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«Pourquoi mon immunité doit être levée sans débat»

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C’est aujourd’hui que l’Assemblée nationale va se pencher sur la demande de levée de l’immunité parlementaire de Barthélemy Dias, introduite par le Parquet, dans le cadre de l’affaire de la fusillade à la mairie de Mermoz-Sacré-coeur. Dans cet entretien, qu’il nous a accordé, hier, à la suite de sa tournée dans les « daraas » de sa commune, le responsable socialiste a affiché une grande confiance quant à l’issue de cette affaire.

L’Assemblée nationale est convoquée demain (ndlr : aujourd’hui) en séance plénière pour examiner la demande de levée de votre immunité parlementaire formulée par le Parquet. Quel est votre état d’esprit ?
Je suis lucide et serein. J’ai déjà demandé, il y a plus de deux ans de cela, à l’Assemblée nationale, de lever mon immunité parlementaire. Et j’insiste là-dessus sans aucun débat. Parce que je considère que cette immunité parlementaire doit être levée pour plusieurs raisons. D’abord, parce que j’appartiens à une génération qui est appelée, demain, à diriger ce pays, et je suis convaincu que j’ai un rôle majeur à jouer. Je pense aussi que cette immunité
parlementaire doit être levée pour que certains dirigeants de ce pays comprennent définitivement que la justice est un pouvoir qui doit être respecté. Une institution qui doit être
honorée, mais non une coordination, une section ou une fédération d’un quelconque parti politique que ce soit. Je considère aussi que mon immunité parlementaire doit être levée, parce qu’il est temps que le droit soit dit dans ce qui est communément appelé l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré-coeur.

Êtes-vous confiant quant à l’issue de ce procès que votre avocate, Me Aïssata Tall Sall, qualifie d’affaire purement politique ?
Je rappelle que je suis la victime et la personne agressée. Je ne peux pas accepter d’être mis au banc des accusés que pour des raisons qui relèvent d’un complot politique qui ne dit pas son nom. C’est une affaire purement politique. Mais, une fois que le droit sera dit – et j’ai l’intime conviction que le droit sera dit – cela va honorer la justice sénégalaise, cela va honorer la démocratie sénégalaise. Et cela pourra me permettre de pouvoir maintenant définitivement me mettre au service de mon pays. Je sortirai vainqueur, «Inchallah», de ce procès, si le droit est dit. Et le droit sera dit.

Vous avez récemment fait des tournées dans quelques localités du pays, notamment dans la région de Kaolack. Qu’est-ce qui sous-tend une telle initiative ?
Ce sont des tournées qui vont continuer. Et dans les semaines à venir, nous allons visiter aussi la région de Diourbel, ainsi que la région de Louga. Et l’objectif, aujourd’hui, c’est de préparer les troupes socialistes à aller aux élections législatives en Coalition. Mais, le plus important pour nous, c’est de pouvoir travailler dans le cadre d’une Coalition qui pourra redorer l’image de la représentation nationale. Nous avons besoin, aujourd’hui, de travailler pour pouvoir avoir une Assemblée nationale qui représente dignement le peuple et non des intérêts politiques, pour ne pas dire des intérêts coalisés. Et à ce titre, je pense que les choses prennent forme. Nous pensons qu’aujourd’hui, nous devons travailler à mettre en place une liste avec toutes les forces vives de la nation, que ce soient des forces politiques, syndicales, des forces de la société civile. Pour qu’ensemble, main, dans la main, avec des hommes et des femmes, nous puissions renverser la tendance au niveau de l’Assemblée nationale. Et pouvoir faire en sorte que l’Assemblée nationale puisse jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir et de contrôle de l’Exécutif.

Mais, votre formation, le Parti socialiste, a déjà donné son onction pour aller aux élections législatives dans le cadre de la Coalition « Benno bokk yaakaar’…
Le Parti socialiste n’a pas donné son onction. Parce que la structure habilitée à donner son onction, en l’occurrence le Comité central, ne s’est pas prononcé. Ce qui a été fait au niveau de la direction du Parti socialiste relève encore d’une stratégie d’escroquerie de la conscience militante, mais surtout aussi de la conscience populaire. Et cela, nous allons le démontrer au tribunal. Et je reste convaincu que, sur la base du dossier que nous sommes en train d’élaborer, le tribunal nous donnera raison et cassera toutes ces décisions illégales qui ont été prises par une minorité au sein du Parti socialiste.

Sous quelle bannière comptez-vous participer à ces joutes électorales prévues l’année prochaine ?
Nous sommes en pourparlers avec le responsable moral de la Coalition «Manko wattu Senegaal», le président Malick Gakou. Et je crois que nous émettons tous sur la même longueur d’onde. Et dans cette Coalition, aujourd’hui, il n’est pas question pour nous de parler d’idéologie socialiste, libérale ou centriste. Je rappelle, aujourd’hui, que le Président Macky Sall, qui est un libéral, travaille avec des socialistes, travaille avec des centristes. Et je ne vois pas pourquoi, nous n’avons pas, nous, le droit de travailler avec des Sénégalais. Je rappelle que, quelles que soient les forces avec lesquelles nous allons nous associer, nous allons nous associer avec des Sénégalais pour l’intérêt supérieur du Sénégal. Donc, c’est de ça qu’il s’agit. Maintenant, je voudrais aussi, à ce titre, rappeler que, quand le Parti socialiste a été battu en 2000, deux ans plus tard, il s’est retrouvé dans l’opposition avec ceux qui l’ont battu. En l’occurrence, l’Afp de Niasse, le Pit de Dansokho, la Ld d’Abdoulaye Bathily. Et pourtant, le Ps aurait pu, à l’époque, refuser de travailler avec des gens, pour des raisons idéologiques, ou même pour des raisons politiques. Je pense que ce qui est le plus important, c’est le Sénégal, c’est ce qui nous unit. Et aujourd’hui, le Président Macky Sall n’est pas un ennemi, c’est un adversaire politique. Il est devenu un adversaire politique, seulement parce que ce que nous avions considéré comme étant un espoir lors de la dernière alternance de 2012, nous considérons que cet espoir, dans son esprit, dans sa forme et dans le fond, cet espoir a été trahi.

Quel est le sens de la tournée que vous avez faite au niveau des « daaras » de la commune de Mermoz-Sacré-coeur ?
Cette tournée vise deux objectifs. Le premier objectif, c’est de distribuer, dans le cadre d’une prise de contact, du lait et certains produits aux « daaras », pour améliorer les conditions de vie et d’étude des enfants dans ces « daaras ». Et la deuxième chose qui est visée comme objectif, c’est que nous sommes en plein dans les préparatifs du budget 2017. Nous sommes en train de voir comment prendre en compte l’expression des besoins des « daaras » modernes. Et je rappelle que nous sommes une commune de plein exercice, et qu’à ce titre, nous avons une responsabilité étatique et administrative envers ces « daaras » qui ont un statut particulier qui leur est donné par la loi, à travers un vote à l’Assemblée nationale.
Je rappelle aussi que le ministère de l’Éducation nationale a érigé ces « daaras », aujourd’hui, avec un statut particulier. Et je pense, aujourd’hui, qu’il y va de notre responsabilité d’accompagner, de soutenir et de financer ces « daaras ». Parce que la place des enfants n’est pas dans la rue, mais plutôt dans les écoles. Je pense qu’aussi bien en Europe, qu’en Amérique, les gens, les dirigeants, sont fiers d’enseigner ou de faire enseigner le catéchisme dans ces écoles. Nous devons aussi être fiers d’enseigner ou de faire enseigner le Coran dans ces « daaras » modernes. Et je pense, aujourd’hui, à l’heure où le monde traverse des moments d’incertitudes, aujourd’hui, aux Etats-Unis, Donald Trump vient d’être élu président de la République, un homme très controversé, un homme que certains présentent comme n’étant pas un ami de l’islam, moi, en tant que catholique, appartenant à une minorité dans un pays à écrasante majorité musulmane, je suis très bien placé pour dire que l’islam est une religion d’ouverture, de paix, une religion de tolérance.

Et à ce titre, nous ne devons pas nous limiter qu’à des slogans. Que prônez-vous alors ?
Mais, nous devons contribuer à ce que l’islam puisse rayonner à travers le monde. Et qu’il soit entendu et retenu par tout le monde que l’islam, définitivement, est une religion de paix et de tolérance. Et ces enfants, qui fréquentent ces « daaras » modernes, sont appelés à être les leaders de demain, de ce pays et de ce monde. Et nous avons donc, aujourd’hui, posé un premier pas, en espérant, bien sûr, que les années à venir, la commune de Mermoz-Sacré-coeur posera des actes, aussi bien à l’endroit des lieux de culte, que des écoles élémentaires publiques. Mais des « daaras » aussi. Pour que tout le monde sache que, dans le cadre des compétences transférées, que la commune de Mermoz-Sacré-coeur jouera pleinement son rôle. Et surtout aussi pour rappeler à l’endroit de l’État central que sa volonté de faire sortir les enfants des rues ne peut aucunement aboutir, si cette volonté ne passe par la décentralisation. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles, aujourd’hui, nous avons, donc, ciblé les « daaras », en distribuant des nattes, du lait, du savon, et d’autres choses, qui aillent dans le sens d’améliorer les conditions d’étude, de travail et de vie dans ces « daaras ».

Interview réalisée par Le Populaire

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