Grand Dieu que les peuples sont versatiles !
Les Sénégalais cultivent l’intrigue avec un art qui frise le paradoxe. Ils sont aussi prompts à punir qu’à pardonner. Neuf mois après avoir porté leur choix sur Macky Sall à la magistrature suprême, ils commencent à le brocarder, à le critiquer mezza vocce et à montrer ouvertement leur déception et leur impatience. Les électeurs et, au-delà, les peuples adorent détester ce qu’ils ont aimé.
En réalité, nous sommes un peuple pressé, grincheux et complexe. D’un chef d’Etat en fonction, les Sénégalais oublient ce qui va bien et ne retiennent que ce qui va mal. Le candidat Macky Sall leur promet 100 000 emplois par an, qu’à peine le Président de la République en obtiendra 10 000 par an. En vérité, le rôle d’un Etat n’est pas de trouver un emploi, mais de créer, pour le privé, des conditions absolument optimales et favorables. Le candidat Macky Sall promet aussi une couverture maladie universelle (Cmu) là où le Président de la République arrivera difficilement à faire soigner les personnes du grand âge. Le candidat Macky Sall promet également une p’tite bourse familiale que le père de famille flambera en un soir les billes du Président de la République. Le candidat Macky Sall promet enfin la baisse des produits de grande consommation. Le Président de la République ne fixera le prix du riz importé, encore moins celui du pétrole ou du fuel. Ce n’est pas de son pouvoir. Sinon il leur donnerait des pourboires… En toute franchise, si leur quotidien ne s’améliore pas divinement dans quelques mois, l’immobilisme triomphera et le Chef de l’Etat deviendra scandaleusement impopulaire.
Depuis le 25 mars 2012, le Sénégal est tombé de Charybde en Scylla puisque la rupture, tant vantée, prend hélas, des allures de la continuité. Tout change pour que rien ne bouge. Ils ont seulement changé de président. Mais pas encore le quotidien des Sénégalais.
Lesenegalais.net
Nous sommes dans un pays pauvre, les concepts économiques à rentabilité aléatoire et à durée plus ou moins longue n’agréent pas les masses laborieuses qui n’ont que comme horizon l’assurance du prochain repas, pour eux et pour leurs familles!
Un président cynique qui voudrait faire tranquillement ses deux mandats à la tête de notre Sénégal DIOP, pas N’diaye, répertorierait 500.000 adultes pères ou mères de familles sur l’ensemble du territoire national et particulièrement en milieu rural et leur délivrerait une carte de ravitaillement mensuel de nourriture comprenant 25 kg de riz, deux kilos de sucre, deux paquets de lait en poudre de 250g chaque, deux litre d’huile « Ninal ».
Dans ces conditions, non seulement mes parents n’diayènnes, seraient très satisfaits, mais encore beaucoup d’autres. A coup sûr, ces cinq cent mille adultes, en bons électeurs, défendraient becs et ongles ce Président aussi généreux. Le Président de la République n’est pas allé assez loin dans son projet d’octroi de moyens à quelques familles démunies de notre population, et je mets cela sur le compte des conseillers sans imagination qui l’entourent, alors qu’il se donne tant de mal pour la satisfaction des besoins d’un grand nombre de nos concitoyens!