Le dialogue a démarré pour 15 jours, la veille d’un verdict coïncidant également avec le délai pour l’un des condamnés de faire appel, Ousmane Sonko ne pouvant pas puisqu’il est en état de contumace.
S’il n’y a pas d’appel, le Président de la république pourrait faire usage de la grâce présidentielle sans faire arrêter Ousmane Sonko qui ne pourra pas la refuser, arrestation qui serait synonyme de reprise de procès.
Karim Wade, Khalifa Sall et Ousmane Sonko seraient ainsi tous des graciés inéligibles sur le plan juridique. C’était certainement l’objectif. Macky Sall lui est inéligible sur le plan moral, éthique, et juridique en principe mais voudrait s’en remettre à la décision du Conseil Constitutionnel qu’il connaît.
De ce fait, l’inscription de la question du troisième mandat aux côtés des questions d’éligibilité (y compris le parrainage) dans le dialogue est un piège.
Il suffit d’enlever la nécessité d’être électeur que Macky Sall avait introduit unilatéralement dans le code électoral pour que les exclus pour condamnation puissent être candidats. Ces derniers en républicains ne pourront également pas refuser de confirmer les prérogatives du Conseil Constitutionnel en matière de candidature à la présidentielle.
Les participants au dialogue politique ont donc un conflit d’intérêt évident. S’ils sortent du dialogue sans accepter de réaffirmer l’arbitrage du conseil constitutionnel sur toutes les candidatures, ils pourraient tous ne pas pouvoir être candidats.
Tel est le chantage du dialogue qui n’avait pas lieu d’être avant la présidentielle qui devait se passer comme celle de 2019 avec les règles en vigueur, suivie d’un dialogue pour dégager un consensus sur les politiques publiques et définir l’opposition ou les oppositions à ce consensus.
*Par Abdourahmane Sarr