Il aura fallu 6 heures pour aboutir, hier, à un accord entre le ministre de l’Intérieur et Bennoo Siggil Senegaal (Bss), les partis non-alignés et la société civile sur la révision exceptionnelle des listes électorales. Pomme de discorde entre ces différentes parties : la date de démarrage de la révision exceptionnelle des listes électorales, qui devaient débuter le 1e décembre 2010. Cette révision a été suspendue jusqu’au 3 janvier 2011. L’annonce a été faite, hier, par le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), Doudou Ndir, par ailleurs, président du Comité de pilotage (Cp). Cela évitera de procéder simultanément à l’audit du fichier et à la révision des listes électorales. Entouré du ministre de l’Intérieur, des ambassadeurs des Etats-Unis, d’Allemagne, et de l’Union européenne, M. Ndir livre les «conclusions» : «Nous nous somme réunis pour analyser les conditions au mieux de reprendre la révision exceptionnelle des listes électorales. (…) Le ministre de l’Intérieur a fait des concessions vis-à-vis des partis de Bennoo Siggil Senegaal, des indépendants, de la société civile, de l’Ast.» Pour matérialiser ces accords, le président de la Cena a annoncé la mise en place d’un comité ad hoc aujourd’hui. Cette structure se chargera de mettre en place un comité de veille dont l’objectif est de «voir comment les opérations seront conduites en même temps que l’audit du fichier électoral».
Ousmane Badiane, président du Comité électoral de Bss, qui se réjouit de la décision, corrobore : «Le problème, c’était la révision des élections électorales, alors que le fichier était en cours. Maintenant, nous avons obtenu satisfaction, puisque la révision va démarrer après les audits.» Cela permettra, selon le responsable de la Ligue démocratique (Ld), «d’avoir les conclusions, de prendre connaissance des recommandations, des suggestions, des propositions d’amélioration».
Loin de ce discours jubilatoire, le Dr El Hadji Hamidou Diallo, leader du Bloc pour le renforcement de la démocratie au Sénégal (Brds), et Ibrahima Ndiaye, porte-parole des non-alignés, eux, ont préféré bouder la rencontre pour fustiger la «cacophonie» notée durant la rencontre du comité de pilotage. M. Ndiaye, explique : «On a vu un manque de responsabilité notoire des uns et des autres par rapport à cette question fondamentale. Ce qui nous a poussés à quitter la salle.» Il estime qu’il n’y a pas accord sur les «termes de références qui devaient être respectés par le ministre de l’Intérieur comme par les parties prenantes afin d’avoir les informations nécessaires par rapport à l’audit du fichier.» Sur ce, M. Ndiaye déclare : «Il ne faut pas espérer, à travers ces négociations, qu’un fichier fiable soit servi au peuple sénégalais.»
Lancé le 24 novembre 2010, le comité de pilotage a été confronté à un blocage du fait de la décision des partis de l’opposition, des non-alignés et de la société civile de suspendre leur participation aux travaux. Ils ont voulu dénoncer la «décision unilatérale» prise par le ministre de l’Intérieur de fixer la date du démarrage de l’audit du fichier, le 1e décembre 2010.
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