Le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) qui a réussi mercredi une grande mobilisation dans les rues de Dakar va « maintenir la pression » pour rester dans une dynamique de reconquête du pouvoir, ont confié plusieurs responsables libéraux.
Pour ces dirigeants de l’ancienne formation au pouvoir, la première marche organisée depuis la perte du pouvoir en mars 2012 est ‘’la clef pour amorcer un retour aux affaires’’.
A la faveur de cette manifestation organisée à Dakar pour, en particulier, protester contre le placement sous mandat de dépôt de l’ancien ministre Karim Wade, la Place de l’Obélisque a renoué avec les grandes mobilisations.
Dès les premières heures de l’après-midi de mardi, des jeunes, des femmes et des personnes âgées ont investi les lieux.Par petits groupes, des militants de l’ancienne formation au pouvoir ont débarqué sur le site.
Arborant des tee-shirts à l’effigie du parti libéral et tenant des pancartes portant des messages hostiles au nouveau régime, les manifestants scandent des slogans.
Ça et là fusaient ‘’Libérez Karim’’, ‘’Non à la chasse aux sorcières’’, ‘’Non à la justice des vainqueurs’’. Au milieu de cette foule, des photos de le leur leader, l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, sont omniprésentes.
‘’C’est vraiment une surprise pour moi. Je ne pensais pas que la manifestation aurait une telle ampleur’’, lance un manifestant avant de se perdre dans la masse.
Le matériel de sonorisation, juché sur un véhicule, diffuse des tubes de campagne des Forces alliées 2012 (FAL 2012), la coalition qui avait soutenu la candidature du président Wade.
Les manifestants ont passé quelques moments à la Place de l’Obélisque. Ce lieu était le point de ralliement de l’ancienne opposition au président Wade, symbolisant le point de départ de sa chute, il y a un an. Vaincus, ses partisans ont retourné l' »arme » contre l’actuel régime.
Après Colobane, les marcheurs arpentent l’avenue du Général De Gaulle. Large de quelques centaines de mètres, une foule compacte et ceinturée par un impressionnant dispositif sécuritaire s’ébranle.
‘’En 2012, il y avait des manifestations ici. Mais ces manifestations étaient empreintes de violences et ont entraîné parfois des morts d’hommes. Ce ne sera pas le cas pour nous. Nous allons manifester sans débordements’’, assure Momar Sarr, un jeune marchand.
Arrivés au rond-point de la Poste de la Médina, les leaders prennent tour à tour le micro pour apprécier ce qu’ils considèrent comme une démonstration de force.
‘’Le PDS reste la première force politique du pays. Cela vient confirmer les résultats des dernières législatives où le PDS à lui seul est arrivé deuxième, devant une coalition de plusieurs dizaines de partis’’, a affirmé Serigne Mbacké Ndiaye, ancien porte-parole du président Abdoulaye Wade.
Babacar Gaye, porte-parole du PDS, abonde dans le même sens. ‘’C’est la première manifestation de masse depuis la perte de pouvoir. Cette mobilisation dépasse complètement mes prévisions. Nous restons une force politique dans ce pays’’, exulte-t-il.
Ce sont surtout l’arrestation de l’ancien ministre Karim Wade et le débat sur la traque des biens mal acquis qui ont occupé les temps de parole des libéraux.
‘’Sur cette question, nos avocats ont prouvé que l’affaire est politique. C’est à nous d’apporter la réponse politique, et cette marche est une bonne réplique. Nous pouvons tout reconquérir dans ce pays’’, lance Doudou Wade, ancien président du Groupe libéral à l’Assemblée nationale.
Selon l’ancien ministre de l’Intérieur, l’avocat Ousmane Ngom, ‘’la marche a drainé des centaines de milliers de personnes’’. Arborant une chemise kaki, une casquette vissée sur la tête, Me Ngom n’a pas hésité à s’emparer du micro pour haranguer une foule enthousiaste et excitée.
Prenant date, il déclare : ‘’Nous allons continuer la mobilisation pour libérer les otages politiques, ensuite nous allons reprendre toutes les collectivités locales en 2014, avant de faire cap sur la présidentielle de 2017 pour opérer un retour au Palais’’.