Le professeur Amsatou Sidibé est «fière d’avoir promu le leadership à travers sa candidature. Nommée ministre conseiller du président de la République, elle a laissé entendre que cette collaboration ne lui empêchera pas de «dire la vérité, rien que la vérité» à Macky Sall.
Après votre participation malheureuse à la dernière présidentielle, vous êtes maintenant ministre conseiller. En êtes-vous fière ?
Je commencerai par dire que ma participation à la dernière élection présidentielle, a été loin d’être malheureuse.
Pourquoi ?
Simplement parce que le leadership féminin doit s’affirmer. Nous sommes dans un espace démocratique. On ne peut plus admettre que dans le champ politique et pour des élections aussi importantes que l’élection présidentielle, où il s’agit de choisir celui qui va être à la tête de l’Etat, qu’il n’y ait pas de femme. Donc, pour la première fois, cette porte qui était hermétiquement fermée a été ouverte. Avec ça, on ne peut pas parler de participation malheureuse. C’est vrai que nous n’avions pas eu beaucoup de voix mais plus de cinq mille voix, ce n’est pas rien.
Cela veut dire que vous serez candidate à la prochaine élection ?
Pour le moment, je ne pense pas à ça. Je suis dans la mouvance présidentielle. J’ai accompagné le président Macky Sall qui a été élu. Nous en sommes satisfaites. Il nous a faits confiance en nous demandant de l’accompagner. Je me considère donc comme comptable de l’élection du président. Par devoir et obligation vis-à-vis du peuple sénégalais, je dois soutien, fidélité, et surtout loyauté au président Macky Sall. Je serai loyale avec le président jusqu’au bout. C’est une obligation.
Votre parti ne souffrira-t-il pas de cette loyauté ?
Cela n’a rien à voir. Je suis chef de parti. Mais la coalition Benno Bokk Yaakaar est une somme d’entités. Car/Leneen est membre de Benno Bokk Yaakaar qui a soutenu Macky Sall pour qu’il arrive au Pouvoir.
Vous le soutiendrez les yeux fermés ?
Nous n’y sommes pas par figuration. Nous n’y sommes pas non plus par tricherie. Nous y croyons et nous allons servir loyalement le Sénégal et le président Macky Sall.
Est-ce que votre franc-parler ne va pas souffrir de cette loyauté ? Autrement dit, seriez capable d’opposer à Macky Sall un «non» s’il empruntait une mauvaise pente ?
Vous savez, j’observe la pente aujourd’hui. Elle est montante avec toutes les mesures qui ont été prises pour faire du Sénégal un pays émergent où la bonne gouvernance serait en vigueur. Pour mettre l’homo-senegalensis au cœur des priorités afin de redresser un pays qui sombrait. Donc, nous ne pouvons pas envisager la mauvaise pente. Mais, je suis ministre conseiller ; je conseille le président Macky Sall. Je lui dirai la vérité, rien que la vérité. Et toute la vérité.
Vous êtes conseillère auprès du président de la République ; quel rôle jouez-vous exactement ?
Comme son nom l’indique, on donne des avis, à titre consultatif, au président. Comme vous le savez, je suis juriste et «droit de l’hommiste» ; je suis femme évoluant dans la paix. Je m’occupe beaucoup de protection de l’enfance, je suis dans l’éducation avec Sos-droit à l’éducation… Il y a beaucoup de domaines où je peux apporter ma modeste contribution pour la gouvernance de ce pays. Donc, je suis ouverte à toute sollicitation du président de la République et je suis à sa disposition sur tous les domaines qu’il jugera utile de me confier.
Il est question des audits aujourd’hui. Macky Sall a eu à gérer aussi. Est-ce que sa gestion doit être auditée ?
Je pense qu’il y a des services chargés d’assurer les audits. Ce sont ces services-là qui doivent déterminer la période et les services à auditer. Il faut laisser à ces services le soin de déterminer le comment, le quoi, le quand et le qui. Je suis mal placée pour dire que c’est telle ou telle période, telle ou telle personne qu’il faut prendre en compte.
Son patrimoine a suscité un débat. Trouvez-vous normal qu’il soit le propriétaire de tant de biens entre 2000 et maintenant ?
Qu’est-ce que vous voulez que je réponde ; qu’il en a trop, peu ou trop peu ? Ecoutez, je suis juriste et je ne mets pas les pieds n’importe où. Le président Macky Sall a fait sa déclaration de patrimoine en utilisant les procédures requises par la loi. Et pour cela, je n’ai pas de jugement à faire. Et je m’abstiendrai de le faire en tant que juriste.
Vous vous abstiendrez en raison de votre qualité de juriste ou d’alliée de Macky Sall ?
Vous savez, j’ai toujours été prudente en tant que juriste. Le juriste ne met pas les pieds n’importe où. Tout requiert des preuves. Surtout en matière de déclaration de patrimoine, je n’affligerai personne par rapport à son patrimoine. Les procédures sont faites et ce n’est pas à moi de juger.
On va vers les Législatives. Etes-vous investie ?
Non, je ne suis pas investie et aucun membre de Car/Leneen n’est sur les listes. J’aurais bien voulu que Car/Leen soit dans les listes. Mais la solidarité de groupe nous impose d’aller sur le terrain et de défendre la liste de Benno Bokk Yaakaar. Ce que j’ai commencé à faire. Car les week-ends je suis sur le terrain. Nous sommes en train de mener des activités pour demander à nos membres de soutenir les listes de Benno Bokk Yaakaar. Actuellement, tous les actes que je pose sont faits pour renforcer, vulgariser et rendre populaire la politique de Benno Bokk Yaakaar, et surtout du président Macky Sall.
Jusqu’à quand devra durer cette loyauté ?
En tout cas, j’irai jusqu’au bout, même si le chemin est long.
Pensez-vous que Benno a des chances de survie au-delà des élections ?
Il le faudra. Le peuple le demande et l’exige. Donc nous avons l’obligation de nous serrer les coudes et de nous battre au nom du peuple sénégalais qui croit en cette équipe de Benno Bokk Yaakaar. Car le peuple a soif d’épanouissement.
Apparemment, c’est mal parti parce qu’il y a déjà des voix dissonantes au sein de Benno avec les législatives…
Je pense que c’est normal qu’il y ait de petits conflits dans un groupe. Ce n’est pas l’homogénéité. C’est l’unification dans la diversité. Quand on dit diversité, il y a toujours des points de vue qui peuvent être divergents. Mais j’ai vu que Macky Sall avait répondu que Niasse, en tête de liste, allait être placé à la tête de l’Assemblée nationale.
La Tribune