaque semaine les discrètes retrouvailles de trois illustres détenus: Laurent, son fils aîné, Michel, et Madame. «Une aventure joyeuse», tranche Simone. Peu encline à l’épicurisme, Mlle Ehivet ne succomba pas, sur le campus d’Abidjan, à la gouaille d’un turbulent prof d’histoire-géo. Mais au talent de l’ «animal politique», qui aimait mieux tirer des tracts que faire la bringue. Le pouvoir comme une ascèse. Telle est l’alchimie qui alliera, pour le meilleur et pour le pire, Simone, alias «Adèle», et Laurent, dit «Petit Frère». Elle, énigmatique, froide et secrète. Lui, expansif, retors et rigolard. «La Côte d’Ivoire a deux présidents, grince un ancien de la bande. Un officiel, une officieuse. Si elle peut un jour l’évincer et monter sur le trône, Simone n’hésitera pas.»

Même la presse abidjanaise s’en alarme: dans un éditorial audacieux, le quotidien Le Jour se demande si «Tatie Simone» ne cherche pas à «perdre Laurent». On n’en est pas là. Le jour de la prestation de serment, Messaline, rencognée dans son fauteuil de velours, pleurera des larmes de joie. Et l’élu trinquera à la santé de «celle qui a fait 60% du boulot». Invitée à citer ses modèles, la «présidente» invoque la Sud-Africaine Winnie Mandela – inquiétant parrainage – Danielle Mitterrand ou Hillary Clinton. Mais aucune de ses homologues d’Afrique de l’Ouest. Car elle n’a que dédain pour les «potiches» réduites à écumer les crèches et les orphelinats. Ostracisme peu apprécié: c’est en vain que la maîtresse femme, marquée par les douleurs de l’enfantement au point d’en faire une métaphore récurrente, a brigué la présidence d’une alliance de premières dames engagées sur le front du sida. «C’est dans nos hurlements de douleur, arguë-t-elle, que nous mettons au monde la vie.» Grosse de trop de haine, la Côte d’Ivoire aurait besoin d’une autre sage-femme.

Propos inédits

En juillet 2001, en marge du 3e Congrès extraordinaire du FPI, Simone Gbagbo s’était confiée à Axel Gyldén, envoyé spécial de L’Express à Abidjan. Morceaux choisis d’un entretien inédit à ce jour.

Sur les femmes en politique. «Elles plaident plus facilement que les hommes pour la paix. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas de guerrières parmi nous. S’il faut se battre, je me bats.»

Sur son rôle à la présidence.
«Il est vrai que je possède un cabinet. Il faut se souvenir que j’avais une activité politique par le passé. J’étais déjà une grande militante, voilà vingt ans. J’ai été la première secrétaire générale du FPI dans la clandestinité. Au côté des hommes, j’ai mené des combats très durs contre le régime en place. J’ai fait six mois de prison. J’ai été battue, molestée, presque laissée pour morte. Après toutes ces épreuves, il est normal qu’on ne badine pas avec moi. Ma position actuelle, je la dois à ma trajectoire, pas au poste de mon mari. C’est ce qui me distingue de Viviane Wade, la femme du président sénégalais, parvenue sur le devant de la scène grâce à son mari. Moi, je ne veux pas créer une fondation comme le font mes homologues. Les ONG sont là pour ça.»

Sur son ascendant supposé sur Laurent Gbagbo.
«On me prête beaucoup d’influence. Je laisse dire. Mon mari a une très forte personnalité. Moi aussi, ce qui me donne un certain poids. Il m’écoute, c’est normal. Sans pour autant que j’intervienne dans la formation du gouvernement. Tous les ministres ont du respect pour moi. Et on me situe souvent au-dessus d’eux. J’ai la trempe d’un ministre.»

Sur le pouvoir.
«Je n’en ai pas autant qu’on le prétend. Pour autant, mieux vaut faire envie que pitié. J’aime écouter, mais je n’aime pas qu’on prenne les décisions à ma place. J’ai de l’estime pour Hillary Clinton. Je respecte les femmes de président qui osent exprimer leur point de vue. Je ne vois pas pourquoi les premières dames seraient les dernières.»

Auteur

Bienfaitrice de façade?

Fervente chrétienne, féministe pugnace, avocate de la monogamie et des quotas électoraux, Simone Gbagbo s’est emparée d’une noble cause: la guerre contre le sida. Elle profite ainsi d’un concours de beauté pour distribuer des préservatifs, adjure les hôteliers de faire de même et convainc les patrons ivoiriens de soutenir leurs employés infectés. Mais cette médaille a son revers. Car la première dame a confisqué la croisade contre le VIH. «Elle étouffe les ONG locales, kidnappe les experts étrangers en visite et rafle les moyens», peste une activiste amère. A l’en croire, les deux tiers des 32 millions de francs CFA (près de 50 000 euros) collectés l’an dernier à la faveur d’un Téléthon ont atterri dans les caisses de la cellule spéciale créée au sein de la présidence, au risque de financer voyages et missions. Quant au ministère délégué voué à ce combat, il n’aurait hérité que du solde. Un collectif d’associations de terrain attend toujours le rendez-vous demandé voilà des mois. «Pour elle, c’est un tremplin politique, un instrument de pouvoir parmi d’autres.»

Auteur

Simone.com

C’est ce qu’on appelle un site présidentiel. La page d’accueil de simonegbagbo.org vaut à elle seule une visite. Sur fond de plage de sable blond, léchée par des vagues indolentes, voici sous son meilleur profil le visage de la première dame, regard lointain et intrépide. Une colombe volette sur l’écran tandis que défile un texte à la gloire d’ «une Côte d’Ivoire prospère, une et forte, bâtie sur le socle de l’Eternel». Accessible en français comme en anglais, le site décrit par le menu les activités de Simone. Discours aux femmes musulmanes, aux soldats, aux déplacés, appel à la vaccination antipolio, soutien aux séropositifs, rien ne manque. L’internaute apprend ainsi que l’illustre épouse fut élevée en juillet dernier, et «à titre exceptionnel», au grade de grand officier dans l’ordre du Mérite centrafricain, ou que l’ambassade de Chine lui a fait don de douze broyeuses. Il peut aussi participer au sondage du jour. «Pour ou contre le recours au référendum en cas de révision de la Constitution?» vient de céder la place à «Pour ou contre le discours d’apaisement du président Gbagbo?» On découvre, enfin, cette page consacrée aux engagements de Madame et intitulée – troublant lapsus – «Lutte contre la démocratie».

Auteur

Texte ecrit par Vincent Hugueux et publié  dans lexpress.fr  le 20/02/2003 – mis à jour le 18/02/2003

Xalimasn.com

3 Commentaires

  1. Une icone,une digne fille d’Afrique. Demain il fera jour et elle sera au pantheon tout comme Sankara,Lumumba,Nkrumah. Samory Toure le grand resistant Africain verrait en elle l/incarnation de l’hymne du Wassolou…Il existera toujours sur le sol africain des hommes et des femmes qui diront NON tout comme elle et son mari.

  2. Des dames de la Trempe de Madame Gbagbo ne courent pas les
    Rues en Afrique.
    C’est plutot la Dépigmentation de la peau pour ressembler le plus à
    la femme Blanche– c’est surtout cela la femme africaine actuelle……
    Ce Specimen de femmes Déboussolées se rencontre en grand
    nombre au Senegal , de la femme Ministre à la menagère de plus en plus !

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