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POUR ET CONTRE WADE PERE ET FILS Les quatre fronts du Pds Par Madior Fall

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Quasiment marginalisé au profit d’un ensemble disparate et difforme dit la mouvance présidentielle aux appellations changeantes au gré des humeurs : « Alliance Sopi pour toujours » (Ast) ou « Front pour l’alternance 2012 » (Fal 2012), le Parti démocratique sénégalais (Pds) semble vouloir se rebiffer ces derniers temps. De sources généralement bien informées, sa frange dite « Pds de lait » a décidé de sortir du bois. Le Parti du président n’en est pas moins confronté à au moins quatre fronts d’égale intensité. Il devra en effet batailler ferme contre ses querelles intestines, contre son père fondateur, Me Wade, contre sa cinquième colonne (les transhumants) et alliés, et contre l’opposition qui veut le bouter hors du pouvoir dès le 26 février prochain.

Le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, Directeur de campagne du candidat Wade a prêché la bonne parole à Bakel pendant le week-end. Son frère de parti, Pape Diop, président du Sénat était en meeting pendant ce temps dans son fief à Dakar. Le président-candidat, Abdoulaye Wade s’est rendu lui, au Fouta, notamment dans le département de Podor. La majorité présidentielle déroule et bat campagne. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Il y est tabou désormais le débat sur la validité et/ou l’invalidité de la candidature de son porte-drapeau. La question est vidée et définitivement vidée. Il n’y a ni plan A, ni plan B encore moins C. Wade est candidat et « va rempiler » clame-t-on comme dans un exercice d’exorcisme. Même en ordre disparate voulue ?, on est en campagne électorale avant la date. Pendant qu’en face, c’est Byzance. Benno Siggil Senegaal semble plus proche du « tassaroo » (dispersion). La rencontre de ce cadre de l’opposition de demain mardi serait plus pour la ristourne des maigres écots, laborieusement rassemblés depuis les Assises nationales, aux cotisants, confient certains militants dépités, parce que l’Alliance des forces du progrès (Afp) de Moustapha Niasse et le Parti socialiste (Ps) de Ousmane Tanor Dieng, ramant à contre courant, ont décidé de s’arcbouter sur leur position respective d’être forcément le candidat de Benno ou rien.

Wade contre le Pds

Cependant, si le candidat « incontesté » de la mouvance présidentielle, Me Wade a engagé lui la bataille, déroule sa feuille de route électorale, développe sa stratégie avec méthode et application pour inverser certainement les tendances globalement défavorables des sondages et rafler encore une fois la mise, en dépit de la polémique soulevée par sa candidature jugée anticonstitutionnelle, son parti, le Parti démocratique sénégalais (Pds) est à la remorque. Quasiment marginalisé, voire voué à une belle mort par son Secrétaire général national et non moins père fondateur au sortir de la présidentielle de 2007 et des élections législatives de la même année, boycottée par l’opposition dite significative, indexé sur la déroute des locales de 2009, le Pds est à la traîne au sein d’une majorité dont il est pourtant la locomotive.

Djibo Kâ, Secrétaire général de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), Délégué général des Fal 2012. Un doublon du directeur de campagne « virtuel, Wade étant le réel directeur de sa campagne », confient plusieurs libéraux sous le sceau de l’anonymat certes, Souleymane Ndéné Ndiaye ? Pour ces libéraux qui répondent par l’affirmative sans hésitation, « c’est une manière d’ôter au parti demain tout le mérite d’une victoire, tout en l’obligeant à s’échiner pour garder encore ses privilèges ». Pour d’autres, « le président Wade a un agenda propre qui n’intègre plus la représentation la plus en vue de son camp actuellement. N’a-t-il pas dit qu’il donnerait le pouvoir aux jeunes ? Qui sont ces jeunes sinon la bande de potes autour de son fils. Déjà, on sait qu’une équipe dont la liste est concoctée pour l’essentiel et estampillée Génération du concret est prête à prendre le gouvernement au sortir du 26 février prochain ». Pour les tenants de cette thèse, « Wade a au moins le mérite de ne pas cacher son jeu ». Informations alarmistes qui traduisent des appréhensions existentielles devant la montée de la jeune pousse libérale? Peut-être, mais révélatrices des états d’âmes qui traversent actuellement le Pds dit authentique.

Le Pds contre le Pds

Celui-ci se serait même rebiffé ces derniers temps au point d’amener le « frère Secrétaire général national » à reconsidérer certaines de ses positions. C’est ainsi que la tenue du congrès d’investiture du 22 décembre prochain, est totalement confiée à Pape Diop, « entièrement et totalement responsabilisé », a rapporté la presse, faisant l’économie du dernier comité directeur libéral. Un choix dicté par la raison après le rassemblement monstre du 23 octobre dernier sur la Voie de dégagement nord (Vdn) qui avait porté son sceau? Imposé plutôt par les rapports de force interne ? Toujours est-il que le Président du Sénat aphone quasiment depuis la débâcle de mars 2009 qui l’avait vu perdre la mairie de Dakar au profit de Benno de Khalifa Sall, a retrouvé la voix et le sourire ? Soutenus par une frange de Pds dit de lait qui s’est même radicalisée, il a repris du poil de la bête et est redevenu fréquentable au palais. Il n’empêche que les batailles fratricides de positionnement continuent à faire rage dans les rangs libéraux. Est-ce la raison pour laquelle en meeting samedi dernier à Ouakam, sous la houlette de son frère Momar Guèye, il a appelé tous les responsables libéraux de la capitale à taire leurs divergences… ? Sa (re)descente sur le terrain obéirait cependant, révèlent plusieurs sources libérales, à la décision « concertée » des « Pds de lait » de sortir de bois. Ces derniers, comptent ne plus se laisser marginaliser par leur Secrétaire général national qui s’appuie sur ses transhumants, ses alliés et la Génération du concret de son fils pour contourner son parti. Dès lors, la petite phrase de Pape Diop samedi à Ouakam prend un autre relief : « Unis, personne ne peut rien contre nous. Le Pds est un parti fort… » Même s’il s’est dépêché d’ajouter, pour faire bonne mesure : « Nous sommes majoritaires, mais les querelles notées entre les différents responsables font espérer à l’opposition une victoire en 2012 », la déclaration est de consommation interne indubitablement.

Le bâillon des transhumants-alliés-génération du concret

Le troisième front du Pds aligne transhumants, anciennement militants du Parti socialiste (Ps) pour l’essentiel qui, avec les alliés de la quarantaine de formations politiques au sein de la mouvance présidentielle et les membres de la génération du concret qui se sont fait plus discrets depuis la défaite aux élections locales de leur mentor constituent la cinquième colonne et bâillonnent le parti. Pour les libéraux dits authentiques, « le parti subit le dictat aussi bien des transhumants qui rebrousseront chemin aussi vite qu’ils sont arrivés après 2000 si nous perdons en 2012. Qu’il ploie sous les coups de boutoirs des alliés d’aujourd’hui. Tous ont tiré plus du pouvoir qu’ils n’en ont apporté. Ils font le jeu du Secrétaire général national qui les utilise pour son agenda propre au bénéfice de son fils. Ce qui explique pourquoi, Idrissa Seck, Macky Sall ensuite, Aminata Tall et tant d’autres frères ont été poussés à la porte avec leur bienveillant concours ». Eux qui sont restés au Pds, n’entendent plus être les agneaux de sacrifice et le font savoir. Ils entendent mener la lutte à l’interne « pour reprendre leurs prérogatives de militants de la première heure et de toujours ». Contre le père et le fils ? Question ouverte.

Mais Pape Diop et ses « authentiques » frères auront aussi fort à faire avec une opposition qui, malgré ses tergiversations sur la question de la candidature à la candidature unique ou de l’unité, a comme dénominateur commun : « empêcher Wade de se représenter et bouter le Pds hors du pouvoir ». Cette opposition compte en son sein, d’anciennes fortes têtes du régime qui ont noms Idrissa Seck, le maire libéral de Thiès, Macky Sall, celui de Fatick et Aminata Tall l’ancienne égérie du Pds. On peut également inscrire sur ce registre des néo-opposants libéraux et néolibéraux, Cheikh Tidiane Gadio, l’ancien inamovible plénipotentiaire de Wade, aujourd’hui farouche opposant. Une situation qui ressemble beaucoup pour le Ps alors au pouvoir, à celle de 1996-2000 avec les départs successifs de ses rangs de Djibo Kâ et ses camarades du Renouveau, de Moustapha Niasse et ses amis. Abdou Diouf mordit la poussière en 2000. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets ?

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